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KVELERTAK + SIBIIR, le mardi 10 avril 2018, La Laiterie – Le Club, Strasbourg (67)

Kvelertak

Une chouette soirée ! Voilà le jeu de mots qui me brûlait les doigts est posé d’emblée… Et ce n’est pas peu dire. Les Norvégiens – Sibiir compris – ont donné des prestations hautes en couleur ce mardi dans le Club de la Laiterie. Oui une généreuse démonstration ponctuée par un final mémorable en cette journée d’infidélité à Metallica, mastodonte pour lequel Kvelertak assure la première partie lors de sa tournée européenne. Déjà postée en guise de légende pour une vidéo capturée tant bien que mal : « Kvelertak à la Laiterie : il y aura désormais ceux qui y étaient et les autres. » Explications de texte.

 

Drakkar noir metal

Il y a déjà foule dans la petite salle, un changement de dernière minute imposé par une insuffisante vente de places. Finalement, une aubaine! En tout cas, il y a presque 300 personnes qui se tiennent chaud et parlent fort/allemand. Noir. Sibiir débarque. Dès les premiers coups portés (Erase & adapt), on imagine très bien le drakkar black metal mouillé non loin de là, peut être sur l’Ill, voire le Rhin. Les Osloïtes ne sont pas là pour rire (Guillotines), chose dont on ne peut douter au regard des multiples dalles calées contre une grosse caisse incessamment martelée. Tellement sollicitée même que le crâne animalier pris dans les branchages – étendard de ces descendants de vikings – semble reprendre vie sous nos yeux.

Merde ! une feutrine toute neuve, part 1

Quant à nos oreilles, elles perçoivent le déluge (White noise). Les vibrantes cymbales dansent à s’en tordre et tiennent la dragée haute aux guitares enragées, chancelantes entre stridulations et sons caverneux comme une horde déferlant sous les ordres d’un jarl. Dans cette avalanche de coups survitaminés (Beat them to death), un homme sort de la mêlée: le chanteur Jimmy Nymoen. Le regard tenace mais régulièrement masqué par une chevelure sombre, l’homme éructe son texte entre deux salves de crachats sur la feutrine et affiche une attitude déchaînée jusqu’à se tenir en équilibre sur un retour érigé, comme pour mieux dominer son auditoire lors du final These rats we deny. Objectif atteint : la foule est conquise ! Ouvrant ce soir pour ceux qui préparent depuis plusieurs dates les foules de Metallica, Sibiir a de quoi être satisfait : la formation touche du doigt la première ligue du rock.

 

Vol au-dessus d’un nid de chouettes

Après cette première partie séduisante, place nette est faite. Les amplis Orange du crew de Stavanger, ornés de chouettes raides comme des gargouilles gothiques, chauffent avant de fondre sur la Laiterie. Nouveau noir. De la pénombre émerge le groupe. Erlend Hjelvik se laisse progressivement deviner. Torse nu, les bras contractés, il pose dans un halo de brume avec sa chouette, aux ailes déployées et aux yeux luisant, visée sur la tête. Une chimère grecque ? Un dieu hydride égyptien ? Le moment tient de la procession avec ce prêtre chamanique. En un instant l’augure laisse place à la tempête. Le déluge sonore (Åpenbaring) invite à un gros pogo bordélique au cœur de la salle (petite, rappelons-le). Les seuls à demeurer dans la nuée arborent des crinières longue comme celle de Raiponce – version noire corbak – qu’ils fouettent contre le sol.

Au 4titre (1985), les premiers rangs fortement chahutés s’effondrent comme un jeu de quilles. Strike ! Un épiphénomène excitant aux yeux du bassiste à la dégaine punk, et au fier t-shirt The Stone Roses, qui bondit à son tour sur la foule. Tiens, voilà du bourrin !

Merde ! une feutrine toute neuve, part 2

Les trois guitares tonnent au rythme d’une batterie tonitruante tandis que le chanteur au visage désormais révélé ne cesse de mollarder en tout sens, y compris sur sa personne. Le bassiste ayant ouvert le bal, son frontman puis Marciek Ofstad et sa Flying V s’élancent à leur tour comme dans un balai incessant jusqu’au terme du show.  On comprend mieux à quoi servent les systèmes HF sur les instruments ! Des torrents de sueur maculent les 6-cordes qui saignent à blanc un public adorateur. Bien que chantés en norvégien, le public strasbourgeois entonne comme une seul homme les hymnes scandinaves (Berserkr, Evig vandrar, Ulvetid, …) sans coup férir. Preuve que ce soir il ne s’agit pas d’un jour de décrassage en pleine tournée dantesque avec les 4 Horsemen.

Prenez, jouez, ceci est mon instrument…

Se retirant quelques instants afin de s’éponger et de savourer le moment, le sextet revient pour un rappel inoubliable. Des trois titres joués, on retiendra évidemment la progressive Heksebrann  qui s’étire indéfiniment mais surtout la chanson éponyme. Plusieurs dizaines de personnes sont conviées à monter sur la scène, vite saturée. Le bassiste flotte alors sur ce public désormais acteur de la soirée. La basse est confiée à son homologue de Sibiir, le batteur et le gratteux sis côté jardin cèdent leur place à des spectateurs qui poursuivent le titre. De longues minutes encore, Marvin Nygaard amuse la galerie en se suspendant aux barres qui supportent les spots. Mi-Tarzan, mi-viking, l’homme laisse enfin échapper un sourire. Le groupe vit aussi un instant magique. Aveu du batteur au micro : c’est le meilleur concert qu’ils n’aient jamais donné en France. Et c’est l’un des plus remarquables vus à La Laiterie, chapeau bas; tusen takk!

 

Setlist de Kvelertak

Åpenbaring

Bruane brenn

Mjød

1985

Berserkr

Evig vandrar

Ulvetid

Bronsegud

Nattesferd

Ordsmedar av Rang

Spring fra livet

Svartmesse

Offernatt

Fozzy-G

Blodtørst

Rappels

Heksebrann

Månelyst

Kvelertak  

-Benoît GILBERT

Crédit photo : Benoît GILBERT

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