- Das Mörtal (Can)
Retour de l’un des enfants prodige de la scène synthwave actuelle du côté de l’outre-atlantique. Après deux belles escapades européennes en ouverture de la tête d’affiche du genre qu’est Perturbator, le jeune producteur canadien reviens en effet sur notre vieux continent pour promouvoir la sortie récente d’une version deluxe d’Hotline Miami II, son dernier EP et chauffer les t-shirts de coreux présents dans Grande Salle de la Laiterie et ainsi faire monter les actions Narta avant le show de Dance With The Dead.
Das Mörtal arrive tranquillement peu après 20h00 devant une fosse encore clairsemée. La grande salle étant dans son gabarit réduit, des rideaux noirs occultent la vue et l’accès aux gradins. La foule se fera de plus en plus compacte au fil de l’heure et l’on comprendre logiquement le choix de cette salle plutôt que de faire jouer le combo au Club. La petite salle de la Smac et qui aurait clairement fait quelques déçus avec un Sold-Out des plus évident.
C’est derrière une silhouette assez frêle d’adulescent à la mèche épaisse qu’opère violemment dès les premières minutes Das Mortäl, lançant les hostilités à grands coup de mélodies blasphématoires et de kicks titillant les intestins. Derrière l’homme, derrière le son dont les fanzines ne parlent qu’en bien dernièrement, un fond de scène relativement vide envahi par la fumée. Devant lui, sur une table type piquenique métallique pesant sans aucun doute plus lourd que l’homme, un PC de “Gamer” à ses côtés ainsi qu’un large panel de contrôles LCD flashy. Das Mörtal nous rappelle qu’il est lui aussi un simple “mortel” comme nous autres, figure de notre propre temps et amoureux de la technologie. Un hobbyiste joueur comme beaucoup dans l’audience de ce soir et qui s’est aussi bien nourri de la scène berlinoise que des soundtrack 16bits. On a été d’ailleurs étonné de voir l’éclectisme spectrale du mix du canadien. Loin de se contenter d’aligner les “Bangers” Synthwave de son cru, le producteur et amateur de sons laisse envahir l’ensemble de sa culture musicale sur ses platines. La mythologie mortelle laisse planer quelques éléments empruntés à la House, la Deep House mais aussi à d’autres genres musicaux plus intimistes un peu comme un background sonore ouvert avec une montée Björkienne avant un cassage de nuque dans MadMax ou un décrochage dans Matrix, brutal et salvateur.
Amoureux des mondes futuristes mais ne reniant pas les origines synthétiques originelles de la scène actuelle. Un constat que l’on fait systématiquement en venant voir ce genre de show, nombreux sont les amoureux du Métal à se retrouver dans cette musique retro-futuriste et évidemment dans le public. Das Mörtal venant par ailleurs de produire des musiques pour la bande son du prochain Streets Of Rage, 4ème volet du nom, un classique qui renait de ses cendre sur nos consoles dernières Gen’. On ne pourra s’empêcher de penser à travers le set, à l’ambiance du prochain jeux de CDProjket, l’excellent studio derrière The Witcher et qui prépare lentement mais surement, le prochain événement vidéo-ludique de l’année. CyberPunk, dont la bande son léchée fait honneur à ce genre musical en plein boom et a même vu les Suédois de Refused venir poser un titre pour l’occasion. Petite mise en bouche qui ne dépassera pas les 40 minutes, on en aurait pris quelques bouchées supplémentaires à notre grand regret !
- Dance With The Dead (Usa)
A la porte d’entrée en fonte et en plastoc’ des 80’s, se tient droit une crise aussi monétaire que pétrolière et des transitions gouvernementales assez violentes. La conséquence, des mouvements marquants au sein du 7ème art dans le genre horrifique et le paranormal qui émergent au sein d’une culture populaire au sortir de trente glorieuses poussiéreuse à la recherche d’une nouvelle lumière. Le vert nucléaire pétant et inquiétant, illulinant cette décennie de guerre froide est un terreau fertile à l’imagination collective et à une époque prolixe aux sonorités futuristes, dieu synthé en tête mais aussi à une nouvelle forme sonore contestataire chez les guitaristes, allant toujours plus loin dans l’avalanche de riffs et le gain de leurs pédales.
Près de 30 ans plus tard et après une crise économique en 2008, on se retrouve à notre époque. En pleine réflexion sur notre devenir commun, aussi bien écologique qu’économique et avec un retour affectueux sur ses thématiques et sonorités typiques des 80’s. C’est aussi à ce moment là que la vague Synthwave commence à sortir de sa tanière d’initiés pour se dévoiler au grand public et même abondement à la radio avec un certains “NightCall” de Kavinsky puis dans nos supermarchés. En somme, un véritable mouvement musical de morts-vivants ressuscité par la passions de quelques kids nostlagiques mais pas que…
C’est à travers le prisme d’une époque et leur adolescence que s’articule l’histoire des américains de Dance With The Dead. Bien vivant, le duo formé par Tony Kim et Justin Pointer c’est à la base, deux gamins de la banlieue californienne fans de films d’horreur. Invraisemblablement métalleux à leurs heures perdues. Il sera donc tout à fait logique de retrouver le long du set et entre les chansons, quelques intermèdes reprenant des passages de films de genre.
Biberonnés aux films de séries Z entre les Carpenter’s ou les productions loufoques de TROMA comme le souligne les grosses têtes de mort alignées à côté de barils vapotant une fumée verte des plus toxiques d’apparence, Dance With The Dead c’est la bande son parfaite d’une soirée d’Halloween entre potes, le dance-floor jamais loin. Sans rentrer dans le délire minimaliste des disques du Cinéaste culte cité précédemment, ni l’ambiance malsaine et dépressive que provoque certains sons de Reznor ou dans la surenchère de l’horror-core pur et parfois hardcore. La Synth-Wave est ici tantôt dansante tantôt thrash avec les américains, décidément jamais loin de leur enfance, la reprise de Master Of Puppets (pas forcément des plus inspirées cependant) au sein de la set-list et avec la voix en écho de Maître Hetfield, puisse t-il sortir en forme de sa Xème réhab. Les toutes fraiches annulation des dates estivales américaines ne nous donnant pas raison…
Sur scène, le duo est accompagné d’un camarade de croisière derrière les futs. De facto Trio, se répartissant sur la large scène de la manière suivante ; le drummer à l’arrière mais pas caché pour autant. Justin sur la droite jamais loin de son petit baril et de ses claviers. Enfin à l’unique guitare blanche qu’il ne quittera pas le long du show, Tony assurera les Lead sur la droite, la droite bien centrée comme Larem.
Le groupe restera silencieux durant l’intégralité du show, alors oui vous me direz… les tracks de DwtD sont des pistes instrumentales à peu de choses près. Les compères ne s’engageront pas non plus dans un quelconque échange avec leur public, pas le temps niaiser qu’on dit souvent. Le trio enchainera plus d’une dizaine de titres montre en main en se prenant seulement le temps de s’accorder (régulièrement). Ne laissant que peu de repos à l’audience qui savourera la qualité du mix du soir et l’envie des américains d’assurer le service, non pas minimum ce serait réducteur mais disons “requis”.
Après avoir démarré comme Das Mörtal avec uniquement devant eux leurs bécanes à coup de mix lors des premières tournées. Le duo a sauté le pas et joue désormais comme les grands de la cour de la Synth-Wave avec de « vrais » instruments sur scène. Justin Kim s’imposant sur le devant de la scène en véritable frontman, tenant fermement sa LTD typé Télécaster, la mèche headbangant frénétiquement au rythme de ses palm-mutes. Droit dans ses bottes, habile et certains dans son doigté. Tandis que son camarade Pointer, plus timide, échangera régulièrement sa Ibanez Iceman noire pour aller se pencher sur la droite de la scène et activer ses gros doigts sur les claviers et soutenir la rythmique. A l’arrière, le batteur cogne sévère et si son tempo métronomique est impeccable, on ne pourra que reprocher quelque peu la mollesse appliquée au trigger de la caisse claire, pas suffisamment sèche à notre goût. Cymbales et toms s’engageant bien souvent dans un océan de reverb’ plus ou moins épais selon les tracks allant jusqu’à résonner comme le rebondi d’une reverb’ d’une chapelle impie. On regrettera tout de même que les lignes mélodiques ne soient pas assurées par un “vrai” claviériste de métier. Le PBO gardant toujours dans la Synthwave une GROSSE place lors des Live. 2020 on souhaite que cela change !
La foule de plus en plus compacte et transpirante se délecte nonobstant des moments entre chevauchées thrash et solo épique à base de gammes mineures augmentées. On prends vraiment un petit plaisir à s’imaginer des scénettes le long du set et à se remémorer quelques moments cultes des productions des 80’s. La décoration pour le moins minimaliste laissant notre imagination faire le reste (clairement un petit écran à la Carpenter Brut projetant quelques passages horrifiques et c’est le groupe qui passe un niveau au dessus), le trio ayant du mal à remplir mine de rien cette scène. On a passé un moment très sympa et sans chichi avec les américains, mention spéciale à l’excellent rappel incluant la reprise (bien plus intéressante que celle de Metallica en début de set) de “Kickstart My Heart” de Motley Crue dont les engagements verbaux sont aussi solide que ceux d’un Balkany et dont on plaisante sur la tournée “finale” arrivant un peu comme le cas d’école sur celle de Scorpion… la der’ des der’ depuis dix piges.
Après une petite heure montre en main, le trio pose définitivement les instruments au sol pour repartir rapidement en loge après quelques remerciements gestuels et poignées de main le long du premier rang. Sympa mais bref !
Au final, si les Dance With The Dead n’ont vraisemblablement pas encore l’aura scénique et le ni le budget d’un Perturbator ou pire, d’un Carpenter Brut, les tauliers du genre. On ne pourra pas douter des qualités Live des musiciens ainsi que de la passion qui semble les animer. Le groupe n’étant donc pas juste un énième groupe de potes surfant sur la néo-vague prolifique d’une niche ayant percé ses dernières années au sein de la culture pop’. Des amoureux d’une culture en pleine renaissance, des kids qui se sont nourris des thrasheux et des VHS de l’époque et qui à l’orée des productions récentes comme Stranger Things sur Netflix incarnent l’une des valeurs sûres d’un mouvement toujours en expansion et qui risque d’exploser en grand format chez les beatmakers internationaux sur cette décennie. A l’image du dernier titre de The Weekend « Blinding Lights », ou le divin/hérétique côtoie des lignes épiques au synthé’. Le « Kitsch » de ces sonorités jugées souvent comme datées il y’a encore quelques années reviennent heureusement en force dans le paysage musical pour le meilleur dans certains cas, mais nul ne saurait nous affliger du pire et rendre ce mouvement initialement “noble”, de passionnés, redondant voir cliché… L’avenir nous le dira.
Setlist de la tournée :
- Go !
- Andromeda
- The Man Who Made a Monster
- Thrasher
- Master of Puppets
- Scar
- Robeast
- Banshee
- The Dawn
- Riot
- Into the Shadows
- Get Out
- Kickstart My Heart
- Become Wrath