Trois ans après Satan’s graffiti or God’s art. Le combo d’Atlanta nous gratifie de son neuvième album intitulé Sing in a world that’s falling apart.
Cet album marque un tournant dans la carrière de Black lips, un changement total d’orientation à plusieurs niveaux. Tout d’abord, la formation dont le leader est toujours Cole Alexander a relevé le défi du label indépendant, ce nouveau LP ayant été enregistré chez Fire records. Par ailleurs, bouleversement de taille, les Bad boys (comme on a surnommé Black lips depuis leurs débuts) ont laissé leur rage de côté, tant dans leur manière de chanter que dans le style musical.
En effet, le garage rock laisse place aux sonorités country western avec, de temps à autres, guitares larmoyantes et harmonicas. Les Black lips d’Arabia mountain (2011) sont, il faut le croire, de l’histoire ancienne.
Ces douze nouveaux morceaux respirent la joie, la gaieté, tout simplement le bonheur de chanter et de communiquer avec nous, en tous cas c’est le message que semble nous faire passer le groupe d’Atlanta. Au menu de ce Sing in a world that’s falling apart, compositions engageantes et morceaux plus relâchés que l’on pourrait presque considérer comme des ballades.
Ce sont bien les morceaux entraînants qui ouvrent le feu. Il y a Hooker jon tout en dynamisme et en chœurs enjoués, Chainsaw avec ses riffs de guitare mélancoliques ou encore le très rock Holding me holding you qui exhale un parfum de country à la Johnny Cash par le biais de la voix du chanteur. On peut également citer le vivace et jovial Rumbler où s’entend l’harmonica. Une chanson que le publique devrait, sans aucun doute, reprendre en chœurs et à grands renforts de cris lors des divers concerts du groupe.
Au rayon des compositions plus lentes, on retrouve Get it on time que l’on ne cessera plus de fredonner après son écoute tant les paroles sont simples à mémoriser et restent gravées dans nos têtes. N’oublions pas Gentleman et Live fast die slow, cette dernière chanson dont on peut supposer le sens mélancolique des paroles.
Petite curiosité sur cet opus, deux morceaux ont pour titres des prénoms féminins : Georgia et Odelia. Qui sont-elles ? Sans doute des filles connues d’un ou plusieurs membres du groupe à qui ses deux chansons sont dédiées. Paradoxalement, ces deux morceaux ne sont absolument pas des slows mais plutôt des compos musicales assez virevoltantes, du style Chainsaw et Holding me holding you. Bizarre, vous avez dit bizarre ! Enfin bon, Black Lips en a décidé ainsi, c’est leur album et ils en sont les seuls maîtres.
Trois morceaux résument ce LP et expriment le bouleversement opéré dans la musique des Black lips : Chainsaw, Rumbler et Get it on time.
Ces trois compos nous offrent une musique lisse, audible et bien huilée à l’image d’une mécanique. Chanteur et musiciens sont à égalité et tout le groupe est au diapason.
Sing in a world that’s falling apart a entrepris (et y a d’ailleurs bien réussi) de nous réconcilier avec les Black lips qui ne nous avaient, jusqu’à présent, pas vraiment fait bonne impression même si, musicalement parlant, des albums comme Arabia mountain et Satan’s graffiti or God’s art n’étaient pas dépourvus de bons morceaux. Avec ce nouvel album, on découvre une autre facette des Black lips, plus posée et surtout plus humaine. Les sales gosses d’Atlanta semblent enfin être devenus de bons gars bien rangés.
Ne reste plus aux indécis qu’à se laisser tenter par ce nouveau Black lips et à n’en pas douter ils ne seront pas déçus !
Note de 7 sur 10.
Jean-Christophe Tannieres