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THE HORRORS + MUERAN HUMANOS, le jeudi 09 novembre 2017, La Laiterie – Le Club, Strasbourg (67)

Hurlant, urgent, technoïde, new wave, tergal et jeu de ligature façon bondage, voilà quelques images pour résumer la venue de The Horrors le jeudi 09 novembre à Strasbourg. Un concert très attendu et perçu comme un privilège pour le public réuni dans la petite salle du Club. Ce n’est que la deuxième date d’une tournée européenne généreuse – à peu de choses près, le groupe joue tous les soirs entre le 08 novembre et le 15 décembre – et Faris Badwan se rue déjà sur une fiole de sirop pour la gorge, aïe! Malade ou non, le frontman assurera le show.

 

Soirée synthétique, soirée onirique.

L’entame de la soirée est réservée aux Argentins de Mueran Humanos. Dès les premières minutes, on ressent clairement l’exil berlinois dans leur performance. Que meurt l’Humanité, une injonction glaciale qui colle parfaitement à cette musique ciselée, alliage cinglant d’une basse épurée, transpirant la distorsion et les motifs lancinants d’un Moog. Ici le couple formé par Tomas Nochteff et Carmen Burguess ne pactise pas avec le tango national, mais s’offre une plongée dans la noirceur et la froidure de la capitale bouillante allemande. Une touche de Bowie, des beats electro et une relecture de la cold wave grâce à des déclamations, parfois susurrées, ultra répétitives en espagnol… en somme un cocktail illégal mais terriblement enivrant grâce à son esthétique expérimentale, proche de la B.O. de Trainspotting. Seule ombre au tableau, la doublette paraît timide et peu encline à échanger avant l’annonce du dernier titre.

 

The rocky Horrors picture show

Avant l’entrée en scène des Britanniques, les machines fumigènes crachent d’abondantes qualités de fumée qui remplissent la salle du Club. La scène paraît inatteignable alors qu’on la frôle. C’est le bon moment pour démarrer avec Hologram, issu du dernier disque, V. L’assistance est acquise d’emblée par un Faris Badwan charismatique bien que malade. Grande figure longiligne, mi-gothique mi-désuète dans son ensemble croisant le tergal et le tulle, l’homme déroule une prestation géniale. Capable de couplets mesurés, presque monocordes, il s’efforce de pousser de violentes saisies lors des refrains. Et lorsqu’il se tait, il est encore celui qui retient le plus l’attention avec ses vrais-faux assauts en direction de la foule, son pied de micro en guise d’arme de jet, ou en se lovant dans le câble du microphone, tel un adepte du bondage.

Mais The Horrors c’est aussi un groupe et des titres foutrement efficaces. Avec une insolente allure volée aux années 80, si violemment conspuées ou démesurément sanctifiées – c’est au choix – les titres du soir sont des ritournelles qui renvoient à Depeche Mode ou Talk Talk, avec des accents tokyoïtes (Ghost, Press enter to exit, … ) Aux côtés du leader et de son collier animalier en ras-du-cou, on trouve aussi deux pairs d’artisans : les intro et les extravertis. La première catégorie regroupe le batteur, métronome intraitable, et le claviériste-programmateur, sis côté cour et balançant nombre de sons qui participent à cette alchimie musicale (Mirror’s image). A contrario, guitariste et bassiste offrent une prestation bien plus visuelle et sensorielle. Tantôt robotique, tantôt reptilien, Rhys Webb et sa 4-cordes nous fascinent et capturent avec ses lignes simples mais démentes, car rapides et viscérales. Joshua Hayward est davantage dans une démarche shoegazer, affutant ses effets et ses distorsions comme des ciseaux déchirants qui nourrissent cette cacophonie minutieuse.

Le gang de Southend-on-Sea passe en revue beaucoup de titres de son dernier opus (The hologram, Machine, Weighed down, Press enter to exit, ainsi que Ghost et la très disco Something to remember me by lors des rappels), titres que l’assistance galvanisée reprend en chœur.

Lorsque le concert arrive à son terme (un drame, une catastrophe !), on se dit que The Horrors sont incontournables sur la scène indépendante actuelle. Quelques soient les étiquettes, cette formation transgresse les codes ; sa force, sa valeur ajoutée. Si V mérite amplement sa place parmi les meilleures productions de l’année 2017 –  voire avec davantage de recul, des années 2010, wait and see – un concert de ce groupe est une petite épiphanie, rien de plus.

Setlist de The Horrors

The hologram

Machine

Who can say

In and out of sight

Mirrors image

Sea within a sea

Weighed down

Press enter to exit

Endless blue

Still life

Rappels

Ghost

Something to remember

-Benoît GILBERT

crédit photos: Benoît GILBERT

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