Difficile de décrire l’univers musical de Noflipe tant il est original, propre à satisfaire les oreilles exigeantes en recherche de vraie nouveauté. Disons qu’il s’agit d’un mélange de rock (à tendances métal), de funk et de hip-hop, de la fusion en somme, mais revisitée à la sauce « Fatfuzz », nom que le groupe originaire de l’Essonne a lui-même donné à son style si personnel. Une musique extrêmement énergique dans laquelle on ne s’ennuie pas un seul instant.
Ce quatrième EP, Back from Ze USA, a été dévoilé le 16 février dernier lors d’une Release Party affichant complet au New Morning (Paris). Renouvelant sans le trahir l’esprit de la Fatfuzz, il ne décevra pas les heureux initiés et offrira aux autres une bonne entrée en matière. Comme les précédents EP, il est signé sur le label maison du groupe, Fatfuzz Records, qui livre une production au son toujours irréprochable.
Pour comprendre de quoi il retourne, il faut avant tout rappeler la composition de Noflipe : un batteur au jeu inventif et précis, alias Tok-toc, un bassiste au groove profond, alias S-Low, un maître du clavier aux sons délicieusement vintage, alias Rudy Tiger, un guitariste à la 7 cordes aussi puissamment rock qu’allègrement funky, alias Natch, un brillant saxophoniste ténor aux solos inspirés, alias Doctor E et deux chanteurs MC dans la lignée des Beastie Boys, alias Pew et Flush. Armés d’une exigence commune, et sans jamais se prendre au sérieux, ils inventent leur univers et creusent leur sillon à l’écart des modes actuelles. La cohérence de leurs morceaux s’appuie sur des transitions bien huilées permettant de passer d’un style à l’autre avec aisance.
Sur ce nouvel EP, le titre éponyme Back from Ze USA séduira sans aucun doute les amateurs de gros sons rock, tout comme l’étonnant P-P-P-Paranoïd, basculant tout à coup dans l’électro avant de revenir vers la puissance d’un rock lourd et jouissif. Si le saxophone n’est pas à l’honneur sur ces deux titres et si l’aspect funk y est laissé de côté, on se rattrapera en la matière dans le reste du disque, notamment avec l’excellent Better, mais aussi Best Dream Ever et D-E-G-L-I-N-G-O, sur lesquels souffle un vent de folie, avec des interventions vocales dignes de cartoons. Sur ce dernier titre, qui clôture le disque en beauté, soulignons l’excellent solo de saxophone qui atteint son paroxysme sur une note d’une longueur à en perdre le souffle.
Quelques critiques modérées cependant, pour faire bonne mesure. D’abord, le disque contient moins de pures pépites que les précédents (qui avaient certes placée la barre très haut) mais sa qualité se révèle au fil des écoutes, ce qui est un excellent signe. Un seul morceau peut réellement nous laisser insatisfaits, Bee’s Nest, en raison de choix harmoniques moins convaincants. Mais surtout, surtout, la trop courte durée de cet EP donne envie de hurler qu’on en veut d’autres ! A cette saine frustration, il sera de bon ton de répondre par l’écoute répétée des 3 premiers EP de Noflipe : Lost in Dulltown, 7 Starz are Born et le double EP Brainz Out.
Juliette CHALARD-DESCHAMPS