C’est au White Bat Recorders, studio implanté au cœur de la campagne alsacienne à deux pas de l’Allemagne et de la Suisse, que Jean-Noël Scherrer a convié Sensation Rock pour une longue interview. En plein enregistrement du successeur de Weathering, le chanteur des Last Train nous évoque Cold Fame, de sa genèse balbutiante à ses actualités ambitieuses, ainsi que les projets de sa formation pour l’année 2019. L’entretien de termine en compagnie d’Antoine Baschung, batteur du groupe, et de Rémi Gettliffe, propriétaire des lieux.
N.B. : L’entretien ayant été généreux, nous avons décidé de le découper en deux parties distinctes. La première, consacrée à Cold Fame, la seconde évoquera Last Train.
Bonne lecture.
Sensation Rock – Cold Fame est un label et une agence de booking qui fête prochainement ses 4 ans d’existence et dont tu es le directeur. C’est également le label historique de ta formation, Last Train. Peux-tu revenir sur l’origine de cette structure en évoquant les motivations pour vous, alors jeune formation rentrant dans votre vingtaine d’année?
Jean-Noël Scherrer – Je crois que c’est venu super naturellement. C’est très naïf à l’époque comme démarche parce que nous venions de finir le lycée, plusieurs membres du groupe ont enchaîné avec un BTS audiovisuel et nous nous sommes retrouvés à avoir un projet de monter une tournée européenne, avec la sortie d’un premier single de deux titres avec un clip, un peu de promo, etc. On a essayé de faire ça bien et on a pris le temps de travailler, de monter un calendrier, toute une stratégie. Mais pour nous, cette petite opération était déjà un truc énorme. On était vraiment naïf : on n’avait ni connaissance, ni contact, on passait nos nuits à chercher à se faire une base de données, à chercher des salles sur le net, à rentrer en contact avec des journalistes, …
En même temps, on enregistrait avec Rémi (Gettliffe, producteur et ingénieur du son au White Bat Recorders, NDLR) le premier single Cold fever / Fire et tout s’est fait à ce moment-là : avec son collègue Julien, guitariste de Last Train, on s’est dit que les études s’étaient un peu chiant en comparaison de ce truc-là et que l’on souhaitait faire ça de nos vies : trouver des dates pour faire des concerts, pour nous mais aussi d’autres groupes. On a rencontré Holy Two, un groupe lyonnais avec lequel on avait une date, un plateau commun dans un bar étrange (sourires). Donc une soirée « Holy Two / Last Train » a eu lieu, un truc assez rigolo car ça n’a rien à voir au niveau des esthétiques et l’on est tombé amoureux de la musique, des musiciens et je crois que c’est à partir de ce moment-là que c’est parti : on ne le faisait plus seulement pour nous mais aussi pour d’autres et que c’était un plaisir de le faire. Je pense que c’est un peu Holy Two la genèse…
Sensation Rock – Votre première déclaration en janvier 2015, confirme cette naiveté et cet enthousiasme. Extrait : « CA Y EST !!! Il est difficile de nous retenir plus longtemps : on lâche tout aujourd’hui ! On est vraiment MAXI heureux d’inaugurer notre propre label et agence de tour : Cold Fame Records & Booking. A l’heure où l’obsession des groupes du monde entier est de signer avec un manager, un label, un tourneur afin d’accélérer leur développement, nous décidons (plus que jamais) de rester indépendant. Nous avons toujours fonctionné ainsi, et nous continuerons à le faire. Pas de kisskissgangbang, pas de demande de fonds, pas de délégation : juste notre envie, notre foi et notre énergie ! ». Pour ceux qui ne connaissent pas trop l’univers des labels, peux-tu donner les différentes démarches, voire difficultés pour y parvenir.
Jean-Noël Scherrer – C’est drôle parce que je sais très bien de quel post tu parles et qu’à ce moment-là on n’y connaît rien : on ne sait pas ce que c’est qu’une maison de disque, les tenants et les aboutissements d’un producteur de spectacle, … on y va à tâtons. Cette naïveté a été belle. On s’est pris pleins de râteaux mais on a connu beaucoup d’autres choses positives, c’était chouette car on a appris progressivement. On était tout jeune. Je suis content que cela soit venu spontanément. Les premières démarches à l’époque c’était tout con : on voulait faire tourner nos groupes, qu’ils soient visibles sur scène, vraiment l’activité d’un tourneur, rien à voir avec un label, une maison de disque. J’étais en charge de monter les tournées, quant à Julien, il était plus sur la partie phonographique, image, communication, la vidéo… On suivait les artistes en studio. A l’époque Holy Two enregistrait un EP. On faisait beaucoup de mails, de coups de téléphone afin de comprendre comment ça marchait. On a rapidement été bloqué par des problèmes juridiques et administratifs parce qu’on n’y captait rien… (sourires) C’est super drôle de se remémorer ses premiers efforts.
Sensation Rock – Et ça ne vous a pas démoralisés ? Aviez-vous une date butoire au-delà de laquelle vous repartiez dans des projets d’études ?
Jean-Noël Scherrer – Non, car tout ce que l’on faisait c’était de la plus-value pour les deux groupes, Last Train et Holy Two, qui n’avaient alors aucun entourage. On se donnait corps et âme à ce projet. Il y avait deux personnes qui bossaient H24 sur le développement de ces deux artistes. Même si c’était lourd, fastidieux et un peu laborieux, on savait que l’on faisait quelque chose qui n’existait pas avant. A l’époque, Julien et moi, nous travaillions au Quick afin de nous faire de la thune, pour vivre de ça, on cumulait un peu tout. C’est vrai qu’à l’époque nous ne dormions pas beaucoup mais nous étions fiers de ce que nous faisions et puis rapidement on nous a bien entourés, ce qui nous a permis de prendre des raccourcis, de griller quelques étapes laborieuses, d’avoir des outils, des méthodes de travail au bout d’un ou deux ans, des contacts, des connaissances, … Nous avons beaucoup beaucoup tourné avec Last Train, ce qui nous a permis de comprendre ce qu’est l’industrie de la musique, les différents corps de métiers. Depuis, beaucoup de choses ont évolué.
Sensation Rock – Justement, l’industrie de la musique avait opéré une nouvelle mue : c’était les années 2010, on voyait clairement qu’il s’agissait d’un secteur compliqué. Cela ne vous a pas freiné ?
Jean-Noël Scherrer – Non. Encore une fois : comme on n’y connaissait rien, on n’avait aucune base. Nos seules références étaient les quelques groupes locaux de rock qui jouaient à droite à gauche mais il n’y avait pas un leader parmi tous ces artistes qui avait fait son chemin au niveau national dans notre entourage proche. Comme on ne comprenait rien, on investissait toute notre énergie et notre bonne volonté. C’est vraiment cette naïveté qui a permis de dépasser tous ses premiers problèmes. Puis, nous nous sommes rapprochés de Deaf Rock Records, le label strasbourgeois.
Sensation Rock – La jeunesse a donc été un atout ?
Jean-Noël Scherrer – Grave. Aujourd’hui, je rencontre 3 ou 4 groupes à Lyon chaque semaine, pour des conseils et autres, et je vois que ça fait du bien d’avoir des bases, des acquis, comprendre une économie, un système, …. Nombreux sont les groupes plus âgés que le mien et qui ne les ont pas encore et qui doivent désormais s’y mettre pleinement.
Sensation Rock – Avec 5 ans de plus, si le label n’avait pas existé, te verrais-tu faire la démarche à la lueur de tout ce que cela implique ?
Jean-Noël Scherrer – C’est compliqué… Au-delà d’être passionné de musique, je suis passionné d’entreprenariat en général. Je passe ma vie à faire ça. Ça implique de faire des sacrifices, tout le temps, au quotidien et ce n’est pas le métier le plus rentable jusqu’à présent (sourires). Je ne me plains pas car j’aime beaucoup trop ça, donc sans doute que je le referai. Mais différemment.
Sensation Rock – Et si cela n’avait fonctionné, tu aurais fait quoi ?
Jean-Noël Scherrer – J’en sais rien. Avec Last Train, il n’y avait pas d’autre plan, c’est peut-être ça la clé. Il fallait que ça marche. On s’était armé de tous les outils nécessaires pour que l’on puisse avancer. Ne serait-ce que travailler au fastfood, c’était le moyen de gagner de la thune, pour travailler derrière, réinvestir de l’argent et partir en tournée. On a abandonné ça seulement quand on a eu les premiers revenus de la tournée avec Last Train et ainsi de suite. Aujourd’hui, on fait vivre des dizaines de personnes, qui sont au bureau ou avec nous sur la route ; c’est trop cool. Je pense qu’il y a le côté créatif dans la musique, mais aussi celui stratégique et qui nous a beaucoup aidé avec Last Train afin de placer nos pions sur l’échiquier comme nous en avions envie. Parler de groupe indépendant qui fait ce qu’il veut depuis le début, c’est réfléchir au-delà de l’aspect artistique. Et pouvoir le faire pour d’autres groupes, c’est plaisant.
Sensation Rock – Vous avez opté pour une implantation lyonnaise alors que vous êtes originaires d’Alsace. Comment justifiez vous ce choix ?
Jean-Noël Scherrer – Par rapport à ce que je viens de te dire, la réponse doit être radicalement différente entre il y a 5 ans et aujourd’hui. Parce que les arguments valables à l’époque, en l’occurrence on voulait monter un label mais ici il y avait déjà un label rock alsacien, Deaf Rock Records, bien en place alors on a voulu aller ailleurs, … pourquoi pas mais bon c’est pas un argument de marque … A l’époque, j’ai suivi ma copine qui partait à Lyon. J’ai découvert la ville, j’en suis tombé amoureux. J’avais envie de partir mais pas à Paris car il y a une certaine centralisation de la culture là-bas. Cela aurait eu peu de sens de créer une agence comme Cold Fame dans la capitale. Ici à Lyon, on a plus de poids, de marche de manœuvre, de crédibilité en local et au quotidien. On est aujourd’hui devenu un véritable acteur des nuits lyonnaises.
Sensation Rock – Aviez-vous un modèle de développement, un label français ou étranger de référence en tête ? Deaf Rock Records? Born Bad Records ?
Jean-Noël Scherrer – Certes les gens ont vu Cold Fame comme un label, une maison de disque, mais en réalité c’est et c’était une toute petite partie de ses activités. On a effectivement produit les disques de Last Train et de Holy Two, mais nous n’avons pas signé d’autres artistes en label pour produire leur disque. Tout ce que nous avons fait est basé sur le live, la production et le développement de tournées, le booking, la prod’ de concerts, … ce qui me tient à cœur. On a même séparé les deux activités pendant un moment – Cold Fame Records et Cold Fame Booking. Aujourd’hui, Cold Fame est uniquement producteur de spectacles. Pour revenir à ta question, oui forcément c’était des modèles pour nous. C’était pas très très clair cette histoire de différents métiers de la musique. On ne voyait que des entités qui permettaient à des groupes de se développer. On buvait les paroles de ces gens-là.
Sensation Rock – Et quand durant le festival Génériq 2017, Zégut assiste à votre concert surprise au Stade Bonal à Sochaux, il vient pour admirer les jeunes pousses du rock français ou pour vous donner des conseils ?
Jean-Noël Scherrer – On est devenus des copains (rires). Sérieusement, il a apprécié le propos artistique avant tout. Il nous avait découverts à la Flèche d’Or ; on ne savait absolument pas qu’il était là. Il a fait une capta … Ensuite, il nous a suivi, il est venu fréquemment : Stade Bonal, la Poudrière à Belfort, on a bouffé plein de fois ensemble, etc. Il nous a invités dans son studio faire les lives sur RTL2, c’était cool comme initiative.
Sensation Rock – Aujourd’hui Cold Fame, c’est combien de personnes ? Et qui fait quoi ?
Jean-Noël Scherrer – La partie disque a été mise de côté sur une nouvelle société. Au bureau 4 personnes se chargent uniquement du live aujourd’hui. Dans ces permanents, il y a Justine, mon associée pour la partie production, administrative, ainsi que la régie pour les groupes sur la route. C’est la pierre angulaire de cette boite, sans Justine tout s’arrête. Il y a aussi Mathias qui est agent de booking, il vend des concerts. Marie est responsable de promo locale et gère le community management. Quant à moi, je dirige la société mais je booke aussi avec un catalogue personnel. Je développe la société en bien d’autres points en proposant notamment des formations, des accompagnements de développement : le chantier des Francos, le Studio des Variétés, le Fair, plein de choses différentes.
Sensation Rock – Pour le dernier trimestre 2018, vous aviez programmé une soixante de concerts en France mais aussi à l’international. Etes-vous rompu à cet exercice? Quelles sont les difficultés possibles pour de tels événements ?
Jean-Noël Scherrer – Ça dépend. Soit on est simple agent, on vend un concert et l’on prend une commission, soit on est producteur de l’ensemble de la tournée, dans ce cas-là on gère toute l’économie de la tournée. On est quasiment producteur de tous les artistes français que l’on a et donc on décide d’investir sur l’international, l’export mais surtout quand ce sont des opportunités qui valent le coup, avec des dates qui ont du sens. La plupart de nos groupes sont en développement, on a besoin d’asseoir encore les choses en France avant d’aller voir ailleurs.
C’est Holy Two qui a commencé avec deux tournées au Canada, en Asie avec la Corée du Sud et le Japon en lien direct avec la tournée du premier album. A contrario, on fait venir des artistes étrangers en France : les Hollandais de EUT, Crocodiles, …
Sensation Rock – Comment avez-vous réussi à étoffer votre catalogue avec justement des artistes étrangers ?
Jean-Noël Scherrer – C’est une grosse partie de mon taf. Je passe le plus clair de mon temps sur la route, soit en France soit à l’étranger. J’accompagne sur des festivals showcases, un peu comme le MaMA Festival, les Bars en Trans, des petits festivals avec énormément de concerts, de lieux différents, de rassemblements professionnels où l’on retrouve les agents, les programmateurs, les managers; on y voit pas mal d’artistes. DTSQ, que je viens récemment de signer, c’est un artiste que j’ai vu en Corée du Sud en accompagnant Holy Two. Il va d’ailleurs faire une chouette tournée en France cet été et devrait passer par chez nous.
Sensation Rock – Le catalogue Cold Fame propose des formations clairement identifiables, telles Asteroid Galaxy Tour ou encore Wallace Vanborn mais aussi et surtout des groupes plus récents. Peux-tu évoquer en quelques mots les dernières venues au sein de l’écurie Cold Fame ?
Jean-Noël Scherrer – Oui, c’est la plus grosse part du travail. Si je devais faire tourner les Raconteurs, ce serait facile, c’est de la gestion de calendrier. Pour un énorme groupe, on ne fait que cocher des cases et annoncer un prix. Alors que le développement de l’artiste c’est beaucoup plus compliqué, ça coûte beaucoup d’argent pour des artistes peu rentables mais on le fait avec une vraie passion. C’est ça qui est intéressant, on a des vrais coups de cœur, des artistes que l’on a vu live avant, comme Born Idiot. Ce sont des Rennais que nous avons rencontrés il y a un an. Ils sont 5 sur scène, ils font une pop un peu naïve, un peu planante mais aussi un propos assez rock une fois sur les planches. A ne pas rater (voir notre chronique découverte du printemps dernier).
Il y a aussi Thé Vanille que tu as vu aussi lors du festival Détonation (live report ci-joint) C’est un groupe que je rencontre au Chantier des Francolies, le dispositif d’accompagnement du festival il y a également un an. Comme ça matche assez vite, on décide de travailler ensemble, de monter quelques concerts et finalement on a fait une tournée d’automne avec tous les festivals découverte : MaMA Festival, les Bars en Trans, Crossroads, les Rockomotives, les Nuits de Champagne, … Ils font l’unanimité à chaque fois parce que c’est une boule de fraîcheur, d’énergie sur scène. La semaine prochaine, ils rentrent en studio avec Dan Levy, la moitié de The Do qui a produit Jeanne Added, Las Aves, Thomas Azier, … on verra vers où cela nous mène cette histoire, mais ça semble bien parti. Pour faire attendre, ils viennent de lâcher un EP acoustique. C’est agréable de travailler avec ce genre d’artiste parce que c’est super efficace, parce qu’ils sont bons, adorables, avec une esthétique … (Antoine Baschung, batteur de Last Train déboule dans le studio).
Sensation Rock – Tu parlais de proximité avec Deaf Rock. Et dans votre catalogue on retrouve Crocodiles, la dernière signature du label strasbourgeois.
Jean-Noël Scherrer – Je ne sais plus comment a eu lieu la rencontre avec Crocodiles, mais avec Jul’ (Julien Hohl, fondateur du label Deaf Rock, NDLR) on a plein de trucs en commun : il est manager de Last Train, on a été associé sur différentes sociétés et on l’est encore aujourd’hui, … Généralement quand j’ai une envie de signature, il me la communique pour le tour et moi je lui communique pour le disque. Ça l’a fait pour Crocodiles et on a été étonné parce qu’ils sont passés par plein de super labels, d’agences de booking différentes et finalement on a récupéré le bébé ensemble. C’est cool ça commence en février ; ils ont lâché un titre hier et feront la Laiterie le 12 février, avec en première partie EUT. Ce sont surtout des histoires d’êtres humains.
Sensation Rock – Quels sont les projets pensés par Cold Fame pour l’année 2019?
Jean-Noël Scherrer – Comme évoqué auparavant, Cold Fame ne sera plus un label mais une agence de diffusion, de production. Nos objectifs sont d’étoffer le catalogue, d’ailleurs de nouvelles signatures ne sont pas encore annoncées (sourires) et de trouver des concerts pour ces artistes. Ensuite, à partir de février, et une fois par mois, on va donner un rendez-vous à l’esthétique radicalement rock sur Lyon. L’idée c’est de mettre la prise de risque en avant avec des concerts sans filet, sans ordi, sans bande, ni sample, etc. Tout cela doit déboucher sur un festival en septembre. On va également travailler avec les Nuits Sonores, le gros festival electro à Lyon. Nous serons en charge d’une des soirées rock lors du festival.
Sensation Rock – Peux-tu développer sur ces événements mensuels de type warm up? Y a-t-il déjà des noms, des envies de programmation ?
Jean-Noël Scherrer – Je pense que cela a peu de sens d’arriver du jour au lendemain avec un festival, un line up tout fait, etc. Il faut faire murir l’idée qu’il y a un promoteur rock à Lyon, qui défend le genre, la musique live. D’ailleurs, plus il y a de propositions mieux c’est. Je ne crois pas trop à la concurrence dans le rock, au contraire il faut une multitude de propositions pour que les gens y soient sensibles. Un rendez-vous mensuel c’est suffisant, c’est pas notre métier de base d’être promoteur local, d’autres le font très bien, mais pour nous ça a du sens de faire ces warm ups jusqu’au festival. D’ailleurs, on le continuera après, comme un fil rouge.
Sur les artistes à venir, certains sont déjà annoncés : De Staat le 17 février au Transbordeur. Ce sont des Hollandais avec qui on a déjà joué plusieurs fois, ils sont complètement barrés. C’est Rémi d’ailleurs qui nous les a fait découvrir avec un clip, il faut que t’aille voir ça c’est assez fou. La deuxième soirée, ça sera avec le Collectif Misère, un collectif lyonnais car on avait aussi à cœur de mettre en avant la scène locale. Côté performance, c’est 4 groupes de rock psyché qui jouent tous ensemble sur le même plateau. Ça tourne sans arrêt, c’est un live qui ne s’arrête jamais, en somme c’est une seule track du début jusqu’à la fin.
Sensation Rock – Et donc pour ce festival, y a-t-il déjà des noms que tu peux diffuser ? Quelles seront les modalités prévues (nombre de jours, lieux, …) ?
Jean-Noël Scherrer – Avec ce festival, on entre dans un nouveau game, avec beaucoup plus des responsabilités mais l’événement est déjà bien accueilli à Lyon par tous acteurs qui sont déjà en place. Il se jouera sur plusieurs lieux et plusieurs soirs. On en dira plus au fur et à mesure de l’année.
Sensation Rock – Quel est ton regard sur le rock en général, français ou étranger ? Et est-ce une raison pour développer davantage d’événements autour du genre alors que de plus en plus de festivals, notamment les plus gros, intègrent à leur programmation du hip hop, le genre phare aujourd’hui en France, ou de l’électro.
Jean-Noël Scherrer – A titre personnel, le rock est intemporel. Il y a plein de modes. Tu cites l’electro, il y a dix ans, c’était la « fête du slip » en lieu et place du hip hop aujourd’hui. Le rock a toujours été là, il n’a jamais fait l’unanimité, mais il ne décevait personne non plus. Tout le monde aime écouter des guitares, voir des groupes jouer live, … il sera toujours présent. Forcément, c’est un style un peu plafonné et rares sont les groupes qui arrivent à breaker. Je faisais un bref état des lieux à ma mère des plus gros groupes de rock en ce moment, elle ne connaissait personne ce qui est normal, preuve que ce n’est plus un genre grand public aujourd’hui. Comme je te le disais avant, je pense qu’il faut des représentants, des gens qui s’y tiennent et continuent à proposer des ouvertures, des scènes pour tous ces groupes qui prennent des risques sur scène.
Sensation Rock – Il reste alors les festivals de taille intermédiaire.
Jean-Noël Scherrer – Oui. Le This Is Not A Love Song Festival à Nîmes qui a pris des points de ouf, La Route du Rock à Saint-Malo est devenue une référence et il vient d’annoncer Tame Impala, le Pointu Festival qui est arrivé il y a trois ans, là où personne ne croyait qu’un festival rock puisse se tenir dans le Sud (Six-Fours-Les-Plages, NDLR) et qui arrive à faire venir Fidlar, … je pense que les gens en toujours besoin et si s’est fait avec finesse et élégance, tout peut bien se passer. Tous ceux que je viens de citer ont la cote, ils sont plutôt hype. Le gros risque du rock c’est de faire des trucs un peu beauf. Le rock doit être cool et sans prise de tête. (sourires)
A suivre la seconde partie de cet entretien, celle-ci centrée sur le groupe Last Train.
-Propos recueillis puis retranscrits: Benoît GILBERT.
-crédit photos: Benoît GILBERT, sauf celle prise au Stade Bonal (Eric), celle des locaux (Cold Fame) et celle de Born Idiot (photo promotionnelle)