Cinq ans après Currents qui a conquis le monde, Tame Impala sort leur quatrième opus et démarrent de façon efficiente une nouvelle décennie après la précédente qui fut celle de la consécration. Rock, psychédélisme, pop dansante et groove, tout s’avère être excellent sur ce disque et confirme le statut d’icone acquis par le groupe.
Comme un joli pied de nez, les premiers singles malicieusement nommés Patience et Borderline ont depuis près d’un an autant excité que calmé l’attente des fans. Et encore, si le premier ne figure pas sur l’album, le second nommé peut en même temps vite lasser, la ritournelle montrant quelques limites, mais ces dernières sont peut-être les seules de ce disque. Le reste des compositions offre en effet une orgie d’effets, d’atmosphère et de sons incroyables avec la voix de velours de Kevin Parker. One more year, titre complexe mais d’une infinie variété sonore, en offre un parfait exemple sur lequel le chanteur confiait récemment à la presse que le « le plus difficile, c’est de ne pas en faire trop ». Instant Destiny lorgne entre Issac Hayes et Jay-Z, quand l’aérien Tomorrow’s Dust fait inévitablement penser aux français d’Air. L’un des sommets est atteint sans doute avec Posthumous Forgiveness, titre long – autre marqueur du groupe – où la voix de Kevin atteint des sommets, avant que le bien nommé Breathe Deeper nous permette de respirer, avant une ultime boucle électro, rappelant l’aventure DJ du chanteur au cours de ces dernières années.
L’écoute du disque nous permet de comprendre à quel point Tame Impala marque son époque, en imposant un son devenant une norme, avant de devenir un modèle artistique. Lost In Yesterday, excellent single, réveille les pulsions dansantes toujours innées chez ce groupe, qui se prolongent avec le formidable Is It True, merveille pop disco à la formidable ligne de basse. Le psychédélisme teinté de dico de It might be time est un autre sommet de l’opus, qui se referme sur deux compositions assez étonnantes : un titre techno et instrumental assez bref – mais efficace -, Glimmer, avant l’ultime et envoutant One more hour pour clôturer un disque qui dure exactement le temps annoncé.
Maître du temps, maître de l’espace, maître du son, Tame Impala risque encore de marquer de son empreinte ces années 2020. Un disque riche, envoutant et majestueux qui suggère que la « lente ruée » évoquée est celle qui devrait les rapprocher de toutes les consécrations.
Julien Lagalice.
Catégorie : album rock<
Genre : indie rock, psyché rock