Cette nouvelle édition du festival Rock Your Brain avait dans sa programmation un avant-goût d’anniversaire pour l’association Zone 51 qui soufflera en décembre ses 20 bougies. Trois jours de musique rock avec des grandes tendances, à savoir “metal” pour le vendredi, “punk” pour le samedi et “rock and roll” le dimanche. Des étiquettes un peu faciles certes mais que ce fut bon!
DIMANCHE
Dernière journée du festival ; journée en deux temps.
En tout début d’aprèm, la salle s’ouvre aux enfants et leur famille. Comme lors du récent festival Impetus, les Smash Hit Combo ont été conviés afin de faire une initiation pour les petites têtes blondes à la musique metal (voir le report de la Poudrière ci-joint ). Metal For Kids est un moment excellent : les parents prennent leur dose de gros riffs et de blasts, tandis que les petiots découvrent les joies du mushpit downtempo, le braveheart bon enfant et la gestuelle de circonstance. Les titres inspirés par l’univers jeux vidéo et mangas font recette. Une heure sous l’égide de Zob, le MC politiquement incorrect distribuant les sucreries par poignées, voilà pour le premier volet de la journée.
Les portes se referment pour mieux s’ouvrir à 16h. Attention changement d’atmosphère, d’ambiance et de configuration. Des chaises jalonnent la salle alors que Gretsch Man Band entre en piste.
Cette franchise canadienne est un échauffement d’excellente facture : il s’agit en fait du band qui entoure aujourd’hui Dick Rivers. Ce dernier arrive une demi-heure plus tard devant un parterre dévolu à l’ancien chanteur des Chats Sauvages. Bien qu’affichant 73 ans, l’homme paraît toujours pimpant dans son habit de scène et ses Santiags. Entre les titres, il nous revèle pourquoi et comment il s’est initié au rock’n’roll et rappelle aussi que les racines bluesy de cette musique, aujourd’hui très hétéroclite, sont ancrées dans l’histoires des esclaves du Sud des States. Dick s’éclipse un court temps – temps durant lequel la carte blanche est cédée à son trio batterie-contrebasse-guitare d’outre-Atlantique – et revient boucler un show impeccable. Une bonne surprise!
A 18h30, il est suivi par une autre icône du genre en France, Little Bob. Désormais baptisé Little Bob Blues Bastards, son groupe balance un blues pur sucre, avec une place non négligeable à Mickey Blow, l’harmoniciste qui affiche à la ceinture, tel un cowboy, pléthore d’instruments métalliques. Derrière sa petite carrure et son âge certain, Roberto Piazza est un show man chevronné et débridé. Le public est réceptif et s’enivre de ces sonorités d’ailleurs pendant 60 minutes. L’homme, d’une générosité sans faille, prendra tout autant de temps dans le hall principal après le concert pour échanger, signer des autographes et partager des photos avec un groupe conséquent de fans.
Changement de plateau, les chaises quittent la fosse et gagnent la scène. Popa Chubby s’installe. L’imposant virtuose entame son tour de chant et de guitare avec le sourire. Bien que très en peine pour se mouvoir – l’homme a été fraîchement opéré des deux genoux – il se dresse fièrement face à une foule religieuse après son interprétation magique de Hey Joe. Prodigue de la guitare, il n’en est pas moins un batteur impressionnant, véloce même, qui défie son fidèle affuteur de baguettes dans une joute rythmique. C’est sous des vivats plus que mérités qu’il se retire pour flâner un instant dans le hall. A son tour, l’homme se plie au jeu des dédicaces, oubliant un instant sa fatigue physique. Chapeau l’artiste !
Trust doit gagner les planches à 21h30. Les dernières prestations de Bernie sur scène n’étaient pas fameuses (lors du festival des Artefacts et au cours du Hellfest 2018 pour ma part). De retour ce soir en Alsace, le groupe de hard rock était là pour assurer le SAV de son dernier disque, Dans le même sang. C’est dans une atmosphère à grands renforts de spots rouges et de murs d’amplis rutilants que la formation envahit l’espace pour un concert d’1h15. Epaulés par un contingent de sensuelles choristes, Trust joue la carte charme et soul music pour davantage de chaleur accolée aux solides solos de Nono. Le public est alors le plus nombreux à ce moment de la journée. Mais, la mayonnaise peine à prendre; c’est bien connu : blanc sur rouge, … rien ne bouge ! Lorsque résonnent l’arpège introductif d’Antisocial, on comprend pourquoi les gens se sont massés: les souvenirs… Fin du spectacle, on ne peut que se désoler de voir qu’après cela, beaucoup quittent le lieu. Certes, quelques sortent pour s’aérer et prendre une bière avant le dernier assaut, mais une majorité s’est retirée.
Une ineptie car Phil Campbell et sa smala sont le plat de résistance. Les titres massifs s’enchaînent et la prestation punchy du chanteur Neil Starr ravit une foule bien maigre mais totalement conquise. Comme lors de son passage au Club de La Laiterie, l’homme au chapeau se régale et offre au-delà des chansons composées en famille quelques perles motörheadiennes (Ace of Spade, Rock out, …) ainsi que Silver machine d’Hawkwind. Bref, c’est en beauté que se referme cette sixième édition du Rock Your Brain.
L’association Zone 51 a sacrément bien œuvré pour monter cette affiche éclectique et d’excellente facture. On a hâte d’être en octobre 2019 pour la prochaine manifestation. On sait d’ores et déjà que la journée punk verra le retour des Sheriff et l’invasion scénique des Ramoneurs de Menhirs avec le duo Breizhstans.
Encore un grand merci à toute l’équipe de Zone 51 (mention spéciale à Elise !) ainsi qu’aux agents de sécurité bienveillants ; à l’année prochaine !
-Benoît GILBERT
Crédit photos: Benoît GILBERT