Bonjour Kem, merci de prendre un peu de ton temps pour répondre à nos questions. On voudrait tout d’abord décrypter la programmation de la onzième édition de Génériq avec toi, et des onze ans du même coup, puisqu’une année avait sautée.
Salut Bob. Tout à fait la première édition n’avait pas eu lieu, ça devait être un festival électro à la base qui avait lieu à Mulhouse et finalement ça n’a pas très bien fonctionné. On a donc revu la copie mais pas en tant qu’électro mais en faisant ce que l’on savait faire, et c’est devenu Génériq.
Comment se situe cette édition par rapport aux autres, est-ce plus ou moins facile de booker des groupes. Y a t il eu des déceptions ?
Il y en a toujours, c’est une « éternelle frustration » la programmation, mais aussi avec d’éternels rebondissements. On se remet constamment en question. Cette année a été peut-être un peu plus galère car les dates sont un peu avancées, d’habitude cela se rapproche plus de la fin février à cause des vacances scolaires des deux régions. Mais finalement nous sommes ravis du résultat de la programmation ; nous avons réussi à avoir des groupes qui n’étaient pas en tournée au départ viennent pour Génériq, comme Tricky par exemple. Nous avons aussi cherché des découvertes. Cela montre que le festival a tout de même une aura et que les groupes ont envie de se présenter à Génériq.
C’est facile de convaincre des artistes comme Tricky justement, alors que sa tournée se faisait en novembre-décembre ? C’est une histoire d’argent ?
Tout rentre en compte. Une histoire de relationnel, il est venu quatre fois aux Eurockéennes donc c’est quelqu’un que l’on connaît bien.
Il viendra peut-être d’ailleurs aux Eurockéennes cet été ?
Ca on ne sait pas ! (rires)
En plus, on ne sait jamais à quoi s’attendre avec Tricky !
C’est ce qui fait son charme aussi. Soit ce sera un concert très classique, soit il peut t’emmener complètement ailleurs. C’est un artiste entier. C’est toujours un risque de le programmer mais que l’on prend volontiers. Il a d’ailleurs sorti un album magnifique.
Il va venir avec ses featurings sur scène ?
On espère qu’il y a aura Marina Topley Bird puisqu’elle a fait quelques dates avec lui. Mais on saura à la dernière minute.
On aura pas le temps d’explorer toute la programmation. Quels sont tes gros coups de cœur ? Qu’est ce que tu recommandes ?
Il y en a beaucoup. Je dirais Eddy de Pretto, c’est un vrai phénomène, à Besançon ou à Mulhouse, Dijon. C’est vraiment un personnage assez incroyable, avec un charisme de fou, des chansons de fou. C’est un ovni dans la nouvelle chanson française. Ainsi que Lonepsi en première partie qui lui fait partie de la scène hip-hop. Sinon, Duck Duck Grey Duck, pop-folk, très indie, qui font quelques chose de très intéressant. Le phénomène Bifty et dj Weedim également, un trublion mais c’est un gars qui est là pour faire la fête. Sur scène c’est un vrai performer. Le retour de Concrete Knives aussi que l’on attend avec impatience, Gengahr également, qui est un groupe de dernière minute, et qui n’était pas en tournée à ce moment là d’ailleurs.
Ce sont des groupes aussi qui n’ont pas une aura extraordinaire en France et se disent que c’est bon pour se faire connaître.
Bien sur, les artistes et leurs agents ont compris qu’un passage à Génériq ça peut amener sur d’autres choses. De plus en plus de programmateurs français font aussi des repérages sur le site. Donc ça peut les emmener sur d’autres festivals après, Dour, Paléo Festival, Eurockéennes.
C’est une façon aussi pour vous de tester les artistes, pour se dire pourquoi pas les reproposer aux Eurockéennes ?
Oui tout à fait c’est un peu le but à la base, c’est un petit peu un laboratoire. Ca nous permet aussi de faire des choses plus difficiles à faire aux eurockéennes, les projets plus intimistes, les salles assises… On investit ici des lieux un peu hors du commun et faire des choses qui ont besoin de calme, d’espaces fermés.
Génériq se joue dans des lieux différents, le Musée Peugeot, une bibliothèque… mais parfois, cela crée des frustrations, vous accueillez des supers groupes, je pense à Warhaus l’année dernière, qui était au Scénacle, avec une jauge de 80 personnes.
C’est toujours le même problème. La jauge aurait pu être de 300 pour Warhaus, mais c’est pareil aux Eurockéennes lorsqu’on a un gros artiste. Il y a aussi des groupes qui explosent et on ne s’y attendait pas. On les programme à tel endroit car cela paraît adapté au style de musique qu’ils font et finalement on aurait pu faire plus gros.
L’année dernière tu as programmé The Amazons, groupe britannique qui font des sacrés dates en Angleterre, mais ils ont du mal en France ou en Suisse, où ils avaient fait 60 entrées payantes !
C’est selon les territoires. Il y a des choses comme ça sur lesquelles le public français suit ou non alors que ça cartonne ailleurs. L’inverse existe aussi, comme Ben Harper par exemple, qui est un illustre inconnu aux Etats-Unis.
La scène locale à Génériq vous essayez de l’intégrer au maximum. Comment ça se passe la sélection des artistes locaux ?
Il y a l’opération Iceberg où l’on puise, mais aussi on est à l’écoute des différents programmateurs des différentes salles.
Vous recherchez toujours des originalités ?
Oui ce sont des coups de cœur. Moi je tiens beaucoup à aller voir les groupes sur scène avant de les programmer, ou mes collègues. Il y a aussi des groupes dont je n’avais jamais entendu parler avant Génériq et qui arrivent dans ma boîte mail et je les programme.
Il y a Wire également, qui ne passera pas à Besançon, mais à La Vapeur. C’est un groupe, qui pour ceux qui connaissent bien la musique punk, est assez difficile à avoir ?
Effectivement c’est un groupe pionnier de la scène punk et post-punk. C’est un groupe qui ne nous n’est pas venu comme ça au départ. Mais en regardant la soirée avec Tricky, on a pas mal échangé avec le festival Hors Piste qui nous a proposé ce groupe pour trancher avec Tricky.
Il y a Polo & Pan qui vient d’être annulé, c’est une petite déception aussi, ils étaient très attendus, par qui ont ils été remplacés ?
Ca n’a pas été remplacé. Le prix de la soirée a été divisé par deux. Le groupe sera coincé par une journée promo-télé au Mexique car ils sont en train d’exploser là-bas.
Génériq a souvent changé de dates, fin novembre, début décembre, février. Pour toi il a vraiment trouvé son créneau ou c’est encore compliqué de le stabiliser ?
Février c’est bien. En décembre on était en concurrence avec les Transmusicales, car nous sommes un peu sur les mêmes artistes, et le festival a une aura plus importante que la nôtre. Donc nous sommes revenus sur la période de février.
Pour toi aussi qui programme c’est plus facile que ce soit trois mois plus tard qu’en novembre, pour te donner le temps entre les Eurockéennes et le reste ?
Oui, de cette façon il n’y a plus de problème.
Avez-vous envie d’innover pour les années suivantes ?
On a trouvé un bon rythme de croisière au niveau de la formule. Cinq jours c’est bien. Nous allons essayer d’échanger plus avec d’autres festivals, par exemple Antigel, et monter des projets ensemble.
Les bookings sont compliqués à faire parfois lorsqu’un groupe passe d’un pays à un autre, car ce ne sont pas les mêmes gens qui travaillent avec les artistes
Oui c’est compliqué mais il suffit d’en parler bien en amont et se mettre d’accord sur les dates. Après quand l’artiste n’est pas en tournée c’est aussi plus facile, quand il y a plusieurs dates. Il faut essayer d’avoir un coup d’avance en fait, c’est tout.
Merci. Tu as d’autres choses à ajouter, peut-être des soirées bientôt complètes…
Oui, la soirée avec Tricky à Besançon qui n’est pas loin d’être complète. C’est une grosse soirée à La Rodia. La soirée avec Eddy de Pretto à La Vapeur où il ne faut pas trop tarder non plus, avec Tricky également. Celle avec Flèche Love au Musée Peugeot à Sochaux, le jeudi 8 février. Il y a aussi la soirée Modeselektor qui marche très bien à Dijon. On est content pour l’instant de comment marche le festival.
Ca génère pas mal de monde globalement ?
On était aux alentours de 15 000 l’an passé.
Ca commence a bien compter pour beaucoup de découvertes et le public répond présent donc c’est plutôt une belle réussite.
Il y a une autre soirée qui n’est pas loin d’être complète aussi du côté de Mulhouse, c’est Eddy de Pretto et Cabadzi et Blier.
D’accord, alors dépêchez-vous de prendre vos places pour cette édition. Merci Kem d’avoir passé un petit peu de temps avec nous, et on se retrouve samedi à La Rodia, pour le mix des 20 ans de Sensation Rock.
Merci à vous, à samedi Bob !
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