Septième album de H-Burns, Midlife est un superbe disque qui place l’auteur comme l’un des meilleurs songwriters de l’Hexagone. Un disque brut, presque à l’os dans la vraie tradition folk.
Rencontre avec le musicien à Paris.
Sensation Rock – Depuis Off The Map en 2013, tu es passé à un rythme d’un album tous les deux ans. C’est le rythme qui te convient ?
H-Burns – Ce n’est pas calculé. J’ai remarqué qu’après une tournée, j’ai envie de faire des chansons. C’est un rythme qui revient naturellement. Je pars du principe que dès que j’ai des choses à raconter, j’y vais.
Sensation Rock – Dans quel état d’esprit étais-tu par rapport à l’album précédent Kid we own Summer. J’ai l’impression que cet album après le côté très rock de Off The Map et celui, californien ensoleillé de Kid est un retour au folk.
H-Burns – Je n’ai jamais de plan préétabli. J’avais envie d’un disque de songwriter pour cet album. J’ai passé beaucoup de temps sur les paroles. Je voulais mettre la voix très en avant, me calmer sur les synthés. J’avais besoin de faire une synthèse entre Off The Map et le disque précédent. Il y a aussi un retour aux guitares acoustiques sur ce disque.
Sensation Rock – Tu as commencé ta carrière musicale dans un groupe post-rock. Est-ce que cela t’influence encore aujourd’hui ?
H-Burns – J’imagine que tout mon parcours musical m’influence. On fait encore sur scène des titres de Off The Map dans lesquels il y a de grosses montées instrumentales qui peuvent faire post-rock. Cette période, avec ce groupe, m’a marqué car ce sont mes premières tournées, les premières fois où j’ai pensé à faire de la musique de façon professionnelle.
Sensation Rock – Tu avais pensé à Stuart Staples de Tindersticks pour la production de l’album. Comment l’as-tu rencontré ?
H-Burns – Je lui ai envoyé Kid We own Summer avec mon adresse mail. Il m’a répondu en disant avoir adoré le disque. Je suis allé le voir chez lui dans la Creuse. Nous avons passé six jours ensemble à échanger nos points de vue, à faire des maquettes. Au bout de cinq jours, il m’a dit « si je le produis je vais te brider, je vais mettre des cordes partout ». Qu’un gars comme ça me dise de voler de mes propres ailes m’a donné confiance. Il m’a conseillé d’aller enregistrer l’album au Black-Box près d’Angers qui est un super studio. J’ai pris Earl Havin le batteur de Tindersticks à la batterie.
Sensation Rock – Comment as rencontré Kate Stables de This is the Kit qui chante sur « Sisters » ?
H-Burns – A la Cité de la Musique pour un hommage à Dylan en 2013 ou 2014. Kate est douce et lumineuse avec une voix très pure. J’espère qu’on pourra jouer le morceau sur scène ensemble, si elle n’est pas comme toujours en tournée un peu partout à travers le monde.
Sensation Rock – Te sens-tu faire partie d’une communauté folk comme cela pouvait être le cas dans les années 60 ou 70 ?
H-Burns – Je ne me suis jamais senti de quelque communauté que ce soit mais j’ai construit une nébuleuse de gens avec lesquels j’avais envie de collaborer. La rencontre avec Syd Matters a été importante comme celle avec Bertand Belin et aujourd’hui avec Kate. Je ne dirais donc pas communauté mais je me sens proche de ces gens. J’ai leurs disques à la maison.
(Syd Matters, To all of you)
Sensation Rock – Tu as pour la première fois produit l’un de tes albums seul.
H-Burns – Oui mais Peter de Black Box m’a beaucoup aidé. Il est plus qu’un technicien. Il comprend l’âme des chansons. Je l’ai produit seul, c’est vrai, mais avec les bonnes personnes et les bons conseils.
Sensation Rock – J’ai l’impression que nombre de morceaux du disque parlent de ta ville, Romans sur Isère.
H-Burns – C’est vrai et ce même si je n’y vis plus. Le disque a pour fil rouge cette ville mais j’essaie d’universaliser les choses. C’est une galerie de portraits qui est transposable dans toutes les petites villes moyennes de France. Je garde toujours en tête qu’une personne qui habite au Mans ou dans une ville similaire puisse se retrouver dans mes disques. Romans a généré beaucoup de destins un peu bizarre. C’était une ville qui marchait grâce à l’industrie de la chaussure, qui a disparu aujourd’hui. Le soir tout est fermé, c’est assez triste. Cela me fait penser au passage de Bruce Springsteen à St-Etienne qui avait envoyé un chèque à la ville après avoir été touché de sa désindustrialisation après y avoir donné un concert. J’ai un rapport amour/haine à cette ville. Je la trouve triste mais en même temps, m’y sens bien.
Sensation Rock – Les paroles sont assez sombres mais la tonalité musicale lumineuse.
H-Burns – J’ai joué sur les deux tableaux. J’aime la dualité des choses. Le premier single « Crazy Ones » a un côté enjoué et festif à la Beck mais les paroles sont assez tristes effectivement.
(H-Burns, Crazy Ones)
Et pour ceux qui le souhaiteraient, l’entretien est également ci-dessous en podcast.
-Pierre-Arnaud Jonard
Crédit photo de This is The Kit: Florian Duboé
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