Un peu plus de 3 ans et demi après son dernier passage au transbordeur de Villeurbanne, Fink (Fin Greenall et ses accolytes) repasse par la France pour défendre Resurgam, sa nouvelle production studio. La longue tournée européenne commencée depuis mi-septembre passe par le Radiant de Caluire, tout près de Lyon pour sa première date française.
Ce mardi 31 octobre, c’est le mardi d’Halloween dont le public se cogne allègrement car c’est surtout celui de cette nouvelle rencontre avec le quintet au leadeur charismatique. Fink est dans la place.
Pas de première partie annoncée et une arrivée inédite dans une salle de concert. Le public médusé, découvre les gradins non seulement en fond de salle mais également des rangées de sièges sur toute la fosse.
Au-devant de la scène, pour l’heure pas encore tardive, un écran de cinéma.
Le temps de remplir quasiment tous les sièges, un film retraçant des moments épiques de l’histoire de la musique pop/rock est balancé sur l’écran. A base d’interviews et d’images d’archives on se retrouve face à des icônes pour leurs tous premiers concerts ou passage à la télé… Parfois poignantes, parfois hilarantes les images défilent… Sans sous-titre ce qui devient épique pour les non anglophones… Nous voilà donc face à face avec Sid Vicious qui s’énerve avec les journalistes, Bowie, PIxies, Talking Heads, du noir et blanc à la couleur, de BB king à Nirvana… Une plongée dans les visuels et les sons (in english) de nos histoires musicales, de notre culture commune. C’est bien oui, mais c’est un peu longuet. Le public s’impatiente au bout d’une petite heure.
Sans autre annonce ou générique, le film s’arrête… Le public ne sait pas trop s’il doit se lever, applaudir quelque chose ou quelqu’un… Prendre le temps de passer boire un canon avec les copains ou pas… L’ambiance est plus celle d’un entracte au théâtre que du changement de plateau d’un concert.
D’ailleurs sur la scène, tout est déjà prêt. Après la levée de l’écran de cinéma, on voit que le groupe n’a plus qu’à arriver et à jouer. Pratique. On voit aussi que côté cours et jardin, il y a 2 set de batterie… sur l’une des grosses caisses est inscrit le nom du groupe : Fink côté cour, Resurgam à jardin. Resurgam c’est le nom de l’album qui vient de sortir, le sixième de Fink.
Une poignée de minutes plus tard, alors que la salle est encore allumée, le groupe entre en scène : Fin Greenall en tête, avec une guitare en bandoulière, Guy Wittaker branche sa basse derrière lui et Tim Thornton se met derrière les futs Fink. Deux autres musiciens, jamais nommés, s’installent derrière la batterie pour le premier et devant un ampli guitare pour le deuxième. Ce dernier passera d’ailleurs au piano plusieurs fois lors du set. Il était déjà avec Fin lors du concert du transbordeur en 2014.
Le groupe s’installe dans une quasi indifférence… Presque comme un petit groupe anonyme arrivant dans un pub bondé. Le public, en fait, ne réagit pas encore ne saisissant pas que le groupe vient d’entrer sur scène. Seuls les premiers applaudissements alors que la lumière de la salle s’éteint et le « Bonsoir » de Fin Greenall ramène le public au concert.
Sur scène les cinq musiciens sont auréolés d’une lumière douce envoyée par des spots disséminés dans leur dos. La fumée de scène rend les corps et les contours diffus presque mystérieux. Les couleurs s’estompent pour une ambiance ambrée, mordorée, sépia… La magie de Warm shadow, le premier morceau qui colle absolument à l’ambiance, fait le reste et embarque le public. En moins d’une minute, la salle est conquise, prête pour un voyage de pratiquement deux heures.
Warm Shadow est joué presque reggae, chaloupé a deux batteries, basse à 6 cordes et 2 guitares. Celle de Fin Greenall est folk, jouée en picking parfois quasi slappée. Elle est accompagnée par l’électrifiée chorussée qui tourne presque en nappe mélodique. Tout pourrait déjà enflammer le public mais la configuration de la salle assise mollement sur des fauteuils de cinéma ne l’enclin pas à se manifester bruyamment comme à n’importe quel concert exaltant. Au contraire, c’est presque une hypnose collective qui installe le public dans un paysage sonore nuageux, calme et bienfaisant.
Le groupe enchaine avec Shakespear à la fin duquel Fin Greenall, souriant, exprime son contentement sur la tenue du public et son calme olympien. Il dit la surprise de cette configuration inédite de la salle pour lui. Le public réagit en sifflant et criant. Avec cette voix toujours si douce et grave, il se tourne vers les musiciens leur demandant si c’est un « bon ou mauvais bruit » qu’il vient d’entendre. Le public rit confirmant les dires des musiciens qui savent bien que l’audience est définitivement acquise à la cause Finkienne. Cela tombe bien car Fin dit encore qu’il trouve ce public « vraiment mignon » et que le groupe veut donner à ce public venu pour lui une soirée très musicale.
Quelqu’un l’interpelle et lui demande si elle peut danser ! Il répond toujours très calmement qu’on peut danser dans son siège en remuant son buste puis il redit que c’est un vrai plaisir de jouer dans cette ambiance et qu’il remercie beaucoup les personnes présentes d’être venues.
Durant le concert, le front leader reviendra souvent sur cette ambiance presque recueillie permettant une vraie communion avec le public. Un moment rare qui semble avoir conquis non seulement les spectateurs mais le groupe lui-même. Extatique.
Ne tarissons pas non plus d’éloges sur la magnifique scénographie dans lequel se sont mus les cinq sur scène et le son aux petits osselets. Côté lumière, très peu d’éclairages de face. Beaucoup de petits faisceaux led blancs/dorés plus ou moins voltés, plus ou moins survoltés, quelques rampes bleues azur qui crachent un flot luxueux de lumen (bleus of course) ou encore seulement quelques loupiottes en petites flammèches pour que l’œil s’oublie face place à la vision sonore. L’esprit du public pouvant alors errer ou bon lui semble sans frein ni barrière visuelle.
Coté musicien, la polyvalence est aussi impressionnante : excepté le deuxième batteur qui restera quasiment derrière ses futs mais jouera également des machines, chaque musicien change de place, change d’instrument dans une chorégraphie maitrisée. Fin est au chant/guitares/claviers, Guy aux basses acoustiques ou pas, de cinq ou six cordes, Tim aux guitares, batterie, percu et chœurs, le deuxième guitariste passant aussi aux claviers avec la même dextérité.
Côté musique, c’est une presque expérience transcendantale à laquelle le public et le groupe se sont prêtés. Organiques pour les compos, d’une pure poésie pour les mots, d’une douceur infinie pour la voix, chacun des protagonistes sur scène a semblé également pris par la magie de ce moment unique. Le départ du groupe après un rallumage brutal de la salle a tout à coup déchiré l’ambiance.
Il faut dire que les rappels semblaient vouloir s’éterniser plus que de raison pour la production qui se doit de ménager son groupe pour les nombreuses dates qu’il doit assurer, ou le personnel de la salle à libérer… Qui sait celui qui a eu l’outrecuidance d’appuyer sur le bouton « on » des lumières blafardes de la salle qui ont cruellement sortis de sa douce langueur un public extasié. Les regards presque hagards de certains sont drôles. Les commentaires enthousiastes fusent avec l’envie pour beaucoup de se replonger très vite dans la discographie de Fink afin de retrouver un peu de cette expérience magique et mystérieuse d’un voyage entêtant, émouvant et étrangement confortable….
Ainsi que le dira Fin Greenall :
– « Love can happen, records can happen, GIGS can happen” Wise man !
Fink a encore 2 dates en France, les 10 à La Cigale et les 11 novembre 2017 au Grand Mix de Lille avant de passer outre-Rhin puis en Belgique et un peu partout ailleurs…
Fonces-y vite avec ton tapis volant !
La set list :
- Warm Shadow
- Shakespeare
- Day 22
- Not Everything Was Better in the Past
- Perfect Darkness
- Resurgam
- Godhead
- Fall Into the Light
- This Isn’t a Mistake
- Looking Too Closely
- Yesterday Was Hard on All of Us
- Word to the Wise
- Pilgrim
Rappel:
- Biscuits & Breakfirst(solo)
- This Is the Thing