C’est le jeudi 23 novembre que nous nous retrouvons à La Rodia, dans le cadre de la journée d’ateliers de l’opération Engrenage, consistant à détecter des groupes émergents en région Bourgogne Franche-Comté. Retour sur la création, le concept et les objectifs de ce projet avec Guillaume Dampenon, administrateur de l’équipe du Bastion, à Besançon.
SR : Engrenage, qu’est ce que c’est ?
Guillaume D. : En résumé, Engrenage est une opération de détection et de repérage artistique sur le territoire de la Bourgogne-Franche Comté. C’est un dispositif porté par le Bastion depuis trois ans maintenant, et dont l’enjeu est de permettre la rencontre entre le vivier artistique au niveau régional – c’est-à-dire des groupes, des labels, des développeurs d’artistes – avec les acteurs de la filière au niveau national. Il s’agit de confronter ces porteurs de projets, notamment les artistes, à ce que sont les logiques de développement de carrière et d’un projet artistique au niveau professionnel. C’est finalement une passerelle entre l’émergence d’un projet et la professionnalisation.
Il s’agit de groupes récents, commençant dans la vie artistique, ou cela n’a pas d’importance ?
Ce n’est pas tant sur la jeunesse du projet mais plutôt dans ses finalités. Il faut juste confronter un projet artistique ayant des velléités de professionnalisation. Le but est de réunir un ensemble d’acteurs, qui soient représentatifs de l’écosystème d’un projet artistique.
C’est le Bastion qui choisit ces projets, les artistes, les intervenants ?
Tout à fait. Pour ce qui est des intervenants que l’on décide d’associer à l’opération, c’est nous qui les avons choisis. Du côté des groupes, cela passe par un appel à candidature. Il s’est mis en place au printemps, avec un processus de sélection des groupes. La première sélection est faite par un comité de pilotage régional, avec des professionnels de la région – représentants des studios d’enregistrements, des médias.
Quels sont les critères indispensables pour effectuer la sélection ?
Il y a un angle assez précis. On se positionne essentiellement sur la dimension de l’identité artistique. Il faut se demander comment les groupes régionaux sont capables de développer, de créer une identité qui leur est propre et de la mettre en valeur. La question de l’artistique est centrale. En partant de cette dimension, l’enjeu est d’aller au-delà et de confronter les porteurs de projet à des logiques un peu plus structurelles.
Après la première sélection donc, où l’on fait ressortir douze groupes sur une quarantaine de candidatures, on trouve une nouvelle sélection, cette fois faite par les membres du jury national. Nous avons des partenariats historiques : le FAIR, dispositif d’accompagnement national, le Studio des variétés, centre de formation pour les artistes musiciens. On essaye ensuite d’avoir un panel d’acteurs qui soient représentatifs de la filière de l’écosystème musical. Nous avons un réalisateur artistique, Peter Crosbie, ainsi qu’Arnaud Fournier, mais aussi un représentant de la SACEM, partenaire également de l’opération, Olivier Alno. Ce jury retient donc trois lauréats parmi les douze.
Quel est l’enjeu pour ces trois artistes retenus ?
L’enjeu est de les préparer à cette rencontre qui a lieu aujourd’hui. C’est notre travail au Bastion, à travers des rendez-vous qui s’étalent sur environ deux mois. Cela nous laisse le temps de travailler avec eux, revoir leur projet, leur donner des indications, les faire réfléchir à des questions plus stratégiques. Ces trois artistes se produisent ensuite en concert ici à La Rodia, et l’ensemble du jury national y est présent.
Demain, ce sera l’heure des débriefings. Chaque projet, chaque artiste aura un temps d’échange individualisé avec l’ensemble du jury qui pourra analyser la prestation, mettre en lien ce qu’ils auront vu sur scène avec les éléments dont ils disposent. Au terme de cet entretien, il s’agira de dégager des pistes stratégiques ou d’accompagnement, pour que les groupes soient en capacité de savoir mieux où et comment se diriger.
Au terme de ces journées, que se passe-t-il ensuite pour les groupes ?
Nous essayons de mobiliser les acteurs régionaux pour apporter des réponses à ces groupes régulièrement. Nous continuons de les suivre, de les aider. S’ils ont besoin d’avoir un travail scénique particulier par exemple, on essayera de mobiliser des acteurs en région pour leur organiser des résidences. Nous leur proposons des formations, les mettons en réseau aussi avec le Studio de variétés pour les accompagner le plus longtemps possible.
Chose importante cette année également, nous avons décider d’associer à l’opération un artiste de renommée nationale, sous forme de parrainage. Il s’agit de Cabadzi. C’est un projet émergent, il y a déjà une notoriété assez importante, avec une dimension artistique qui est au cœur de ce dernier. Le groupe a aussi bénéficié d’un parcours similaire, en étant lauréat du FAIR en 2014, ce qui fait sens avec le partenariat.
Le soir même, les trois lauréats Anosmiac, de Besançon, Chantilly Bears de Sens et Dudy venant de Belfort se produisaient donc sur la scène de La Rodia pour clore cette journée intense d’ateliers de l’opération Engrenage.
Merci à Guillaume Dampenon, Juliette Tomasetti, Le Bastion, La Rodia de nous avoir accordé du temps pour répondre à nos questions à la fin de cette journée bien remplie.
