Après un samedi punko-metal à Mulhouse, direction Besak le lendemain pour assister au concert de Red Fang. Après un show énorme au Hellfest cette année sous une Valley bondée, le gang de Portland investit l’Antonnoir. Pardon, il le remplit et au complet s’il vous plaît !
Suisses chauds et fondus de stoner rock
Déboulant avec leur bouteille de vodka, les Closet Disco Queen entament la soirée avec une intro atmosphérique, un leurre car dans la foulée le duo helvète envoie du bois. Le son délivré par la guitare de Jonathan Nido est robuste et abrasif. Les Suisses produisent un stoner rock instrumental, brut de décoffrage et Délicieux, qui lorgne par endroits vers des contrées psyché, voire hendrixiennes. Dès lors que Luc Hess est lancé, il semble impossible d’arrêter sa batterie qui colle comme son ombre les riffs entêtants de son acolyte. Les Chauxois enchaînent les breaks et les reprises enflammées à la perfection, ce qui enthousiasme une foule de plus en plus nombreuse. On comprend bien que ces deux-là se comprennent sur le bout des doigts. Après avoir laissé un instant son gratteux seul en scène dans un morceau bluesy et déstructuré, le frappeur retourne aux fourneaux en vue d’un final décapant et conclu par un motif suspensif. Les applaudissements sont mérités pour cette doublette qui évacue les lieux afin de faire place nette aux Américains.
Besançon a les Crocs
Désormais le club est plein et l’ambiance est sincèrement bon enfant : quelques instants avant le début de son show, le bassiste Aaron Beam sirote son thermos dans la pénombre à deux pas du public. Lorsque ses trois acolytes descendent de la loge, le quatuor se sert mutuellement la main avant de dégainer DOEN. L’armoire à glace barbue tenant la 4-cordes braille gaiement, tandis que John Sherman, son batteur, fait cavaler les gratteux avec ses rythmes endiablés. Avec une frappe puissante, le bûcheron quasiment collé au mur du fond fait du petit bois de sa première paire de baguettes en seulement 4 titres. Des reliques que le premier rang s’empresse de ramasser sur la petite scène surélevée.
L’Antonnoir est garni à ras-bord et ça se ressent tout devant. Entre les prises de vue aléatoires et des retours mouvants sous le ressac enjoué de la foule, nécessitant le réajustement desdites enceintes entre deux titres, la température grimpe follement ; la condensation est visible sur certaines conduites qui enjambent le seuil… Et pour cause, le remuant stoner rock des gus de l’Oregon est tout bonnement crasseux à souhait et épais (Hank is dead ou Throw up). Un son maousse – pur produit de têtes d’amplis vintage et de pédales MXR Bass Octave Deluxe – régale les plus de 300 personnes enclines à se laisser happer par ces airs hypnotiques et de stupéfiants soli, durant lesquels le tempo ralenti enivre une salle moite.
Les setlists manuscrites sur des papiers au format A5 laissent voir que le concert du soir offre la part belle à Only ghosts (Flies, The Deep, The smell of the sound, Not for you et No air). Les paroles de ces titres vieux d’une année sont sur les lèvres de mon voisinage proche. Et lorsque le chant est repris par Bryan Giles, encore un vocaliste à ne pas faire dans la dentelle, il est totalement suivi par son auditoire. Les Red Fang sont ruisselants et referment leur prestation avec Wires. A cette occasion, un jeune homme se fait slammer ; à deux doigts du plafond de scène, à deux pas de la régie, ça plane pour lui …
Les setlists étant pourvues de points de suspension, on comprend vite que des rappels sont sous-entendus. Après 5 petites minutes d’appels appuyés, les Américains redescendent de leur perchoir pour trois titres. Histoire d’enfoncer le clou une bonne fois pour toutes, ils catapultent le public bisontin à l’âge de pierre avec Prehistoric dog. Grand délire garanti ! Une claque ni plus, ni moins.
The place to be ce dimanche 26 novembre : l’Antonnoir !
Setlist de Red Fang
DOEN
Hank is dead
Throw up
Flies
The Deep
The smell of the sound
Blood like cream
Malverde
Crows in swine
Not for you
No air
Antidote
Wires
Rappels
3 dont Prehistoric dog
-Benoît GILBERT
crédit photos: Benoît GILBERT