Le groupe Nervous Conditions, originaire de Cambridge, a partagé jeudi dernier, en fin de journée et après plusieurs mois sans nouvelles médiatiques, un premier album « sobrement » intitulé Untitled. Une démarche suffisamment curieuse pour être soulignée puisque la jeune et éphémère formation avait annoncé sa séparation le 30 janvier dernier, quelques jours avant une première date en France. Effectivement, les Britanniques devaient assurer l’ouverture d’Ulrika Spacek et de Lysistrata au Consortium à Dijon le 11 févrirer, dans le cadre du festival Génériq.
Composé de jeunes anglais nourris au post-punk et aux expérimentations de Pere Ubu, The Fall ou encore de The Ex, Nervous Conditions jouit d’une solide partie instrumentale. Dans le groupe, ils sont huit au total : Connor Browne au chant et à la guitare, Issac Wood à la guitare, Tyler Hyde à la basse, Lewis Evans au saxophone, Mia Kershaw aux claviers, Georgia Ellery au violon, Charlie Wayne et Jonny Pyke aux batteries.
Leur premier effort, qui ne porte pas de nom précis comme s’il fallait mettre de côté toutes formes d’identifications, reste fidèle aux sonorités reconnaissables du groupe. Enregistré en live dans le comté d’Essex au Royaume-Uni, Untitled propose six titres, plus ou moins longs, rassemblant les éléments furieux et urgents du post-punk aux motifs progressifs du free-jazz. Le résultat est on ne peut plus somptueux et inédit, la rage vocale et désabusée de Connor Browne (qui écrit d’ailleurs toutes les chansons en posant des mots sur la société anglaise actuelle) rejoint les saturations des guitares et les dissonances du saxophone.
Partagée uniquement sur Youtube dans un format « full album », l’expérience se veut violente et chaotique mais nécessairement cathartique. Reste à savoir si c’était la dernière fois que l’on entendait parler de Nervous Conditions. Si tel est le cas, Untitled restera paradoxalement un beau mais malheureux et prématuré chant du cygne.
