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COSMO SHELDRAKE, The Much Much How How And I

Cosmo Sheldrake, jeune anglais de 28 ans, révèle à travers ce premier album, The Much Much How How and I, une fascinante personnalité.  Ce garçon atypique, auquel on s’attache très rapidement au fil de l’écoute, nous fait voyager dans un univers aussi personnel qu’inhabituel, inspiré d’une folk psychédélique des années 70, mais également de certains compositeurs classiques contemporains (musique sérielle notamment). Sa musique évoque l’esthétique merveilleusement désuète et l’univers un peu foutraque des films de Wes Anderson (Moonrise Kingdom), auxquels peuvent d’ailleurs faire penser ses clips aux couleurs acidulées.

 

Ecologiste et passionné par le son, Cosmo a parcouru l’Europe et plusieurs pays du continent américain muni d’un enregistreur pour capter et conserver avant qu’ils ne disparaissent toutes sortes de bruits de la nature et du quotidien, des plus banals aux plus insolites : chants d’oiseaux et d’animaux en tous genres (comme sur l’un des morceaux du fabuleux Ummagumma de Pink Floyd),  grincements, choses que l’on frappe et qui s’entrechoquent, eau qui coule. Il intègre ensuite ces sons dans son séquenceur pour jouer avec et les mêler dans ses compositions.

 

En véritable homme orchestre, il joue d’une quantité d’instruments, notamment les vents pour lesquels il semble nourrir une véritable passion. Sa panoplie comprend soubassophone, trombone, trompette, clarinette, toutes sortes de flutes et on croit reconnaître aussi un basson. Il utilise aussi des cordes évidemment, guitare, mandoline, banjo, pour nourrir le côté folk.  Dans son attirail traine aussi un accordéon, un xylophone, batterie et percussions en tous genres. Il bidouille ensuite ces sons dans son ordinateur et fait tout lui-même, jusqu’au mixage de ses morceaux. Il est également producteur de son album, avec Matthew Herbert.

 

La construction très mécanique et circulaire de sa musique évoque un vieux carrousel, une ambiance de fête foraine à l’ancienne avec sa fanfare, de cirque un peu déglingué. Elle tourne comme un orgue de barbarie, en particulier sur Birth of a Basket, avec parfois des sonorités approchantes de l’orgue de barbarie en lui-même, notamment sur les titres Linger Longer et Linger a while. On s’offre même une valse, comme au temps de mamie, sur Solar Waltz, dont les petits passages guitare / voix nue touchent à la grâce.

 

La voix de Cosmo, un peu nasale, n’est pas franchement belle au premier abord. Mais comme ses sons et instruments divers, il sait l’utiliser à la perfection dans ses ritournelles, si bien que la justesse et la simplicité de son chant finissent par nous charmer totalement. Sur Mind of Rocks, très différent des autres morceaux,  il cède le micro à des femmes, sur une musique bien plus actuelle, aux sonorités plus électro, mêlant toujours ses enregistrements de bruits séquencés. On pourra alors penser à l’univers d’Ibeyi.

 

L’excellent Wriggle démarre comme un morceau de musique sérielle, délicieusement entêtant, joué par un orchestre de vents, sur lequel le chant vient se dérouler comme une contine pour enfants, ponctuée par des cris de joie et appuyée par des roulements de caisse claire (très fanfare) sur le refrain. Des chants d’oiseaux, à l’eau qui coule, tout le spectre des sons y apparaît. Le très court et amusant Sping Bottom est ponctué du début à la fin par le même insistant bruit d’une ventouse débouchant un évier. Come Along, dont le clip est fabuleux d’absurdité à l’anglaise, est à la fois une chanson pop efficace et une géniale composition épique, qui semble nous narrer un fabuleux récit. L’album se termine sur un joyeux bordel avec Hocking, où il a semble-t-il invité une fanfare de copains à improviser.

 

Tout en jouant sur la diversité, l’album présente une cohérence très forte, une approche très thématique. Ce jeune artiste semble receler tant de créativité que son prochain album sera très probablement radicalement différent de celui-ci. On a déjà hâte de l’entendre ! En tous cas, voilà qui présage à 28 ans d’une carrière artistique très prometteuse, loin des sentiers battus de la musique commerciale et à l’écart des phénomènes de mode.

 

Juliette.

 

https://www.youtube.com/watch?v=S8a35QScYaQ

Artiste : Cosmo Sheldrake
Album : The Much Much How How And I 
Label : Transgressive
Date de sortie : 6 avril 2018
Genre :  Alternatif
Catégorie : Album rock

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