Quatre ans après Thin Walls, Balthazar est revenu en début d’année avec un disque plus dansant qu’à leur habitude. Fever ouvre de nouvelles portes à un groupe qui n’a déjà plus rien à prouver et peut donc tout se permettre. Rencontre à Paris avec Maarten Devoldere et Jinte Deprez.
Sensation Rock : Vous avez fait un break de quatre ans après Thin Walls. Était-ce pour couper avec la routine album, tournée, album… ?
Balthazar : Oui et non. En fait, cela fait moins de quatre ans car après la sortie de Thin Walls, nous avons beaucoup tourné. En plus, il y a eu nos projets solos qui ont pris du temps. Nous voulions faire les choses différemment pour Balthazar afin de ne pas tomber dans la routine ce qui est la pire chose qui puisse arriver lorsque tu fais de la musique.
Sensation Rock : Vos projets solos sont très différents de la musique que vous produisez avec Balthazar.
Balthazar : Oui, c’est vrai. On voulait faire des choses différentes et sans aucune pression. C’était comme une récréation. Et puis, tu ne vas pas faire en solo ce que tu fais avec ton groupe. Cela n’aurait aucun intérêt. Nous n’imaginions pas que ces projets rencontrent le succès qu’ils ont rencontré. En faisant des projets solos, tu joues avec d’autres musiciens, tu apprends de nouvelles choses. Et cela te nourrit ensuite pour le groupe.
Sensation Rock : Fever est sans doute le disque le plus dansant que vous ayez produit.
Balthazar : On s’est peut-être pris moins au sérieux. Nous n’avons jamais de plan établi sur ce que nous voulons faire. Peut-être que nous voulions quelque chose de plus extraverti que ce que l’on a fait pour nos disques solos. Le son est plus chaud que sur nos dernières productions, avec un côté organique. Il y a des influences africaines dans l’album qui donnent également ce côté chaud, funky.
Sensation Rock : C’est pour ce côté ensoleillé que vous avez été tourné la vidéo de Fever à Lanzarote ?
Balthazar : Les deux premiers albums avaient un côté noir et blanc qui nous ont fatigués. Nous sommes allés à Lanzarote en vacances et c’était le lieu idéal pour faire cette vidéo. Elle était comme un trailer du disque.
Sensation Rock : Est-ce que le départ de Patricia a changé des choses dans Balthazar ?
Balthazar : Bien sûr. En même temps, cela ne change pas fondamentalement les choses car c’est nous deux qui composons les morceaux. Cela change une chose : le fait qu’il n’y aura plus de voix féminine dans le groupe.
Sensation Rock : Jasper Maekelberg qui a produit le disque est l’un de vos amis.
Balthazar : Oui, il est de notre génération. Il a aussi travaillé sur nos albums solos. C’était facile de bosser avec lui car il nous connait bien donc nous n’avions pas besoin de lui expliquer les choses. Nous avons les moyens aujourd’hui de payer un producteur, de se sentir dans un certain confort. Peut-être aussi avons-nous eu la flemme de le produire, contrairement aux deux premiers où nous avions fait le job.
Sensation Rock : J’ai l’impression qu’il y a une certaine tradition pop en Belgique avec des groupes comme Deus, Girls in Hawai et vous. Comment expliquez-vous cela ?
Balthazar : Nous ne pensons pas qu’il y ait une tradition musicale en Belgique. Phoenix chez vous est un vrai groupe pop. Nous sommes un trop petit pays pour avoir une vraie tradition musicale. Nous piochons un peu partout, dans Gainsbourg, dans la brit-pop, dans la musique venant d’Amérique pour en faire notre mix personnel.
Sensation Rock : Que représente cette pochette étrange ?
Balthazar : On a vu cette photo lorsque nous étions en train d’écrire le disque. La pochette d’un album représente la vibe de celui-ci et on trouvait que cette image collait bien avec l’humeur du disque.
Sensation Rock : Vous avez une sorte d’histoire d’amour avec la France.
Balthazar : Absolument. La France a toujours été importante pour nous. C’est toujours un moment particulier pour le groupe que de jouer à Paris. Nous y avons donné tant de concerts. Il y a encore beaucoup de dates françaises sur cette tournée.
Sensation Rock : Vous faites les festivals cet été.
Balthazar : Oui. On va jouer à Rock en Seine, à Beauregard, à Werchter en Belgique.
Sensation Rock : Le groupe a aujourd’hui quinze ans d’existence. Comment voyez-vous les choses rétrospectivement ?
Balthazar : Ces années représentent la moitié de nos vies. On a fait grandir le groupe étape par étape. A nos débuts à Paris on jouait devant vingt personnes. C’est mieux de grandir petit à petit que d’être un groupe hype. Il est important de faire des disques pour soi sans penser au côté business. Et si le disque te plait, il y a des chances qu’il plaise à d’autres.