Les plateaux se suivent et ne se ressemblent pas à la Laiterie, en témoignent les dernières soirées proposées par la salle strasbourgeoise à l’ambiance éclectique : entre Georgio, Therapie Taxi, la soirée médiévale fantastique ou encore Brodinski, c’était une semaine des plus originales. Pourtant, ce soir c’est pour un plateau 100% britannique et assez particulier que nous nous rendons dans la Grande Salle de la Laiterie. La folie mature d’Enter Shikari rencontre les jeunes talents de As It Is pour ce qui s’avère être une soirée d’anthologie ! Retours.
As It Is ouvre donc la soirée. La formation arrive au compte-goutte sur une bande-son introductive et envoie d’entrée de jeu du bois. Patty Walters, le frontman, à la crinière corbeau et aux faux airs du chanteur d’Avatar, a le don pour concentrer la lumière sur lui. Entre les remarquables sauts intempestifs, les tournoiements de micro chers à Iggy Pop – moulinets qui ne cesseront qu’au terme des 3/4 heures concédés à cette formation screamo – et les hurlements à s’en plier en deux, voire à tomber net au sol (véridique!), l’homme est survolté. Et il y a de quoi: la foule déjà bien compacte dans la Grande Salle de la Laiterie est en totale adéquation avec les Britanniques. D’ailleurs la crash barrière montre des signes de frémissements contre mon dos…
Bref, bien qu’il ne s’agisse pas d’un style à mon goût, cette première partie est sincèrement enlevée et fait vibrer Strasbourg en ce début de week-end. Visiblement, le meilleur reste à venir.
21h, les lumières s’éteignent et une structure tout de bleu vêtue est éclairée sur la grande scène. Le public composé à vu d’oeil de près de 60% d’Allemands se fait dense par endroits, des triangles inversés faits avec les doigts s’élèvent dans les airs… Pas de doute, Enter Shikari devrait arriver d’une minute à l’autre. Les musiciens font leur entrée et s’installent tranquillement avant d’ouvrir le concert sur l’introduction du dernier album en date du groupe, The Spark. La scénographie est bleu, on retrouve le clavier intégré dans l’écran qui figure sur la pochette de The Spark, le public s’agite d’ores et déjà. The Sights ouvre le bal pour près de 1h30 de show intense, avec des choeurs toujours aussi impeccables répétés à l’unisson, les premiers rangs se fissurent pour créer un premier pogo qui ne cessera pratiquement pas de la soirée.
Le groupe est en très grande forme, début de tournée oblige, Rou Reynolds se déhanche dans tous les sens, Rory C (guitare) reste très discret dans son coin tandis que Chris Batten (bassiste) joue avec le public de son côté, envoie des médiators et se trémousse en rythme. Rob Rolfe, à la batterie, fait le job, se levant pour saluer, droit comme un “i”, à la fin de chaque morceau. La setlist est extrêmement diversifiée mais c’est un plaisir inqualifiable que de pouvoir profiter de tant de morceaux de Common Dreads, le deuxième album du groupe sorti en 2009 !! Tous les albums sont assez bien représentés, avec notamment des pépites comme Labyrinth, Hectic, Undercover Agents, …meltdown ou encore Juggernauts. Nous aurons même l’honneur d’entendre Stop the clocks, le nouveau morceau qui n’est pas encore proposé autrement qu’en version live, ayant par ailleurs donné son nom à la tournée actuelle. Mais l’on retiendra particulièrement le traditionnel Quickfire Round, lors duquel le groupe joue 4 morceaux en huit minutes, à savoir Sorry you’re not a winner, The Last Garrison, …Meltdown (amputé de son System… mais passons!) et une version remixée d’Anaesthetist.
L’ambiance est excellente, tout le monde saute et chante en choeur, le chanteur bouge comme un petit fou et tous les musiciens semblent passer un agréable moment. Rou nous démontre ses talents de trompettiste sur le désormais culte Shinrin-Yoku, avant de passer au piano pour le tout doux Airfield, lors duquel de nombreuses personnes montent sur les épaules de leurs voisins. Enter Shikari est définitivement un groupe dont toute la portée se fait en live. Avec tant d’énergie à revendre et une bonne humeur communicative, le set des britanniques est passé à toute vitesse et c’est avec beaucoup d’amour que le public chante en choeur sur les dernières notes de Live Outside, avant que la salle ne ferme ses portes et que l’on rentre se coucher.
Marion ARNAL, Benoît GILBERT
-Crédit photos: Benoît GILBERT