Dimanche, J3 – La fin
N.B. : Ayant assisté à une trentaine de concerts ce vendredi, nous avons décidé de découper en trois parties ce live report afin de ne pas effrayer nos lecteurs. Précédemment ont été évoqués les 20 premiers shows. Dans cette troisième partie sont décrits les concerts ayant eu lieu durant la soirée.
Bonne lecture.
Iron Maiden joue deux heures ce soir, et est attendu comme le Messie. Iron Maiden, c’est la petite cerise sur le gâteau. Le petit truc en plus, le bonus. Le groupe que l’on suit depuis des années, que l’on a déjà vu des dizaines de fois et que l’on pourrait revoir encore et encore sans se lasser. Iron Maiden, on connaît la chanson, entrent toujours sur scène après avoir proposé d’écouter Doctor Doctor, puis le Churchill’s Speech, avant d’apparaître sur scène et de débuter le concert sur Aces high. La mise en scène est toujours aussi impressionnante, avec notamment la présence d’un avion volant au-dessus des musiciens, et Bruce Dickinson portant son casque de pilote d’avion. La voix reconnaissable entre mille du chanteur se fait porteuse d’émotion, et surtout porteuse de messages de paix lorsqu’entre deux titres, il discute (et en français s’il vous plaît) de la guerre, de la paix et de l’amour. Where Eagles Dare est interprété à sa suite, suivi par le cultissime et repris en choeur par la foule 2 minutes to midnight. C’est une setlist presque best of à laquelle on assiste, et très peu de temps après apparaît sur scène Eddie, la mascotte du groupe, et Bruce avec un drapeau annonçant The Trooper. La folie est reine pendant ce concert où les mythiques musiciens sont en grande forme, extrêmement souriants et heureux d’être présents. Nous apprécions vraiment l’énergie dégagée par ces talentueuses personnes et tout porte à croire que ce sera l’un des meilleurs concerts du groupe. Une grande partie de la discographie est représentée, avec notamment des titres cultes comme For the greater good of God, The wicker man, Sign of the cross et Flight of Icarus, avant que ne soit lancé le final apocalyptique ! Fear of the Dark, The number of the Beast, Iron Maiden sont joués avant le rappel ! Et quel rappel !! The evil that men do, Hallowed be thy name et Run to the hills pour clôturer ces deux heures de set en grande pompe !! L’ambiance est à son paroxysme, tout est fou et ce concert est absolument excellent à tout point de vue, à commencer par le son. Un concert d’Iron Maiden est à voir et cette tournée semble extraordinaire.
Rajouté dans les dernières semaines précédant le festival, qui mieux que Kadavar pouvait tenir une scène comme la Valley pendant qu’Iron Maiden siphonnait le gros des festivaliers ? Face à ce défi insensé, le trio allemand se donne à corps perdu face à une foule comptée. Les titres du denier opus font chavirer les amoureux de cette musique psyché, ralentie et à la saturation massive. Lupus semble pousser de puissants cris durant ses soli boostés à la wah wah tandis que Tiger ne cesse de grimacer derrière ses fûts, le cheveu au vent(ilateur).
L’éclate totale en quelque sorte. (…) Troisième fois que j’assiste à leur show en l’espace de 6 mois et je ne m’en lasse toujours pas de ce moment de musique revival. La setlist varie sensiblement (l’ordre n’est pas le même qu’à la Laiterie ou à la Poudrière) au cours de cette longue tournée Rough times Tour. Contre la monotonie, optez pour le Cadavre !
A l’occasion d’une pause rafraichissement pendant Iron Maiden, nous sommes allés nous poser un instant devant le Temple où se produisaient les finnois d’Ensiferum. C’est toujours un plaisir de voir les vikings représentés au Hellfest sous le Temple, et Ensiferum ne déroge pas à la règle. Bien entendu, la carrière du groupe est représentée en nombre ce soir car quasiment une chanson de chacun des albums est interprétée. Ainsi, le set débute avec For those about to fight for metal, puis laisse suite à Two Paths. From Afar et Way of the warrior font se dandiner les spectateurs, qui s’amusent comme des petits fous. C’est plus facile quand les trois quarts des festivaliers sont rassemblés devant la Main Stage et que la Temple est presque vide :)- L’hymnique Twilight Tavern fait monter la chaleur au coeur du public tandis que Lai Lai Hei achève la foule, qui se demande quand est-ce que cela finira ? Eh bien pas encore maintenant, car il reste tout de même Two of Spades et finalement c’est le culte Iron qui clôt ce set, avec notamment une prestation du public exceptionnelle, qui s’assoit par terre comme si l’on était dans un drakkar et rame, rame dans le bateau… Prestation de grande qualité avec un son au top. On en retiendra un très bon souvenir !
Alors qu’Iron Maiden entame la seconde moitié de son spectacle sur la Main Stage1, The Hellacopters prennent possession de la scène punk. Ici il n’est pas question de débauche de lumières, de décor grandiloquent, niet ! Les musiciens sont essentiellement éclairés à contre-jour, laissant des silhouettes se dessiner sur les planches et, à de rares moments, comme des instants volés, le visage de Nicke Andersson sortant de la pénombre sous l’action des stroboscopes.
Multicasquettes les Suédois ? Deuxième concert de la journée pour Dregen et ledit Andersson : si le premier est resté auprès de sa 6-cordes fétiche et aligne à la perfection les soli bien sentis, le second après avoir frappé sur les fûts de Lucifer au matin, se retrouve sur le devant de la scène pour chanter des titres emblématiques du groupe comme Hopeless case of a kid in denial, You are nothin’et Toys and flavors en ouverture. Le concert se conclut avec By the grace of god et (Gotta get some action) NOW !, concert certes dynamique mais un brin propret.
Un concert de Marilyn Manson est toujours un moment particulier à vivre, car le bonhomme aime faire des siennes. Aujourd’hui, il a décidé de chanter mal. Et faux. Et en étant allongé sur les retours sons. Du coup, ça fait des larsens. Ce qui l’agace. Donc il jette le micro par terre. Et puis, oh ? Si on faisait monter des filles sur scène ? Allez, hop ! Kill4Me est donc l’occasion de faire monter des fans sur scène, et de jouer avec elles avant de les expédier vers les coulisses à la fin du morceau. Mais surprise, quelques instants plus tards, de nouvelles jeunes filles, topless cette fois-ci, font leur apparition sur scène aux côtés de l’artiste. Cela dit, parmi les jeunes filles en question étaient présentes deux demoiselles des Mystical Tribes, qui ont fait plusieurs shows pendant le festival et déambulaient déguisées sur le site). Bien entendu, Marilyn Manson n’a pas fait l’impasse sur sa reprise de Sweet Dreams, ni sur Say10 ou Antichrist Superstar. Le set s’est terminé avec The beautiful people et bien content d’en avoir terminé, il a quitté la scène sans un merde ni un merci.
Avec un décor conventionnel – comprendre avec deux imposants murs d’amplis Marshall (vrais ? factices ?) –, Exodus, parrains du thrash metal (oui ceux que l’on oublie trop souvent, Big Four oblige), assènent un show façon robusta à l’attention de ceux qui n’ont pas opté pour le concert racoleur du Révérend Manson sur la Main Stage voisine.
Avec une heure devant eux, les Californiens envoient un set de 10 titres, des classiques (Blacklist, The toxic Waltz) dont nombreux sont extraits de leur première galette en date de 1985 (Bonded by blood, And then there were none, A lesson in violence, Deliver us to Evil etStrike of the beast). Les puristes se régalent…
Minuit, dernière claque à la Valley. Et elle est administrée par Amenra. Peu de lumière comme pour marquer la fin du festival sur cette scène ? Blague à part, on peine à discerner les différents musiciens. Allez, blague quand même : à titre de comparaison, les Lyonnais de Celeste étaient surexposés vendredi sur la même scène ! Lorsque la fumée se disperse suffisamment et que quelques spots décident de fixer le chanteur, ce dernier se met dos au public durant un long moment. Une posture qui ne gache rien au concert à l’esthétique apocalyptique.
Le festival est déjà presque terminé, mais fort heureusement, nous avons gardé le meilleur pour la fin. Nightwish se produit sur la Main Stage 1 en clôture de ces trois jours de folie. La première chose que l’on remarque est bien entendue l’absence de caméras sur scène, et les écrans allumés uniquement sur un plan large fixe de la scène depuis la régie. Quelle désagréable surprise, alors que nous n’étions pas installés spécialement au plus proche de la scène, que de ne pas pouvoir voir les artistes filmés de près comme ce fut le cas sur tous les autres concerts du festival… Soit, nous ferons avec. La formation finnoise fête cette années ses 20 ans de carrière et nous propose sur cette tournée des festivals estivaux une rétrospective sur toute sa carrière, de Onceà Imaginaerum en passant par Oceanborn, CenturyChild, Dark Passion Play évidemment et le petit dernier Endless Forms Most Beautiful. C’est d’ailleurs avec End of all hope que débute le set, magistral et majestueux, avec une scénographie simple et efficace, quelques lancées de feu en avant de scène, Tuomas Holopainen derrière son clavier décoré… Tout le monde est en place pour fournir une prestation de qualité, et ce malgré l’heure tardive. Le culte Wish I Had an Angel est interprété ensuite, laissant découvrir la voix de Marco Hietala en pleine forme. Nous assistons à une belle prestation revenant sur les vingts ans de carrière du groupe, ce qui ne les empêche pas de jouer Élan, que l’on pouvait retrouver sur le tout dernier opus sorti en 2015, et que l’on finit par apprécier au fil des écoutes. Suivi de près par Amaranth et I Want my tears back fait danser la foule, ainsi que Floor qui se déchaîne et lâche tout ! On apprécie ce moment de partage et de communion. Devil and the Deep dark ocean est ensuite proposée dans une nouvelle version revue et modifiée, appréciable mais sans plus. Bien entendu, un concert de Nightwish ne serait pas vraiment un concert de Nightwish sans qu’ils interprètent le fameux Nemo. Eh bien, pour une fois, ce n’était pas désagréable à écouter. Floor à l’art de faire apprécier les morceaux les plus surcotés, c’est indéniable. Enfin, comme prévu, il est presque 2h du matin quand les premières notes de Ghost Love Score retentissent dans Clisson. Morceau d’anthologie que l’on avait redécouvert lors des premières prestations de Floor Jansen aux côtés de Nightwish, il est devenu impensable de ne pas l’entendre lors d’un concert de Nightwish, quitte à faire l’impasse sur deux titres supplémentaires (pour rappel, Ghost Love Score en live dure 10 bonnes minutes…) Comme prévu, Floor nous tient en haleine tout au long du morceau, jusqu’à nous émouvoir lors de la dernière note finale qu’elle tient à la perfection. Sans hésitation, le meilleur moment de ce court set. Il est déjà temps de nous quitter, et c’est sur le chapitre IV de The Greatest Show on Earth que les musiciens viennent saluer et remercier leur public. Pendant ce temps, nous filons rapidement rejoindre la voiture, avant de quitter Clisson une dernière fois, avant la prochaine.
Alors concluons sur un (faux) débat: Turbonegro. Soit Benoît Vs Fred. Et comme de bien entendu, l’objectivité règne.
Benoît – “Pour moi, Turbonegro en live c’est une première fois (il me reste encore beaucoup, mais beaucoup de choses à voir sur scène et à entendre sur disques également). Donc il y a un aspect magique, la nouveauté en quelque sorte. Tout d’abord, le travestissement et le maquillage étant de rigueur au HF, le personnel de service norvégien n’y dérogea pas et mit le paquet avec son mélange de panoplies, façon Les Village People (version dark side tout de même) rencontrent l’univers rétro futuriste de Mad Max. Du point de vue musical, des riffs accrocheurs habillent des titres punk super efficaces (All my friends are dead, Hurry up & die, …). Le public est à la fête, notamment les premiers rangs gorgés de Turbojugend arborant fièrement leur « chapitre » sur leur veste de jeans. Quant aux brèves digressions en territoire mercurien (quelques secondes de Bohemian rhapsody) puis de Kiss (I was made for loving you) elles donnent raison au public venu ici pour refermer cette édition du Hellfest sur une touche de déconne.
Fred – Sans doute MA déception du festival ! (Oui le mot est lâché!) J’avais fantasmé l’idée de voir et entendre pour la première fois Turbonegro, l’un des groupes que j’imaginais le plus craspouille sur scène. L’album Ass Cobra (1996)… mais… ce morceau : Hobbit Motherfuckers… a t-on déjà entendu une minute et vingt deux secondes plus hargneusement et mélodiquement punk ? Alors oui, je savais que le groupe avait entamé un virage plus easy listening au début des années 2000 – je n’ai pas arrêté de les suivre – mais je me disais que ça devait continuer à envoyer du bois sur scène… que ces morceaux tout gentils, tout bien produits en studio devenaient des brûlots incandescents une fois les affreux sur les planches. Et donc, oui, je frémissais à l’idée d’entendre résonner les premiers accords annonciateurs d’une heure de débauche live.
On a pu les voir ici ou là tout au long de ces trois jours, mais à une heure du matin, ils ont tous convergé devant la scène de la Warzone, les membres des Turbojugend présents sur le site !!! Le set commence, avec, en musique de fond, le très floydien instrumental introduisant le dernier album en date, Rock’n’roll Machine… les gars entrent en scène et débutent le second morceau du même album… et là, pour moi, c’est le drame, la désillusion : que c’est propre, que ça manque de folie, de larsens et d’obscénité… que c’est limite plus gentil encore que sur leurs enregistrements les plus récents ! J’ai regardé, depuis, la captation vidéo par Arte de ce concert que j’ai fui au bout de quelques morceaux… et force est de reconnaitre que l’on se fait parfois du mal à ne pas ne pas appréhender les choses autrement que comme on les imagine…
Une chose est certaine, cette 13eédition nous a vraiment fait vibrer. Encore une fois, on ressort de là enthousiasmé par cet événement phénoménal amorçant avec panache cet été 2018. Vivement l’édition 2019!
Merci à l’ensemble de l’équipe du Hellfest, tant pour l’accueil que pour l’organisation (mention toute spéciale pour Roger ; Grand merci et à l’an prochain! ).
-Marion ARNAL, Fred et Benoît GILBERT
-Crédits photos : Benoît GILBERT, Eric