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INTERVIEW : DAN OWEN

C’est dans le cadre de son concert à Paris, dans la salle Les Etoiles, le lundi 9 octobre dernier, que Dan Owen a gentiment accepté notre interview, à retrouver juste ici.

“On te découvre à peine en France, alors que tu as déjà une certaine notoriété en Angleterre… Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ? Qui est Dan Owen ?” 

“Par où vais-je commencer ?” *rires* “Je dirais qu’à la base je suis un chanteur, parolier. Mais j’ai commencé à jouer de la guitare quand j’avais 13 ans. Ma soeur chantait et moi je jouais, on se produisait dans les pubs des alentours, on profitait des scènes ouvertes, et il y avait aussi le groupe de mon professeur de musique. Ensuite quand j’avais 16-17 ans, j’ai commencé à chanter pas mal de blues. Ma musique a une base très blues, mais j’écoute tellement de sortes de musiques différentes. Je ne suis pas fermé d’esprit, je ne m’arrête pas qu’au blues. Donc pour résumer, je dirais un chanteur parolier influencé par le blues, mais pas tout le temps calme ! Ca peut parfois faire du bruit !”

 

“Et qu’est-ce qui t’a influencé pour que tu te dises un jour “c’est ça que je veux faire de ma vie” ?

C’est un peu étrange… En fait c’est comme si j’avais toujours voulu faire ça, et comme si ça avait toujours été prévu de cette façon. Mais en vivant dans la campagne, j’ai pensé qu’il n’y avait aucune chance. Je n’ai jamais rêvé de partir à Londres par exemple… Je faisais de la musique pendant mon temps libre et à côté de ça je devais avoir un “vrai travail” pour la journée. Donc j’ai commencé une formation de charpentier, et j’avais envie de devenir luthier pour faire des guitares. J’étais en alternance, et j’ai eu un accident pendant mon temps à l’atelier, un morceau de bois est sorti d’une machine et m’a frappé l’oeil, qui ne fonctionne pas correctement depuis, je n’arrivais plus à  faire un travail minutieux, à tracer des lignes droites. Je me souviens d’un jour où je me suis demandé ce que je pouvais faire d’autre… Et je me suis dit que si je faisais quelque chose comme 150/200 concerts par an, alors je pourrai au moins survivre ! *rires*. Donc à 17 ans j’ai fait une liste de tous les pubs à moins de 2h de route de chez moi. J’ai littéralement pris une punaise, avec une corde et j’ai fait un cercle sur une carte. J’allais voir les pubs de chaque ville un par un, et je réussissais à faire un concert par soirée, et donc j’ai fait 150 à 200 concerts en une année. C’est là que j’ai pu commencer à choisir les endroits dans lesquels je souhaitais jouer ou non. C’est comme ça que la musique a commencé. J’ai jamais essayé d’en faire, mais c’est venu à moi ! Ensuite j’ai publié des vidéos sur Youtube, signé des deals laborieux. Et puis j’ai signé chez Atlantic Records. !

 

 Tu as commencé vraiment jeune comme tu le disais, avec ta soeur, à 13 ans ?

Ouais je faisais juste de la guitare à 13 ans, mais c’est normal, c’était la campagne, tu peux aller au pub à 13 ans ! *rires* “La police ne tourne pas dans ces coins là ! Mais je ne buvais pas. Mon père me faisait des mots pour pouvoir entrer… Il disait “Les enfants veulent faire de la musique !””

 

Tu as des influences ? Des groupes qui t’ont marqué ?

Ca a commencé par mon prof de guitare. Il est venu à l’école et a joué des comptines. J’avais 9 ans et c’est là que je me suis dit que je voulais jouer de la guitare. Il m’a fait jouer du blues, comme des chansons de Robert Johnson. J’ai écouté des tonnes et des tonnes de titres, donc j’ai commencé à jouer des versions simplifiées de ces chansons dans les pubs. Ensuite j’ai eu une phase plus rock, j’écoutais Paolo Nutini, ce genre de choses. Je trainais souvent sur Spotify et j’écoutais tout ce qui passait devant moi, du bon et du moins bon. Et maintenant j’écoute tout ce qui me semble bien : musique classique, métal, rock, pop rock, folk, beaucoup de bluegrass…

 

Tu as un groupe ou un musicien préféré ?

Je ne sais pas si c’est mes “favoris”. Je pense que j’ai beaucoup écouté Paolo Nutini. Il a une belle carrière, ça a été comme un but pour moi. Je ne sais pas, je ne pense pas qu’il n’y ait qu’une seule personne. C’est plutôt un mix de toutes mes influences. Dans le van on passe album sur album, ça va de Tallest Man on Earth à Rival Sons en ce moment par exemple, ou AC//DC, Guns n’ Roses, Pendulum… Souvent dans mes “stories” sur Instagram, je mets ce que j’écoute en ce moment.

 

Tu joues donc pas mal en Angleterre, et ce soir ce n’est pas ta première fois en France ? Tu as remarqué des différences entre le public anglais et le public français ?

Non je crois que j’ai déjà joué quatre ou cinq fois ici. Mais en Angleterre, les gens sont comme obnubilés par la bière ! *rires* “Quand je joue en Angleterre je reçois des messages me demandant à quelle heure je suis sur scène et à quelle heure je termine, les gens viennent juste regarder le concert et s’en vont. Mais ici, les gens viennent dès l’ouverture des portes, ils prennent une bière, profitent de la première partie, attendent, regardent ton concert et restent un peu après le concert. Ouais en fait les français trainent ! *rires* “En sortant de scène je prends quelques minutes pour refroidir ma voix, prendre une douche, et ensuite je sors pour prendre une bière avec tout le monde. J’ai fait ça en France, en Allemagne, mais quand je l’ai fait en Angleterre, au moment de sortir il n’y avait plus personne !” *rires* “Et puis ici en loge on a des fruits !”

 

Tu tournes en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse… Tu as pensé à franchir les frontières de l’Europe ?

J’y suis déjà allé deux fois, mais c’était plus pour enregistrer à Nashville, New York, Washington D.C. J’aimerais y retourner bientôt. C’était mon premier grand voyage, j’ai dû me faire faire un passeport ! Je n’avais jamais été en dehors de mon pays. J’avais 20 ans, c’était fou. Mais je ne pouvais pas boire dans les bars, alors que c’est 18 ans en Angleterre. Un jour, mon producteur est passé me voir là-bas et m’a dit “j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle, la mauvaise c’est qu’on ne peut pas enregistrer jeudi matin, la bonne c’est que je suis invité à l’anniversaire de Willie Nelson, tu veux venir ?” Et j’ai dit oui, forcément. C’était dans une petite salle, plus petite que celle de ce soir. C’était Jack White qui jouait, tout en passant dans le public. Je me suis fait quelques potes comme Neil Young, Ashley Monroe ou Sheryl Crow et je me suis dit “alors c’est ça de vivre à l’étranger, j’ai manqué ça toute ma vie ?” *rires*

 

Vous serez deux sur scène ce soir. Tu es pourtant habitué à jouer seul en acoustique ?

C’est une nouveauté, Louis est avec moi depuis six dates environ, c’est la première fois que je tourne avec quelqu’un d’autre, mais j’adore ça !

 

Et parle-nous un peu de ton futur proche ? Tu as enregistré un album récemment, tu sais quand il va sortir ?

Je l’ai enregistré cet été, tous les jours de la semaine on était en studio, et les week-end je jouais dans les festivals, ce qui fait sept semaines sans jour de repos. Donc il est enregistré, on a besoin de mix et de mastering, et peut-être deux chansons en plus. J’ai sorti le single Hideaway il y a quelques semaines, j’en sortirai peut-être un autre. L’album ressemble beaucoup à Hideaway point de vue sonorités, assez blues, avec un groupe complet. Et si tout va bien l’album sortira en début d’année prochaine, et j’espère qu’on pourra tourner avec un vrai groupe cette fois, pour faire plus de bruit.

 

C’est dans pas si longtemps que ça alors. Et justement, tu parlais de Hideaway, ton single, tu peux nous en dire un peu plus ?

J’ai toujours voulu écrire à propos de l’accident avec mon oeil. Je ne l’avais jamais fait jusqu’à maintenant. J’essayais, mais rien ne sortait, ça me faisait replonger dans une période terrible de ma vie pendant laquelle je suis resté enfermé sur moi-même. C’est comme ça que Hideaway est née. Elle est arrivée après toute cette frustration. Mais maintenant tout va bien ! C’est finalement la pire et la meilleure chose qui me soit arrivée.

 

On a la chance de te voir quelques minutes avant de monter sur scène, comment te sens-tu ?

“Ouais, il faut que je pense à regarder l’heure d’ailleurs !” *rires* “Bien ! Je me sens bien ! De base je ne suis pas quelqu’un de stressé. En fait je suis impatient, c’est une très belle salle et le son est vraiment bon de ce que j’ai pu entendre pendant le soundcheck. Je ne demande pas mieux ! C’est clairement mieux que les pubs en Angleterre !”

 

Tu as une routine avant de monter sur scène ?

Cette question est horrible, je ne sais jamais quoi répondre. La seule chose peut-être, c’est cet enregistrement de bruits que j’ai sur mon téléphone pour chauffer ma voix pendant une quinzaine de minutes. Louis par contre adore écouter de la musique kitsch des années 80 pour s’échauffer !

 

Et pour finir, tu parles un peu français ?

Justement j’en parlais tout à l’heure. C’est très embarrassant d’aller dans tous ces pays et d’être incapable de parler leur langue. L’anglais, on le parle partout. En français, je peux vous dire ce que mon professeur m’avait appris “oui”, “merci”, mais c’est dur de connaître un peu de chaque langue pour chaque pays visité. Mais j’aimerais apprendre à parler une autre langue, mais c’est déjà difficile parfois d’apprendre les paroles d’une chanson, même celles que j’ai écrites…

 

Et quelle langue aimerais-tu apprendre alors ?

Le français !

 

Interview et live réalisés par Gaëlle Flesselle et Sophie Ponçot. Crédits photos : Sophie Ponçot.

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