Ce mardi 12 juin, le théâtre antique de Fourvière accueillait les New-Yorkais de LCD Soundsystem pour leur unique date française. Un événement ! C’est peu dire tant le groupe est reconnu pour ses live endiablés. Retour sur une soirée mouvementée tant sur scène que dans les airs…
Théâtre, musique, danse, opéra, cirque… Les Nuits de Fourvière proposent depuis 1946, durant les mois de juin et juillet un festival où toutes les disciplines coexistent. C’est donc chaque été, pas moins de 60 représentations pour plus de cent trente mille spectateurs.
Les Nuits se sont sculptées un projet artistique singulier avec pour seule boussole la qualité artistique des projets. LCD Soundsystem rentre pile dans cet état d’esprit.
Arrivés sur le magnifique site antique du grand théâtre vers 20h00, il nous faut arborer la tenue de combat anti pluie de compétition. La douche est capricieuse et le débit varie entre le mode torrentiel et brumisateur. Qu’importe la pluie et autres interventions météorologiques, l’instant est plus qu’appréciable car il n’était pas envisageable il y a peu.
Petit feedback…
Dimanche 4 juillet 2010, la dure réalité des festivals et des choix draconiens imposés par la multiprogrammation nous fait manquer le début du show de LCD Soundsystem sous le chapiteau des Eurockéennes de Belfort.
Rapidement nous regrettons notre choix mais rien de bien grave, on les reverra un jour ou l’autre nous disons nous en notre for intérieur. Sauf qu’à la surprise générale et à la faveur d’un concert mémorable au Madison Square Garden au cœur de l’hiver 2011, James Murphy sonne le glas du projet qu’il a lancé en 2002. On pourra se consoler avec la sortie en CD du concert mais a posteriori nos regrets deviennent des lamentations.
Alors qu’elle ne fût pas notre joie d’apprendre la réhabilitation du projet accompagnée d’un album magnifique en 2017 et de la tournée qui allait suivre. C’est avec impatience que nous guettions la moindre annonce d’un live afin de gommer nos regrets vieux de 8 ans. Nous voilà bravant la pluie et l’ensemble de nos vêtements trempés avant même le début de leur prestation pour assister à la grande messe disco/punk.
Côté météo voyons le verre à moitié plein, le vent est exempt et la température estivale. Nous profitons d’un mix soigné de SHIT ROBOT pour calmer notre impatience et échauffer nos hanches. Un set éclectique où house côtoie electronica et techno minimaliste. Idéal pour accueillir le public qui peu a peu se masse dans l’attente du grand moment.
21h15, les instruments qui étaient protégés par des bâches sont découverts, les derniers réglages effectués et tout est enfin prêt pour accueillir James Murphy et sa troupe.
Attente récompensée…
C’est sous une ovation que les membres du groupe entrent sur scène, le temps nous accorde une petite accalmie et les premières notes de You Wanted a Hit résonnent. Les têtes bougent, les corps commencent à se balancer et les sourires irradient les visages. Et puis la guitare explose la pluie également mais surtout c’est le public qui lâche les chevaux, tout le monde sautent et prend l’énergie du groupe qui est plus que communicative.
Le set se poursuit avec Tribulation et c’est déjà l’anarchie dans la fosse mais également les gradins où tous pogotent comme un seul homme. La ritournelle reviendra car le show proposé est puissant. Ainsi, pèle mêle, on se déchaînera sans mesure sur Movement, Tonite particulièrement punchy, Yr City’s A Sucker, un réjouissant Daft Punk is Playing at my House…
La pluie est oubliée hormis par James Murphy qui prendra soin à de nombreuses reprises de s’inquiéter, de nous remercier d’être là et de rester dans de telles conditions s’excusant presque de la seule fausse note de cette soirée.
Le rythme ,cœur névralgique de LCD.
C’est peu dire que le beat est vital dans leur son et il prend tout son sens sur scène avec l’omniprésence des éléments de percussion. En premier lieu par la batterie de Pat Mahoney placée au-devant de la scène pour affirmer encore plus ce parti pris. Ce dernier martel ses futs avec précision durant toute de la prestation. Un métronome mais pas un robot il joue de finesse et de subtilité pour donner la mesure des morceaux une prestation XXL. Il en sera de même pour l’ensemble de ses camarades Gavin Russom splendide et Nancy Whang ténébreuse en tête qui martyrisent leurs claviers pour en sortir des sons venus d’ailleurs.
James Murphy quant à lui flanqué de son costume anti-rock-star n’en reste pas moins un véritable maître de cérémonie. Ne lâchant son mythique micro MD409 que pour prendre des baguettes et en rajouter une couche supplémentaire, il illumine l’assistance de sa voix puissante et douce à la fois.
Quand le gang de New-York nous laisse le temps de respirer c’est pour mieux nous émouvoir avec des morceaux tel que Home ou Oh Baby ce sont les larmes qui se mêlent aux gouttes de pluie sur notre visage.
This is the end ….
Après avoir pris soin de remercier une nouvelle fois l’assemblée, Murphy annonce le dernier morceau ajoutant qu’ils vont repartir et revenir. Les tomes résonnent à nouveau et annoncent la venue de How Do You Sleep ?
Hasard du calendrier Trump vient de rencontrer son meilleur ami et ennemi Kim Jong-un histoire de partager des idées communes, la Syrie pleure chaque jour un peu plus ses morts, l’Europe se bat pour ne pas accueillir un bateau humanitaire en détresse…. « How do You Sleep ? »
« One step forward, and six steps Back », le monde recule et l’humanité avec alors on danse, on communie et LCD ouvre une voie, pas la seule, pour rompre le mécanisme. La pluie nous fracasse de plus belle comme pour nous réveiller davantage. Pas la peine, nos oreilles et notre conscience sont au maximum de leurs capacités le message passe, reste à s’en saisir fermement et collectivement. Dix minutes plus tard les saccades s’arrêtent et la scène se vide. Le temps de boire un coup et les voilà de retour. Pas de chichi, pas de protocole, chacun arrive à son rythme règle ses instruments, finit sa cigarette et on repart de plus belle avec Oh Baby, Emotional Haircut et Dance Yrself Clean pour un dernier pogo.
All My Friends clôture la soirée, l’ombre bienveillante de Bowie plane sur ce morceau et sur nos têtes. On pourrait rester là encore des heures. On remercie LCD Soundsystem d’avoir changé d’avis et rebranché ses amplis, dépoussiéré ses percus et reconnecté ses claviers. C’était beau…
Rémy Poidevin
Setlist :
You Wanted a Hit
Tribulations
I Can Change (intro Radioactivity – Kraftwerk snippet)
Call the Police
Get Innocuous!
Play Video
Daft Punk Is Playing at My House
Yr City’s a Sucker
Movement
Someone Great
Tonite
Home
I Want Your Love (Chic cover)
How Do You Sleep?
Encore :
Oh Baby
Emotional Haircut
Dance Yrself Clean
All My Friends