Après Audincourt, la rockeuse anglaise s’offre un deuxième passage dans notre région au CDN de Besançon dans le cadre du festival Génériq. Une prestation attendue et à guichets fermés pour la talentueuse rockeuse anglaise, dans une configuration en mode seule en scène.
La salle est bondée, aucun fauteuil ne demeure libre et il est peu dans nos habitudes
d’assister à un concert rock aussi confortablement installé. La scène comprend deux guitares posées, quatre projecteurs sur pied, des spots rouges – couleur qui deviendra omniprésente sur scène ce soir – et une musique d’introduction sombre en attendant l’entrée de l’artiste, qui arrive avec environ un quart d’heure de retard.
Anna Calvi salue le public, s’installe et déjà on ne voit que du rouge partout. Le début du set est appliqué, sérieux, parfois même un peu timide au demeurant, mais très rapidement la jeune fille s’empare seule sur scène de ses compositions comme sur Swimming Pool, interprété tout en douceur et retenue, avec sa voix superbe. La seule réserve vient peut-être des fumigènes un peu agressifs, mais qui contribuent
également à créer une ambiance étrange et envoûtante.
Assez rapidement, le son devient beaucoup plus rock, très brut et direct. Les titres
s’enchainent avec entrain et peu de temps mort sous des applaudissements de plus en plus nourris, comme sur Indies or paradise – sonnant comme les Kills avec des riffs d’une rare puissance, et pourtant cette jeune femme est toujours seule -, ou le puissant As a man, à l’énergie elle aussi communicative. Des pieds commencent à taper le sol, des doigts battent la mesure et les bravos se font de plus en plus entendre. Anna mérite bien de boire un verre de vin – du rouge bien évidemment-, avant de poursuivre son répertoire avec Suzanne & I, et son dernier single Don’t beat The Girl Out Of My Boy, particulièrement efficace. Le concert s’achève, avant qu’un rappel – presque instantané – se produise pour le plaisir de la salle mais qui fut aussi source d’une petit déception. En effet, il ne fut composé que d’un seul titre, Jezebel, interprété en français, avant un départ définitif, laissant une salle un peu déçue – une heure « seulement » de concert, cette remarque se rencontrait dans de nombreuses conversations après le concert -, laissant comme un symbole le verre de vin à moitié vide – ou plein- sur scène, allusion métaphorique à un concert au goût d’inachevé pour certains.
Toutefois, en dépit de sa relative brièveté, force est de constater que cette artiste a livré
une prestation aboutie et audacieuse, sauvage et intimiste, nourrissant la comparaison
mimétique avec PJ Harvey. Audace, liberté, culture, trois mots qui illustrent également
l’esprit de Génériq, festival devenu incontournable. Merci encore aux organisateurs et à tous les acteurs qui rendent ces belles rencontres possibles. Sans modération.
Julien Lagalice
Crédits photo : Jrombf ; Michel Petit (merci encore pour leur contribution ; à signaler toute fois que les deux photos de Michel Petit ont été prises la veille à Audincourt, nous n’avons pu faire de belles photos pour la soirée de Besançon, à part celle de Jrombf).