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SUEDE, The Blue Hour

Groupe mythique de la brit-pop, Suede revient avec un déroutant huitième album, mélange de requiem et de renaissance rock, qui semble bien loin de la bande-son british des années 1990. À 50 ans, l’élégant Brett Anderson et ses musiciens continuent une oeuvre puissante, renforcée par l’orchestre philarmonique de Prague pour huit des quatorze nouveaux titres, loin de toute contrainte artistique.

 

L’ouverture As One donne le ton : nous écoutons une sorte de requiem, plongés dans l’obscurité, bercés par des guitares tapageuses et des chœurs saisissants. L’orchestration surpuissante, ambiance Carmina Burana par moment, accompagne parfaitement les envolées lyriques et inquiétantes de Brett « Here I am/Talking to my shadow/Head in my hands ».

Le superbe et très « suedien » Wastelands fait insensiblement penser à des titres tels Trash, clin d’oeil à la jeunesse éternelle ou défi face au vieillissement. Mistress, plus calme mais non moins complexe, avec la même voix remarquable de désespérance, aboutit à un chaos émotionnel, avant que le non moins superbe Beyond the outskirts replonge les fans dans les plus belles heures du groupe.

 

Le deuxième tiers du disque alterne entre des titres plus calmes et intimes, dont Chalk Circles qui nous plonge dans une autre messe rock, l’étrange Roadkill ou le très beau Life is gloden, dont Brett Anderson assure qu’il s’agit de la chanson la plus bouleversante qu’il ait jamais écrite. D’autres morceaux, comme le power-pop Cold Hands, single en puissance aux accents de U2, soulignent la qualité de ce groupe qui fut peut-être le meilleur de toute sa génération. Le formidable Don’t be Afraid If Nobody Loves You est un des points d’orgue de cet album, titre flamboyant sur l’incertitude d’affronter des lendemains inconnus.  

 

Le court interlude Dead Bird se présente comme une transition parfaite avant All The Wild Places, avec un jeu de cordes particulièrement soigné pour une composition assez cinématique et envoûtante. The Invisibles semble répondre à ces jeux d’ombre et d’obscurité de l’ouverture, avec un final limite crooner particulièrement délicieux. L’ultime composition de près de six minutes et quarante secondes, Flytipping, est un autre moment de bravoure du disque : le final grandiose permettront aux fans hardcore du groupe de s’y retrouver, et aux autres de découvrir la puissance créatrice de ce groupe majeur.

 

Ainsi, ce groupe devenu tellement familier livre un disque remarquable et séduisant à l’étrangeté romantique, témoignant d’une formidable vivacité de Suede, un quart de siècle après leurs débuts discographiques. Au moment où nous nous interrogeons sur la pertinence de garder ou non le changement d’heure, optons pour le créneau suédois et vivons plutôt avec l’heure bleue.  

Julien Lagalice

Artiste : Suede

Album : The Blue Hour

Label : Warner Music

Date de sortie : 21 septembre 2018

Genre : rock alternatif, art rock

Catégorie : album rock

 

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