Les Strokes effectuent leur grand retour, pour un événement c’en est un ! Le combo new-yorkais emmené par Julian Casablancas et Albert Hammond Jr revient avec un sixième LP intitulé The new abnormal. Le précédent, Comedown machine, remonte déjà à 2013. The Strokes avaient tout de même sorti un EP en 2016 qui avait pour titre Future present past.
Ce nouvel effort des New-Yorkais a été produit par Rick Rubin qui a collaboré avec les Red Hot et même Johnny Cash (on lui doit aussi l’album Ball breaker d’AC/DC). Un album court (seulement 9 morceaux), ce qui n’enlève pourtant rien à sa qualité. Ambiance Strokes des débuts et compositions plus matures, plus posées, figurent au programme de cet opus. The new abnormal fédérait une véritable attente et de réelles espérances pour les fans autant que pour les autres.
At the door, le premier single dévoilé, nous a laissés pantois : absence totale de guitares remplacées par des claviers intempestifs. On n’était pas habitué à cela de la part de la bande à Julian qui a cependant rectifié le tir, fort heureusement, avec le virevoltant Bad decisions inspiré, d’après les membres du groupe, par Dancing with myself de Billy Idol. On retrouve avec grand plaisir le son Strokes des débuts, constitué par les gros riffs de guitare, la batterie qui va bien et la voix de Julian Casablancas résonnant à plein régime. Ajoutons à tout ce coctail un rythme entraînant et ces deux mots, « bad decisions » que l’on ne cessera plus jamais de chanter. Quelle bonne décision et non une mauvaise d’avoir sorti ce morceau ! Bad decisions a été suivi du non moins superbe Brooklyn bridge to chorus mis à part, petit bémol, ce synthétiseur redondant en début de morceaux. A quoi ressemblerait The new abnormal suite à la parution de ces trois singles, on était bien en droit de se poser la question. La réponse est donc enfin parvenue. Est-ce l’âge qui avance, les années qui défilent ou encore les difficultés courantes de la vie car Julian Casablancas et ses acolytes nous ont gratifié, de manière surprenante, d’un album qui respire la maturité à plein nez. On s’attendait il est vrai à une galette avec plus de morceaux rentre-dedans mais, pour autant, ne boudons pas notre plaisir. Il faut composer avec l’évolution impulsée par les années et les groupes ont bien le droit de mûrir, de s’assagir.
The new abnormal comporte de merveilleux morceaux, voire quelques ballades, telles que Eternal summer, Selfless ou même Why are Sundays so depressing. N’oublions pas, dans le style pur Strokes, The adults are talking tout en bons riffs de guitare ainsi que les deux compos relaxantes que sont Not the same anymore et Ode to the mets. La verve et la grinta d’antan ont quelque peu disparu, contrairement aux guitares qui sont toujours belles et bien présentes. La voix de Julian, quant à elle, est encore capable de fulgurances et de prouesses remarquables comme sur Bad decisions et Eternal summer, lequel est composé dans un style soul R&B. On entend déjà les détracteurs des Strokes tempêter contre les montées dans les aigus de Julian Casablancas. Accordons-leur volontiers que ça peut sortir par les oreilles mais un progrès, quoique timide, est toutefois à noter de ce côté-là.
Le bilan de The new abnormal, après avoir pesé le pour et le contre, se révèle positif malgré la désagréable surprise causée par At the door et ses claviers stridents. Cet album est posé, varié, tout le monde s’y retrouvera sans mal car il y en a pour tous les styles et pour tous les goûts. S’il vous tardait de découvrir The new abnormal, eh bien c’est enfin le moment !
Note de 7 sur 10.
Jean-Christophe Tannieres