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KADAVAR + MANTAR + DEATH ALLEY, le mardi 17 octobre 2017, La Laiterie – Grande Salle, Strasbourg (67)

Au début d’une tournée d’automne phénoménale – soit 33 shows en un mois et demi – Kadavar a investi la Grande Salle de La Laiterie ce mardi 17 octobre 2017. Accompagnés sur la route de Mantar et de Death Alley, les Allemands offrent une affiche remarquable d’éclectisme : heavy, black, psyché, stoner, … finalement il en aura pour tout le monde ce soir à Strasbourg.

A 19h20, la soirée démarre avec Death Alley. Avec Black magick boogieland, la formation batave nous plonge d’entrée de jeu dans son univers heavy metal. Les riffs habillés de fuzz traversent une salle encore clairsemée. Douwe Truijens se pose comme l’archétype du chanteur tout droit sorti des années 70. Ses bacchantes, son déhanché, le veston de cuir ouvert, les braillements, tout y est ; les petits hochements de tête à deux pas du micro rappellent un certain Ozzy… Cette influence transpire aussi du côté des musiciens (le bassiste sur 7777777) tout comme celle de Motörhead. Le set est court, mais les cinq titres proposés s’étirent délicieusement. Les places instrumentales sont légions. Instants durant lesquels le moustachu se met en retrait de façon à laisser toute la lumière à son gratteur, sa 9-cordes et sa wah wah. Oui 9 : je me suis remis à plusieurs fois pour les dénombrer. Bref, lorsque le set se referme sur la lugubre Supernatural predator, on aimerait passer encore un moment dans cette Vallée de la Mort !

 

Puis vient le tour de Mantar, le duo d’Outre-Rhin. La fosse s’est désormais remplie et l’information a du sens. Si le spectacle est certes devant nous, pour l’occasion des chandeliers ont été allumés sur des têtes d’amplis qui accumulent au fil du set une masse considérable de cire fondue, il faut également jeter un œil de temps à autre derrière. Et pour cause. Réactive au quart de tour à la brutalité affichée par les Hambourgeois, la fosse est devenue en un instant un circle pit. Les frottements et bousculades sont nombreux. Il en est même périlleux de prendre des photos. Sec comme un coup de trique, Hanno Klärhardt le guitariste et chanteur occupe le côté jardin. Alternant accords bourrins et motifs aigus punk, il évolue derrière son micro avec une rage quasi-viscérale (Era Borealis). Tous tendons et autres ligaments saillants, il s’époumone en beuglements hard, voire empreints de black metal lors de titres issus de Ode to flame et Death by burning. Son acolyte, Erinç Sakarya, n’est pas en reste. Il aligne les beats musclés et autres motifs à base de toms martyrisés. Un temps, on croirait même entendre du SOAD. (…) Bien que peu amateur du genre, le spectacle est époustouflant. Ils sont deux et font du bruit comme 15 ! Fin du show, l’émacié hors de contrôle et au regard dément salue la foule, reconnaissant vis-à-vis du public kadavarien d’avoir été en phase avec sa musique.

 

Kadavar ou le calme après la tempête ? Il n’en sera rien ! L’entame de concert est menée tambour battant avec Rough times ; les coups pleuvent avec Tiger derrière les fûts. Même si question tempo et colère on est clairement redescend de quelques crans, pendant plus d’une heure, la terre semble balayée par un flou continu de fuzz et de mélodies fouillées.

Kadavar

Au vu de la setlist, la formation est là ce soir pour défendre le dernier opus sorti il y a peu, Rough times. Cinq titres sont interprétés (parmi lesquels le single hypnotique Die baby die et Tribulation nation). Souvent comparés aux ZZTop, notamment pour leurs faciès velus, les Berlinois se posent davantage comme des entités bien distinctes, oscillant entre stoner (Skeleton blues) et heavy metal à la lisière du doom (Into the wormhole).

Kadavar

Christoph Lindermann, alias Lupus, déverse de la wah wah par barriques et transporte l’auditoire vers un ailleurs. Sous l’égide d’un backdrop inspiré de La création d’Adam, dans laquelle de vagues écorchés pointent une planète au cœur d’une voûte céleste, le bond est spatio-temporel. La Laiterie devient un temple à la gloire du psychédélisme d’autant. Avec un jeu de lumière savant, la gestuelle des Allemands devient presque évanescente. Tel un félin à la crinière et la barbe en permanence chahutées par de robustes ventilateurs, le frappeur assène des coups qui partent de loin et dans des mouvements qui tiennent du ralenti sur image.

Simon Bouteloup, bassiste de son état, ne cesse de faire les cent pas entre son amplificateur et le devant de la scène. Avec une attitude mêlant une rogne contenue et une certaine sensualité dans ses manœuvres, l’homme que l’on surnomme Dragon envoie des lignes qui fleurent bon le Black Sabbath, notamment sur Doomsday machine ou sur les titres issus de leur premier album, tels que Forgotten pastAll our thoughts ou Purple sage qui clôt le concert. Lors de leur rappel, le groupe reprend à la sauce kraut New rose, un titre de The Damned, avant de conclure définitivement sous des applaudissements généreux avec Come back life.

Kadavar

Proposant un set bâti sur l’ensemble de leur discographie, les Berlinois de Kadavar ont offert un concert d’excellente facture. Ayant embarqué avec eux Death Alley et Mantar, cette tournée d’automne à travers l’Europe est un moment de choix à ne pas rater pour les amateurs de stoner, de sonorités vintage et de performances puissantes.

Setlist de Kadavar

Rough times

Skeleton blues

Doomsday machine

Goddess of dawn

Into the wormhole

Die baby die

Forgotten past

All our thoughts

Tribulation nation

Purple sage

Rappels

New rose (The Damned cover)

Come back life

 

-Benoît GILBERT

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