Les adeptes du post-punk d’antan, nostalgiques de The Fall ou encore du Gun Club, l’attendaient avec impatience. Il est enfin arrivé. Le premier album des jeunes irlandais de Fontaines D.C. est sorti en ce milieu du mois d’avril. Plus qu’un simple coup d’essai, Dogrel est un véritable coup d’éclat qui devrait légitimement marquer d’une pierre blanche le monde du rock indépendant.
Tirant leur nom d’un personnage du Parrain de Coppola et de Dublin, la ville qu’ils chérissent tant, les cinq compères de Fontaines D.C. commencent à se faire une solide réputation en dehors de leurs frontières irlandaises. Récemment et logiquement signés chez Partisan Records, le label des furieux Idles, ces jeunes et turbulents musiciens ont déjà pu se faire les dents sur plusieurs ep ainsi que sur bon nombre de scènes mondiales. La plupart des titres de ce premier album nommé Dogrel sont donc loin d’être des surprises. Le plaisir reste cependant intact à l’écoute des onze morceaux qui composent ce disque. Une oeuvre coup de poing.
Dogrel débute avec le très court et percutant Big. En un peu plus d’une minute de sonorités survoltés, ce premier morceau annonce la couleur. Sha Sha Sha, avec ces guitares quasiment empruntés à The Clash, prend ensuite la relève et prolonge la tension révoltante du titre introductif. Adepte d’un post-punk bruyant et nerveux, la musique tendue et rageuse de la formation rappelle les grandes heures de The Fall ou encore du Gun Club. Vous retrouverez d’ailleurs sans difficultés, à travers les brûlots vocaux du chanteur Grian Chatten, des similitudes avec ceux des éternels Mark E. Smith et Jeffrey Lee Pierce. Le plus ambitieux Too Real vient violemment marquer les esprits grâce à des assauts guitaristiques impitoyables et un spoken word des plus marquants. Une composition brutale et quelque peu noisy qui illustre à merveille l’étendue de la palette musicale du quintet. Des morceaux tels que Hurricane Laughter et Boys In The Better Land sont menés tambour battant et font légèrement penser aux premières productions de Public Image Limited ou encore de Gang of Four. La batterie est puissante et les deux guitares se complètent à la perfection. La section vocale, quant à elle, est valorisée par la production qui place le chant toujours scandé et désabusé au dessus de l’instrumentation. Les amers et quelque peu mélancoliques Television Screens et The Lotts constituent les moments forts de ce disque et font apparaître des réminiscences des Smiths et même des Cure au niveau de la basse. En milieu d’album, comme un retour au calme, le sublime Roy’s Tune vient bouleverser l’auditeur. Le genre de morceau qui filerait des frissons à une pierre. Ce premier effort de Fontaines D.C. prend fin avec la balade Dublin City Sky, un hommage sincère et poignant à la ville d’origine de la bande qui prend la forme d’un bel adieu. C’est ici que le voyage, bien trop court, proposé par les cinq Irlandais prend malheureusement fin. Triste que cela ce soit terminé aussi vite, on retourne le disque et on relance Big…
Du premier au dernier titre, le premier album de Fontaines D.C. frise la perfection et tient ainsi toutes les promesses faites par le groupe depuis ses débuts. Avec une facilité désarmante, la formation suit une démarche post-punk fidèle au 70’s mais qui reste paradoxalement actuelle. À l’instar de Songs of Praise de Shame l’an passé, Dogrel s’avère être une oeuvre d’une urgence inouïe et d’une efficacité implacable. Un véritable coup de maître.
Note : 9/10
- Hugo COUILLARD
Artiste : Fontaines D.C.
Album : Dogrel
Label : Partisan Records
Date de sortie : 12/04/2019
Genre : Post-punk
Catégorie : Album rock