Cette nouvelle édition du festival Rock Your Brain avait dans sa programmation un avant-goût d’anniversaire pour l’association Zone 51 qui soufflera en décembre ses 20 bougies. Trois jours de musique rock avec des grandes tendances, à savoir “metal” pour le vendredi, “punk” pour le samedi et “rock and roll” le dimanche. Des étiquettes un peu faciles certes mais que ce fut bon!
SAMEDI
Deuxième jour donc.
A l’heure du goûter, c’est Diego Pallavas qui déboule. Dernier venu sur la programmation du festival – en lieu et place de David Thibault – le quatuor est emmené par Batbat, chanteur à la déclaration résolument punko-underground made in France. Proche de Pigalle et consorts. A l’écoute des titres énergiques, on se laisse embobiner par la gouaille du leader affichant fièrement une belle et sanglante vraie/fausse balafre à l’arcade sourcilière. Côté public, la salle est loin d’être pleine mais ça sautille déjà gaiement.
Exit Diego, le changement de plateau est rapide. Une demi-heure plus tard, ce sont Les Rats qui parcourent les planches. La prestation des Franciliens fait plaisir à voir, d’autant qu’après l’annulation du concert de la veille, certains fans craignaient un même sort ici qu’au Gueulard +. Aujourd’hui, la bande est en forme, le sourire ne quitte pas le visage de Patrice, le chanteur même lorsqu’il entonne Enfant à problèmes. La reprise de Paris s’éveille à la sauce punk fonctionne bien et ravit les plus nostalgiques de cette période des années 80, période phare de Parabellum, des Béru et de la Mano Negra. Le pogo est alors de circonstance.
La présence des Sales Majestés, bien que déjà à l’affiche de l’édition de l’an passé, ne semble pas être un problème pour les légions de fans qui sont désormais bien en place lorsque la formation prend ses quartiers. Avec eux, barre à gauche toute pour une plongée dans le punk à la saveur anarchiste et porté par des titres engagés largement repris en chœur (Les patrons, Fils de personne, Sois pauvre et tais-toi !; …). Le show ultra-rodé des keupons est plaisant, voire en passe de devenir familial : « comme le veut la coutume », dixit le chanteur et guitariste Yves Cessinas, c’est l’heure de Petit Papa Noël et d’une invasion de marmots sur scène. Et ça saute de partout, enfin ceux qui ont été coaché en amont par papa ou ceux qui lisent dans le regard désespéré de maman : « vas-y mon grand, saute ! » Entre engagement et franche déconnade, l’heure passe bien vite avec ces Sales Gosses.
Sales gosses disais-je, en voilà un archétype, bien heureux de sucroît. Peut être l’effet “retraité” de la RATP, comme le suggère une chaise au merchandising. Bref, Didier Wampas et son groupe sont dans la place. Les Wampas, aujourd’hui un groupe quasi-culte. Oui mais pourquoi ? Des titres raffinés, vantant la geste sportive (Rimini), goguenards (Manu Chao), un bon goût vestimentaire élaboré au cœur des rayons de Pimkie et autres magasins Jennyfer glanant ici le petit (mais vraiment petit) haut rose, là le diadème en plastique, etc. et cette voix qui flirte parfois avec la justesse, comme sur cette reprise d’Où sont les femmes ? En somme tout était encore réuni ce samedi pour que les Sélestadiens se dérident. Didier a slammé à plusieurs reprises, guitare en bandoulière et a invité son auditoire à un braveheart final. Chauffés à blanc, les festivaliers pouvaient désormais accueillir The Adicts.
Le gang britannique démarre à 22h. Là aussi, la mise en scène prime : Monkey (Keith Warren pour l’état-civil de Sa Majesté) arrive, grimé comme un joker halluciné surmonté d’un chapeau melon, et dispatche quantité de cartes à jouer durant les premiers titres que furent Let’s go, Joker in the pack et Horrorshow. Les simili-droogies qui l’entourent enchaînent les tubes qui lorgnent en direction des chansons à boire. En l’espace de quelques minutes, les Tanzmatten se métamorphosent en pub so british. Le leader poursuit sa performance en déchirant sa chemise, dont les lambeaux sont disputés par les premiers rangs, et fait mine de déguster des nouilles de papier à l’aide de baguettes chinoises lors de Chinese takeaway. Délirant jusqu’à la dernière note d’un You’ll never walk alone entonné a capella, le public est saoûl de plaisir.
No One Is Innocent vient remettre la rage au cœur de la soirée. Alignant les brûlots et les titres coups de poings, le quintet alterne entre son dernier né, Frankenstein (A la gloire du marché, Ali (King of the ring), etc.), et ses standards (Chile, La peau, …). Kemar saute encore et toujours, increvable à l’instar du lapin Duracell ! Tout sourire, Shanka affute ses riffs ultra-métalliques à la mode de RATM, hurle dans les micros de sa 6-cordes mais malheureusement, le gratteux finit le show avec un instrument récalcitrant. Furieux à l’issue du dernier titre, il quittera la scène le premier. A part ça, tout fut génial ; côté foule, au-delà de ceux qui s’étaient harnachés à la crash barrière, un imposant pogo fut quasi permanent. Une grosse claque même si la prestation ne dura qu’une heure.
Afin de refermer ce samedi comme il se devait, Zone 51 – l’association à l’initiative du festival – a opté pour les festifs Los Tres Puntos. C’est donc au son d’un ska enjoué que la formation enchaîna des chansons dynamiques et gorgées de sonorités chaleureuses grâce à une section de cuivres efficace. Un instant, la Mano Negra sembla de la partie.
fin du 2e acte.
-Benoît GILBERT
Crédit photos: Benoît GILBERT