Comme lors des précédentes éditions du festival, Besançon a le plaisir d’accueillir une affiche fournie, généreuse et éclectique dans le cadre de Génériq pour une soirée Sold-Out, où comme dans d’autres villes des jeunes pousses prometteuses peuvent croiser des légendes musicales, comme samedi soir dernier à la Rodia.
C’est d’abord le groupe indie-pop Concrete Knives qui ouvre la soirée : composée de 6 musiciens, ce groupe depuis 10 ans s’est taillée une jolie réputation discographique et scénique, et c’est avec plaisir que l’écoute du set se déroule ; un son rock, parfois des touches de reggae, de l’énergie, bref un excellent cocktail pour bien débuter la soirée. Brand New Start permet aux derniers hésitants de mesurer la qualité du groupe et son sens mélodique, de même qu’une mise en scène particulièrement soigné notamment avec des lumières superbes. Parmi les titres joués ce soir, une mention particulière pour The light, parfaitement exécuté, et Blessed, dont l’introduction évoque le fabuleux Monkey 23 des Kills, avec des riffs accrocheurs pour un public accroché à la scène. Une prestation très propre, particulièrement efficace, et qui lance sous les meilleurs auspices la soirée.
Doit-on encore présenter Tricky ? Il est un peu plus de 22 heures lorsque l’un des initiateurs du trip-hop, artiste culte aux – déjà – treize albums solo monte sur scène dans une ambiance sonore volontiers inquiétante et étrange. A la fois showman et chaman, exubérant et envoutant, la prestation est remarquée, notamment quand l’artiste insatisfait s’arrête avant la fin d’une chanson. Toutefois, il est regrettable que certains morceaux aient eu à souffrir d’un son saturé et partiellement désagréable, les morceaux avec davantage de guitares comme l’excellent Dark Days se mettant davantage en évidence. Il demeure toutefois une satisfaction générale, entendue plusieurs fois dans la salle et au bar, celle d’avoir vu dans notre région un artiste inventeur d’un son et toujours audacieux, qui a pris le soin de remercier le public à de nombreuses reprises : le néo quinquagénaire est plus fringant que jamais.
23h45, le travail de l’équipe technique de la Rodia – bravo à eux pour leur efficacité et leur attention de tous les instants – permet de préparer au mieux la scène qui accueille Mathias Aguayo et son groupe, pour un voyage entre post-punk, électro sombre et ambiance de cabaret noir. Les influences sont clairement eighties, très dark, y compris dans le choix des titres des compositions comme Cold Fever, avec ce son berlinois très marqué, la capitale allemande est devenue la base de travail de ce quatuor international (les membres qui jouent avec Mathias viennent de Colombie, d’Allemagne ou d’Italie). Tout sourire, le groupe semble heureux d’être au programme bien que le public semble avoir un peu boudé ce programme, avant de conclure le récital par Vocalurator.
1h00 du matin, et c’est une double première pour L’impératrice qui s’annonce : jouer à Besançon et pour la première fois à une heure aussi tardive. Tout commence avec un titre instrumental, menés par des musiciens gonflés à bloc, offrant une musique entre Air et François de Roubaix, disco chic et funk intemporel, transformant la salle de concert en dance-floor gant. L’arrivée de la souriante et ravissante Flore apporte sa voix à l’ensemble, qui manque peut être un tout petit peu d’assurance et de fermeté dans un premier temps mais assez rapidement, le groupe enchante les spectateurs ; la complicité des musiciens, notamment le guitariste et le bassiste, font qu’ils s’en donnent à cœur joie bien aidé par la formidable énergie du batteur. Le groupe en profite pour dévoiler des nouveaux titres, comme Erreur 404, avant de finir sur Matahari, au groove délicieux, emportant le public dans un tourbillon de danse et de joie communicative. Encore bravo et merci à la Rodia et toute l’équipe de Génériq pour l’audace, la qualité et l’exigence de la programmation de ce joli festival qui plus que jamais donne chair et âme aux musiques actuelles.
- Julien Lagalice
(Crédits Photos : La Rodia Besançon – Clément Airiau et Brigitte Faivre Chalon – et Julien Lagalice)