Retour sur les concerts du vendredi 25 octobre à la Rodia à laquelle assistait l’équipe de Sensation Rock avec des jeunes groupes français, parfois d’origine régionale et tous anglophones, avec le rock et l’audace pour trait d’union d’une belle soirée.
Il est un peu plus de 20h30 lorsque Bigger prend possession de la salle club où se déroule cette soirée. Présenter le groupe franc-comtois ne semble plus nécessaire, tant les musiciens continuent d’écumer les scènes et les dates, tissant des liens de plus en plus forts avec un public fidèle et de nouveaux fans. L’impression dominante est celle d’une toujours plus grande fluidité des titres, et d’une maîtrise de plus en plus totale assurée par le groupe, comme sur Burn ou Circus. Elle s’accompagne de nouveautés et de nouvelles prises de risque, comme la reprise de Gainsbourg, Initials BB, et qui de mieux que Kevin pour faire le lien entre France et Angleterre autour de ce titre iconique. La taille de la salle et le jeu de lumière assez classieux contribuent à assurer cette chaleur et cette proximité avec le public, d’autant plus que le chanteur n’hésite pas à traverser le club pour chanter à tue tête face à un spectateur. Une prestation en toute évidence aboutie, idéale pour lancer cette soirée rock.
MNNQNS va clairement dynamiter le club de la Rodia, par son rock multiforme et mimétique faisant de ce jeune groupe un des étendards de cette « nouvelle scène rock française », expression avec laquelle le groupe s’amuse – nous avons pu échangé avec eux en fin d’après-midi, l’interview sera bientôt disponible sur notre site Internet. Les titres s’enchaînent sans le moindre temps mort, que ce soit le tubesque If only they could, Desperation Moon ou la reprise impeccable d’un titre des mythiques The Fall, Totally Wired. Un set enjoué, particulièrement tonique et qui a conquis le public présent, même si il apparut plutôt attentif et quelque peu pondéré. Signalons toutefois que comme Bigger, les musiciens ont joué le jeu de la promo, assurant le merchandising et ne rechignant pas à une demande d’autographe ou parler musique avec un spectateur enthousiaste. Une attitude d’autant plus appréciée qu’elle tranche avec celle d’autres groupes, même issus du rock indépendant, pas facilement accessibles voir méprisants avec le public. En tout cas, avec MNNQNS, la scène française tient un groupe faisant déjà figure de valeur sûre.
C’est aux Psychotic Monks que revient le droit de clôturer la soirée. Les musiciens jouissent déjà d’une très belle renommée, acquise par des performances remarquées – notamment par un précédent passage à la Rodia -, et pour avoir été à l’affiche de grands festivals depuis plus d’un an. Leur musique ardente, parfois post-rock et toujours envoûtant est parfaitement incarnée dans ces jeunes gens qui donnent tout sur scène, gesticulant et suscitant une folle curiosité (nous avons vu des membres des deux groupes précédents se glisser dans la salle). Il est vrai que Isolation ou Every Sight demeurent des expériences sonores étonnantes et puissantes, créant une atmosphère totalement différente de celles des groupes préalables. Il est dommage qu’une partie du public n’ait pas vu la prestation en entier, le groupe étant peut-être le moins connu des trois avec un univers musical moins consensuel, peut-être que le faire jouer en amont aurait permis peut-être de mieux le mettre en valeur.
Cette ultime remarque n’enlève en rien à la qualité de la prestation d’ensemble des groupes, prouvant ainsi la vitalité de toute une scène indépendante en France qui ne demande qu’à s’exprimer. Nulle doute que ce format de concert est un moyen parfait pour la découvrir, et c’est tout le mérite de la Rodia que d’avoir défendu cette affiche. Initials BB ne pouvant ce soir que signifier « Bravo Besançon ».
- Julien Lagalice
Crédits Photo : Marion Arnal, Julien Lagalice (Sensation Rock)