Depuis My name is en 2013, son premier double album consacré disque d’or, Hollysiz a pris le temps d’une pause pour retrouver l’inspiration dans le voyage. Elle revient aujourd’hui avec un deuxième album qui nous invite à passer à l’action, Rather than talking.
Si l’énergie de la chanteuse est toujours aussi vive, avec ce nouveau disque, elle délaisse les sonorités du rock pour des univers beaucoup plus électroniques, déjà présents dans certains morceaux de son premier album. Derrière l’omniprésence des boîtes à rythmes et des sons numériques, la qualité de voix d’Hollysiz, qui a gagné en tenue et en élégance, nous connecte vite à la dimension humaine de l’artiste.
Avant de devenir Hollysiz, Cécile Cassel était actrice. Fille de l’acteur Jean-Pierre Cassel, demi-sœur de Vincent Cassel et de Mathias Cassel, alias Rockin’ Squat, fondateur du groupe Assassin, elle n’a rien du cliché de la blonde artificielle derrière l’apparence de laquelle elle se cache par pudeur et par jeu. Elle revendique sa liberté et assume sa puissance, comme en témoigne le premier morceau de l’album, Unlimited, taillé pour devenir un tube et un hymne de la cause féministe.
Il vous faudra peut-être plusieurs écoutes pour apprécier vraiment cet album, très électronique d’un premier abord, mais peu à peu vous vous laisserez gagner par le charme des mélodies et l’énergie débordante des chansons. Karma, très proche de l’univers de la chanteuse Jain par sa rythmique, ses sonorités et le phrasé du chant, est probablement l’une des plus réussies, à la fois sautillante et espiègle, avec sa ligne de basse fretless qui vous fait onduler l’arrière train. Fox vous emportera dans sa frénésie par ses gros sons saturés, ses cloches brésiliennes et ses guitares couinant comme des cuicas. Avec Best enemy, incisif et vrombissant, on peut trouver une ressemblance avec certains morceaux de l’excellente Lilly Allen.
Boy beaucoup plus intimiste, vous attendrira le cœur par sa mélancolie, d’une fraicheur qui n’est pas sans rappeler la chanteuse Yaelle Naïm. Hollysiz se permet même un petit détour du côté du reggae, sur All about now, chanson pleine de charme et légère comme une plume, avec ses glissandos de guitare électrique aux sonorités caribéennes, ponctuée de petites notes aigues aux accents de lithophone et de chœurs sifflés qui évoquent le chant des oiseaux. Ici, la voix se fêle un peu pour mieux laisser passer la tendresse, tout comme dans Cuban mood, jolie balade pop sur le thème d’un amour de vacances.
En revanche, la chanson éponyme Rather than talking, pêche peut-être par trop d’efficacité et ses chœurs entêtants peuvent finir par lasser. Mais lorsqu’elle le joue sur scène, autour d’un piano et accompagnée de ses chanteuses choristes, le morceau débarrassé de ses boîtes à rythme prend une toute autre ampleur, pour nous toucher vraiment.
C’est donc un deuxième album très réussi, diversifié et plein de surprises que nous livre ici Hollysiz, qui parions-le n’a pas fini de nous surprendre à l’avenir. Car il est évident qu’elle cherche et trouve peu à peu sa voie. Elle chemine vers elle-même, pas à pas, pour trouver une authenticité qui pourrait bien, pour le coup, un jour, nous laisser sans voix.
- Juliette
Artiste : Hollysiz
Album : Rather Than Talking
Date de sortie : 19 janvier 2018
Label/Distribution : Parlophone Music France
Genre : Pop