Cette soirée du 03 avril 2018 à La Laiterie est placée sous l’égide du rock indé, insouciant, décomplexé, en somme de la jeunesse. Et pourtant, du haut de ses vingt-cinq printemps, Natalie Findlay est déjà dans la place depuis quelques années (de souvenir, un passage aux Eurocks en 2014 sur la Green Room et une interprétation mémorable d’I wannna be your dog) et puis Forgotten pleasures, son premier LP révélé l’an passé, qui est une réussite que l’on souhaitait entendre depuis un bout de temps sur scène. Checked !
School’s out
Mais avant cela, l’entame de la soirée devait être assurée par The Crispies. Pour ma part d’illustres inconnus au bataillon. Le groupe autrichien au look dépareillé semble tout droit sorti du lycée, preuve en est, son frontman Tino Romana arborant mini-locks et sac à dos Vans. Derrière cette première impression d’amateurisme juvénile, Les Croustillants ont le don de scotcher l’auditoire avec des titres sertis de garage fougueux, sur lesquels des rafales d’effets (whammy, vocoder et tutti quanti) viennent se percuter (Easy, Lost my phone). L’habit, le moine… on oublie ! Natalie Findlay passe d’ailleurs quelques instants dans la foule observer la presta de ses protégés qui l’accompagnent sur une partie de sa tournée.
Zeitgeist
La seconde partie du show est déconcertante mais pas inintéressante. Désormais le chanteur opte le plus clair de son temps pour un micro relié à un autotune. Hip hop et R’n’B s’abattent sur le Club comme des grêlons inattendus (Fake leather). Oui mais la trame demeure : la basse est toujours aussi lourde, la guitare aventureuse et la batterie binaire. Le spectacle se conclut même sous de larges applaudissements bien mérités car ce quatuor est porteur de fraîcheur et a su prendre des risques.
Divolita
Ceux qui ont fait l’impasse sur les viennoiseries de The Crispies – eine grosse Konnerie – sont désormais présents ; sans être plein, le Club est bien rempli. Natalie et son crew arrivent avec une certaine décontraction : son claviériste aux verres fumés – le frenchy de la bande – fait un trait d’humour en lien avec la grève du rail avant d’envoyer l’ambivalente Junk food. A la croisée de la post-ado montée sur des Converse à ressort et de la femme au regard fatal, la brunette assure le spectacle. Les titres de Forgotten pleasures s’enchainent avec une aisance bluffante. Le petit phénomène au minois angélique cueille l’assistance avec sa puissance vocale, tantôt bardée de saturation, tantôt grâce à ses envolées très 60’s, à la manière du Jefferson Airplane. Son gratteux, aux faux airs d’un Gilmour jeune (si si j’insiste) décline des motifs distordus sur un canevas electro pop jusqu’à la très rock’n’roll Your sister.
L’art et la manière
Plus loin, la Mancunienne au regard de braise se paie un bref bain de foule avant de reprendre ses sauts de cabri sur la petite scène de la Laiterie. Au vu des sourires béats et des déhanchés, le public est conquis. L’adulescente a l’art et la manière d’enchaîner les titres comme des perles (Monomania, Forgotten pleasures, Electric bones, Wild and unwise). Son départ à l’issue de Sunday morning in the afternoon réveille les nostalgiques. L’artiste revient de suite et propose un a capella somptueux, Sweetheart. Un ange passe, Findlay est en embuscade. Le concert se termine finalement avec la très burdonienne Off & on. La Laiterie exulte une dernière fois avant de rejoindre l’artiste qui, au stand merchandising, écoule en deux temps trois mouvements ses vinyles (snif !) et pose avec la gente masculine. Il est 23h15, demain les deux groupes seront en Belgique, pas de temps à perdre. A plus dans le bus!
Setlist de Findlay
Junk food
Stuck in your shadow
Stoned and alone
Greasy love
Waste my time
We are never the last
Your sister
Monomania
Forgotten pleasures
Electric bones
Wild and unwise
Sunday morning in the afternoon
Rappels
Sweetheart
Off & on
-Benoît GILBERT
Crédit photo : Benoît GILBERT