Beau plateau ce vendredi 12 avril 2019 à la Poudrière. Belfort recevait deux formations hexagonales avec des esthétiques distinctes et très typées: d’abord Ko Ko Mo qui assurait la seconde date de leur tournée, puis les Alsaciens de Dirty Deep.
KO KO MO
C’est pour Ko Ko Mo une première venue à Belfort (dixit le groupe). Et le moins que l’on puisse dire c’est que cette première fois est de très bonne facture. La doublette s’en donne à coeur-joie pendant ce (trop court!) set. Les bonds sont légions du côté de Warren, occasions nombreuses de laisser virevolter sa crinière généreuse. Quant à K20, son jeu de batterie très haut, voire debout, a le don de plaire au public présent ce soir.
La moitié du programme est consacrée au nouvel album, Lemon Twins sorti il y a quelques semaines (So down, Now or never, Self love age, …). A cela, ajoutons quatre titres tirés du premier effort (Technicolor Life, 2017) et au mitan du set, c’est une reprise de Personal Jesus, made in KKM, qui vient se fracasser contre les parois de la Poudrière.
Indéniablement, Ko Ko Mo est une incitation à la danse, au défoulement en ce début de weekend. La formation surfe sur un syncrétisme de sonorités des années 1970 boostées aux pédales à effet type whammy, de rythmes electro et de voix outrageusement aiguës. Si une telle union invite certains à pousser des cris d’orfraie, il faut au contraire se réjouir d’une telle mixture en pleine période revival 70’s: c’est aussi jubilatoire et barré que le premier disque de Fancy (Kings of the world, 2007). Conseil, si vous avez Ko Ko Mo au menu d’un de vos festivals de l’été, et même s’ils sont annoncés en début/cours d’après-midi, ne les manquez pas. Ou tant pis pour vous!
Setlist de Ko Ko Mo
1-Are you ready
2-So down
3-Now or never
4-Self love age
5-Hard time
6-Personal Jesus
7-White house blues
8-Shake off your fear
9- Cherokee Gal
10-Killin the kid
DIRTY DEEP
Les grandes ampoules incandescentes et les ambiances rutilantes, façon soleil levant de Ko Ko Mo, cèdent la place à Dirty Deep. Désormais, des caisses de whisky jonchent la scène de la Poudrière; place au blues rugueux des Bas-Rhinois. Le trio est aussi en pleine tournée pour défendre son dernier opuscule, l’excellent Tillandsia (ci-jointe la chronique de ce disque paru en novembre 2018). Si Victor occupe essentiellement une position assise, et donc aux antipodes de celle de son prédécesseur sur les planches, il est loin de servir une performance monotone. Sa voix se fait rocailleuse, avec ou sans distorsion d’ailleurs, quand il ne se plaît pas à faire pleurer son harmonica.
Blotti au sein de cet amas de caisses de bourbon, Geoffroy balance des rythmes appuyés, qui ajoutent à ce blues chaloupé et quasi originel, une touche de punch, de punk même! Ça rue dans les brancards au point de faire trémousser une bonne partie de la salle. Côté rythmique, il faut également compter sur Adam. Alternant entre la 4-cordes électrique et la contrebasse, l’homme se présente comme le pilier, le choriste à la casquette qui, en une fraction de seconde, tombe genoux à terre afin de défier du regard son chanteur vissé à son harmonica. Moment saisissant.
L’ambiance est réellement joviale. Le groupe se réunit au centre de la scène une première fois lors d’un interlude dépouillé, obligeant le batteur à déplacer son tom basse. Dépouillé vous disais-je! Il en sera de même lors du point d’orgue de cette soirée. Le trio conclut son show avec Road dawgs, un gospel a capella, au beau milieu du public. Les mains se percutent en cadence et de plus en plus nombreuses. Les pieds tentent de faire trembler la chape de la salle.
Dirty Deep se retire à quelques encablures des douze coups de minuit. La chapelle Poudrière résonne encore. On est déjà samedi…
-Benoît GILBERT
Crédit photos: Benoît GILBERT