Trois ans après Dumb blood, Mattie Vant effectue un retour peu convaincant, disons même complètement manqué avec un nouvel album intitulé Conceived in the sky.
Le bon rock urgent qui a fait le succès de Dumb blood en 2017 (avec notamment Do you know me, The answer ou encore Parking lot) a laissé place à des sonorités électro hip-hop.
Autre bouleversement et il est de taille, Mattie Vant fait désormais route en solitaire, ayant toutefois conservé le nom Vant comme si de rien n’était.
A l’écoute de ce LP de 13 morceaux dont certains sont très courts, on se demande si le beau Mattie ne s’est pas foutu de nous tellement ce Conceived in the sky est différent de Dumb blood, album avec lequel Vant a connu la consécration. L’accueil du public était chaleureux et les critiques de la presse spécialisée rock dithyrambiques mais avec Conceived in the sky les temps ont, trois fois hélas, bien changé !
Pour Vant, la roue comme le vent semblent avoir tourné dans le mauvais sens.
Ennui, lamentations et monotonie caractérisent cette galette. Mais bon, comme tout n’est jamais complètement noir ni à jeter sur un album, quelques morceaux tirent cependant leur épingle du jeu tels que l’excellent Mary don’t mind aux influences new wave 80’s, single dévoilé il y a quelques mois, mais aussi des compositions électro dont Adrien Gystere (révélation électro 2019 des transmusicales de Rennes)ou même Beck auraient très bien pu s’adjuger la paternité, lestitres Exoskeleton et Photographic head. Demeurant dans nos têtes après une seule écoute, ces deux créations tendent à sauver quelque peu l’honneur de cet album et éclaircir un tableau bien sombre dans son ensemble.
Atlas falling, un brin plus pop, s’écoute bien mais sans plus, ballade gentillette agrémentée de chœurs. Ce morceau est l’une des rares satisfactions de Conceived in the sky.
Réelles déceptions pour de bonnes compos musicales hélas beaucoup trop courtes et qui nous laissent sur notre fin, en l’occurrence On my way through qui aurait pu, s’il avait été plus long, être une véritable pépite new wave et Give up (Morrissey’s racist) digne de Coldplay à l’apogée de son art en duo guitare/voix. Deux compos qui nous laisseront toujours un goût d’inachevé car on ne saura jamais ce que Vant aurait pu faire si les deux morceaux avaient été plus longs, plus consistants. Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête de Mattie Vant ? Lui seul pourrait nous apporter la réponse à cette question qui nous taraudera ad vitam aeternam !
Un opus qui ne restera donc pas dans les annales, Vant s’étant planté en beauté et totalement perdu en chemin dans le dédale du changement de style musical. A l’inverse de Beck qui réussit tout ce qu’il entreprend en matières d’innovations, Vant a loupé sa vocation de bidouilleur électro. Pauvre Mattie, tu n’aurais jamais dû t’éloigner de ton univers de rockeur patenté, tu y excellais et y avais largement ta place ! Mattie, Mattie, reviens parmi les tiens et arrête là le massacre, le changement ça ne te réussit pas !
– Jean-Christophe Tannieres