Ce jeudi ouvrant le mois de février, Mulhouse accueille Mademoiselle K et Gliz, deux formations musicales françaises. Si la première est installée dans le paysage indé hexagonal, la seconde ne demande qu’à faire sa place…
La première partie est offerte à Gliz – groupe pour lequel nous avions réalisé un article découverte l’an passé –, un trio atypique : ici cohabitent un banjo, une batterie et un soubassophone. Les Franc-Comtois proposent un rock résolument bluesy, dans lequel le 4-cordes électrifié et finement saturé tient une part déterminante. A ses côtés, le cuivre supporté par Tom, une attraction sonore à elle seule car simulant à si méprendre aussi bien un didgeridoo aborigène que des beats hip hop, fait cheminer le groupe hors des sentiers battus. Ailleurs, c’est un titre « mystique » qui s’ouvre avec des feedbacks avant de laisser l’étonnant instru reproduire des hurlements de loups. Ce syncrétisme musical est parfait et transporte loin, tant les mélodies et les rythmes gorgés de groove captivent. Quand il ne s’aventure pas vers le riff cultissime de Thunderstruck au banjo, Flo envoie de généreuses gliz-ades à l’aide de son bottleneck rappelant par endroit du Lez Zep. Le concert se referme avec Only sunday, un titre enjoué aux allures de single, au cours duquel le chanteur hurle grandement à travers un micro saturé avant d’envoyer un dernier solo pour la route. Qualitatif et innovant, tels sont les maîtres-mots de ce prime spectacle ce soir.
(…) Parée d’un enchevêtrement de lanières noires parcourant son buste et arborant le cheveu en bataille, voici Katerine et sa formation. Le set de Mademoiselle K démarre avec le clavier délabré de On s’est laissé. Un titre écorché qui donne d’emblée le ton. Suivent 3 autres extraits du dernier disque Sous les brûlures, l’incandescence intacte (Bonjour bonjour, Hypnotisés vers la lumière et Sous les brûlures). Globalement le son est bon, les basses généreuses. Lorsqu’elle s’arme de sa guitare, la garçonne de Paris s’emballe au rythme de Colin Russeil (également frappeur chez Radio Elvis), faisant preuve de dextérité et croisant le fer avec Pierre-Antoine Combard, son comparse aux faux airs de Fred Chichin.
S’ensuivent deux titres en anglais, R U swimming ? et Hungry dirty baby (fuck you). Mention toute spéciale pour le premier car une flûte traversière se paie le luxe de compléter le tableau porté par les riffs hargneux. En somme quand la délicatesse rencontre l’âpreté du punk rock, on obtient un mariage audacieux et génial. Katerine gère son affaire et joue avec son auditoire alsacien durant les pauses: elle a appris pour la circonstance un mot dans le patois local. Maîtresse du suspens, elle attend le mitan de la soirée afin de délivrer son info qui tourne à la blague : ce n’est pas de l’alsacien mais de l’allemand. Mulhouse en rigole (…). Après cela, le show devient progressivement dansant (Glory, SICK), éveillant les bassins et les épaules qui jalonnent le Nouma, jusqu’au dernier titre bien plus détonant. Final débute piano avec quelques notes effleurées sur sa Jazzmaster, puis un clavier discret se rapproche. Le morceau tourne au progressif et s’étire délicieusement.
Les vivats conduisent à un rappel de 3 titres, entamé par le tube Jalouse. Someday et We’re kissing baïe baïe clôturent une soirée durant laquelle l’écorchée vive, mêlant féminité et hargne, a séduit avec son show à fleur de peau.
Setlist de Mademoiselle K
On s’est laissé
Bonjour bonjour
Hypnotisés vers la lumière
Sous les brûlures
R U swimming ?
Hungry dirty baby (fuck you)
Jouer dehors
Suckin’ my brain
Morning song
Glory
SICK
Ca ne sera pas moi
Ca me vexe
Final
Rappel
Jalouse
Someday
We’re kissing baïe baïe
-Benoît GILBERT
Crédit photo : Benoît GILBERT