Le 21 novembre dernier, le duo lyonnais Holy Two était de passage dans la capitale pour présenter son nouvel EP « Misunderstood ». Nous avons pu les rencontrer quelques heures avant leur concert sur la scène des Etoiles.
Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore, pouvez-vous vous présenter et nous raconter comment est né Holy Two ?
Hadrien : On était en école d’archi avec Elodie à Lyon. Je suis rentré en 2ème année.
Elodie : En 2014.
Hadrien : C’est ça. On se connaissait pas mais je pense qu’au fond de nous on avait envie de faire de la musique. Moi en tout cas j’avais un groupe de rock mais je pense que j’avais envie de faire autre chose. Et toi Elodie…
Elodie : Moi je faisais de la musique classique… Mais en fait j’avais pas envie de faire de la musique. J’ai eu envie de faire de la musique quand je me suis rendue compte que c’était possible de faire de la musique. En fait, avant, je m’étais jamais posée la question.
Hadrien : Du coup on a tout de suite fait des morceaux en acoustique. On avait pas encore vraiment de matériel…
Elodie : On avait une guitare sèche et un violoncelle à la base. Donc on a fait des musiques guitare-violoncelle pendant un petit moment.
Hadrien : Et puis après on a vu qu’il y avait des tremplins à droite à gauche et qui nous permettaient de nous produire. Parce qu’à la base on faisait pas du tout ça pour des concerts. Et puis finalement on s’est rendu compte qu’on avait envie de faire des concerts.
Elodie : À la base on avait écrit une seule chanson et on l’avait envoyé à un tremplin et on avait gagné. Et on s’est dit « Ah mais en fait c’est trop simple de faire de la musique ». Mais en fait non. Mais du coup ça nous a motivé au départ et après on a eu la chance, un peu par hasard, de faire un concert en première partie de Last Train. C’était notre premier concert, on les connaissait pas. Et c’était cool ! Enfin non le concert était nul…
Hadrien : C’était notre premier concert. Je me rappelle on est arrivé, il y avait même pas de sono…
Elodie : Ouais, on avait dû faire la tournée des bars pour chercher des pieds de micros et des retours, c’était l’enfer.
Hadrien : Du coup on s’est dit « Ah ouais putain… »
Elodie : « En fait c’est de la merde de faire de la musique ». En plus on avait écrit une seule chanson à l’époque et on devait jouer pendant une heure de set. Du coup pendant une heure on avait fait n’importe quoi je pense.
Hadrien : On avait fait des reprises des trucs comme ça… Bref là c’est un peu le début. Mais petit à petit on a fait des concerts. On a eu la chance de faire des tremplins, ce qui nous a permis de nous faire un petit nom et un petit réseau surtout. Pour nous c’était ça le plus important, c’était d’être entourés. Après on tourne avec le même label depuis presque le début, avec Cold Fame [le label de Last Train].
Elodie tu disais avoir une formation plutôt classique et toi Hadrien plutôt rock. Est-ce que cela a influencé vos créations ? Vous pouvez un peu nous parler de votre processus d’écriture et de composition ?
Elodie : Musique classique c’est vraiment ce que je faisais mais c’est pas ce que j’écoutais, j’écoutais d’autres choses. Et comment on écrit ? On a écrit de façon très différente les trois trucs qu’on a sorti. Le premier on l’avait écrit ensemble chez moi dans mon salon. On avait monté un espèce de home studio un peu à l’arrache. Le deuxième on l’a écrit complètement à distance. On écrivait chacun de notre côté et on s’envoyait des trucs. Le troisième on l’a un peu écrit à distance mais on a surtout passé beaucoup de temps en studio pour produire des morceaux.
Hadrien : Ouais comme tu dis c’était trois processus différents et c’était pas forcément volontaire.
Elodie : C’était plutôt « géographiquement » c’était plus simple qu’on soit ensemble ou pas ensemble.
Deux ans se sont passés entre votre EP précédent A lover’s complaint et Misunderstood sorti il y a un peu plus d’un mois. C’était important pour vous de prendre le temps de composer ?
Hadrien : Je pense qu’il y avait un peu de tout. On avait pas forcément l’envie de sortir rapidement ce nouveau cd car on était en pleine tournée.
Elodie : Bizarrement moi ça m’a paru super court ces deux ans. C’était pas du tout « allez vas-y on va prendre le temps de bien faire » car finalement on a été dans la précipitation la plus totale. Parce qu’on a beaucoup tourné au départ et on était encore étudiant aussi. Du coup on avait pas non plus que ça à faire. On tournait comme on pouvait, on travaillait comme on pouvait. Et la ça fait seulement un an qu’on est plus étudiant.
Hadrien : C’est vrai que quand tu nous dis deux ans ça nous parait super loin alors…
Elodie : Ouais alors qu’en fait c’est passé vraiment très vite parce qu’on faisait d’autres trucs à côté.
Est-ce que maintenant le fait de ne plus être étudiant change quelque chose pour vous ? Est-ce que vous voyez la musique comme votre priorité ou plutôt l’architecture ?
Elodie : Là on a la chance d’être intermittents depuis pas très longtemps.
Hadrien : Oui pour nous maintenant c’est notre « projet de vie » comme on dit. On a fini l’archi, on a eu notre diplôme. On s’est dit « très bien on a eu notre diplôme maintenant on se consacre à la musique ». C’est pour ça c’est assez drôle pour nous, ça fait pas super longtemps qu’on vit de ça. Pour nous c’était vraiment une nouvelle étape le fait de vivre de sa musique.
Elodie : Ça faisait un peu peur aussi. Avant d’être intermittents, on était étudiants et après pendant une année on a fait que de la musique. Quand j’ai commencé l’année, je me suis dit : « ça y est je suis plus étudiante, j’ai trop peur de me faire chier ». Et en fait pas un seul instant. En fait je pensais qu’on allait être en concert et que le reste du temps on ferait rien. Et en fait on a toujours un truc un faire. Je me rends compte que même moi pour organiser ma vie personnelle à côté c’est extrêmement compliqué.
Hadrien : Ah ouais ouais c’est sûr. Et du coup, même si on a beaucoup tourné et qu’il y a très peu de moments de vide, il y a toujours des moments où la vie est différente.
Elodie : Surtout que tu as un rythme très différent des autres en fait. Moi tous mes potes travaillent la journée et je m’étais dit « en fait je vais être toute seule tout le temps ». Et en fait ben non. Ou alors je suis toute seule et je fais des trucs.
Votre musique a un côté un peu mélancolique, et pourtant sur scène vous communiquez une véritable énergie. Comment l’expliquez-vous ?
Hadrien : Je pense pas que les deux peuvent être incompatibles. Oui tu parles de mélancolie, c’est un thème qui nous parle beaucoup et qu’on essaie de retranscrire sur le cd. Mais ce n’est pas un truc qu’on oublie sur scène. Je pense que c’est un truc qu’on a en nous et qui se ressent sur les deux.
Elodie : C’est surtout que quand on a commencé à jouer on était que deux. Et quand on était que deux, même pour nous c’était super lancinant et toujours la même chose car on jouait avec des boîtes à rythmes etc. Et quand on a rencontré Rémi [le batteur qui accompagne Holy Two sur scène] on a commencé à retourner tous les morceaux dans tous les sens. Et du coup, en plus d’avoir des morceaux beaucoup plus punchy, on se faisait jamais chier à les jouer car on les changeait tout le temps. Et on les change toujours tout le temps. Et du coup il y a toujours un truc qui fait qu’on est toujours trop contents de les jouer car ils sont toujours différents.
Hadrien : Après c’est vrai que l’approche est différente entre le cd et le live. Au final je pense que c’est toujours le cas pour tout groupe.
Vous travaillez avec Cold Fame Records depuis quelques années, mais en juillet dernier, vous avez également signé chez Because Music. Qu’est-ce que ça change concrètement pour vous ?
Hadrien : En fait on a signé en Editions, c’est-à-dire que… comment expliquer simplement ?
Elodie : Leur but c’est de nous trouver des passages à la radio.
Hadrien : En fait pour nous c’était une étape importante parce que c’est un réseau qui est assez conséquent en France et même en Europe, et dans le monde d’ailleurs. Pour nous c’était un moyen de rencontrer des personnes qui peuvent soutenir le projet encore plus.
Elodie : et c’est surtout un label que nous on trouvait super classe depuis un petit moment. Alors quand on a su qu’ils étaient intéressés par notre projet c’était un peu une petite victoire.
Hadrien : Oui, de par leur démarche et leur indépendance. Mais du coup, on a signé en édition donc eux leur but c’est de nous donner une visibilité dans des médias différents.
2018 approche, quelle surprise nous réservez-vous ? Peut-être un album ?
Elodie : Ben du coup ça sera plus une surprise, mais…
Hadrien : Oui le gros projet de début d’année c’est la sortie d’album qu’on est en train de préparer et finaliser en ce moment. Ça fait un petit moment qu’on a hâte de le dévoiler. Donc ça sera le gros projet de début d’année et qui va quand même nous tenir pendant un petit moment avec une nouvelle tournée et de nouvelles dates, pleins de nouveaux titres, pleins d’exclus et puis pleins de belles rencontres encore on espère !
-Séverine Quinault
Photographie prise sur le site Jack.canalplus.fr