Le groupe légendaire de Manchester offrait à Lyon aux nuits de Fourvière une de ses rares dates françaises, avant le Grand Rex à Paris en octobre. Le concert annoncé complet depuis le jour de la mise en vente des billets a plus que répondu aux attentes et à l’impatience des fans. Il fut extraordinaire.
Dans le cadre exceptionnel du théâtre romain de Fourvière, surplombant la capitale des Gaules, les organisateurs ont à nouveau établi une programmation de grande qualité alliant valeurs sûres et découvertes heureuses. Ainsi en fut-il de la première partie, Mermonte, groupe rennais auteur de déjà trois albums depuis 2011, mais que nous n’avions encore jamais vus sur scène. Le groupe de 9 musiciens déploie une pop orchestrale joyeuse et efficace, alliant cordes et guitares, rappelant par moment Arcade Fire. Un set tonique et entrainant, pointilleux et moderne dans un format exigeant – à peine 40 minutes – face à un public qui sous la chaleur encore écrasante ne laisse aucun siège libre lorsque se vide la scène.
Il est 22h30 lorsqu’après un court interlude de Richard Wagner tiré de l’or du Rhin les musiciens anglais prennent possession des lieux, et saluent chaleureusement le public. Le groupe commence par Singularity et Restless, tirés de leur dernier album studio, interprétés avec brio et avec une superbe projection vidéo alternant images de l’Angleterre post industrielle et créations visuelles contemporaines.
Trois morceaux de Joy Division – She’s lost control, Shadowplay et tranmission – rappellent que passé et présent sont irrémédiablement liés chez le groupe, ravissant un public intergénérationnel déjà comblé. Avec précision et une verve de plus en plus communicatif, New Order alterne des titres classique tel Your silent Face et le son légendaire du mélodica avec d’autres récents et enthousiasmants à l’instar de Tutti Frutti ou Plastic. Barney Sumner, sexagénaire toujours en baskets, jean et tee-shirt poursuit ses pas de danse caractéristiques et particulièrement contagieux dans le public.
La dernière partie du set est le moment où le théâtre devient un immense dance-floor porté par les plus grands succès du groupe. Bizarre Love Triangle, The Perfect Kiss ou True Faith, interprétés dans de nouvelles versions alliant le son des guitares au souffle des machines, pour un résultat en tout point enivrant. Et que dire du dernier quart d’heure avec Blue Monday, tube indépassable et indémodable, générant de la folie dans le public, avant Temptation, où les « Ouh-Ouh-Ouh » de Sumner sont repris par les spectateurs aux anges sous un déluge de lumières.
Le rappel sera bref mais émouvant et inoubliable au son de Love will tear us apart, dont le refrain est entonné par tout le public, qui applaudit à tout rompre lors de la projection du portrait de Ian Curtis ou du slogan « Forever Joy Division ». Plus qu’un concert, une véritable histoire de musique et de fidélité, autour d’une bande son parfaite de ces quarante dernières années, du post-punk à l’électro-rock. Il offre ainsi l’opportunité de mesurer à quel point New Order demeure un des groupes les plus influents et passionnants de la scène musicale anglaise. Jusqu’à nouvel ordre.
– Julien Lagalice