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FINK, Resurgam

Après le sublimissime Hard Believer sorti en 2014 et quelques pérégrinations pointues côté dub et blues, Fink revient avec Resurgam.

Fink est le nom Alien de Fin Greenall, ou de ses projets aux géométries variables.

Fin est un anglais de 45 ans. Tout au début, il est Dj et mixeur/producteur plutôt électroïde mais pas que (Ryuichi Sakamoto, Elbow). Il bosse pour différents labels à Londres. Parallèlement il compose et sort en 1997 un premier single : Fink Funk puis un album : Fresh produce, très électro.

Fin rompt avec les machines, le dancefloor. Il veut revenir à un style et une production plus traditionnelle. Guitariste, il s’entoure de deux comparses : Guy Whittaker et Tim Thornton à la basse pour l’un et à la batterie ou à la guitare pour l’autre. Le passé électronique de Fin, sa voix bluesy accompagnée de chœurs pop, son phrasé folk tout en picking et la section rythmique assurée font du premier album de cette formation : Biscuit for breakfast en 2006, une réussite qui en appellera d’autres.

7ème album de Fink, 6ème si l’on ne compte pas l’album électro : Resurgam signifie littéralement : « Je ressusciterai ». C’est une inscription latine gravée dans une église du Xème siècle dans les Cornouailles, région natale de Fin Greenall.

Produit par Flood (PJ Harvey, U2, Foals…) Resurgam porte bien son nom. Fink se réinvente tout en restant fidèle à ses valeurs musicales. D’une honnêteté imperturbable qui confère à l’orthodoxie, le trio embarque ses ouailles dès le premier morceau éponyme dans une expérience transcendantale.

L’auditeur plonge directement dans une ambiance sonore plus que dans l’intro d’un morceau. Le clavier et la basse lancent la cadence, suivis par une batterie lourde et légèrement assourdie. La voix en homélie n’inquiète pas, elle emmène, accompagne au fond de cette chapelle pour en lire le texte gravé depuis des siècles, en extirper ses secrets. L’auditeur se laissera emmener tout au long de ces presque 10 minutes de méditation, il passera cette épreuve ou fuira, pauvre hère, sans avoir compris qu’il tenait le graal entre ses 2 oreilles.

Pour la petite histoire, Fin Greenall raconte que ce morceau a été enregistré en une seule prise qui était censée être juste un échauffement et un check-sound d’enregistrement lors du premier jour de studio pour l’album.

On sent bien les roulements des essieux, le défilement des paysages dans Day 22, le morceau suivant. Composé plus ou moins sur la route lors de la centaine de dates entre l’album précédent, celui de blues et l’enregistrement de celui-là, on continue un voyage étrangement léger « Travel light, we leave »

L’élégance dans la maitrise du temps et des émotions est l’atout principal de Fink. Comme sur scène lorsque plus personne ne sait si le morceau vient de commencer ou touche à sa fin. Le trio, parfois accompagné de quelques musiciens additionnels, construit des architectures sonores mouvantes. Simples voire simplistes en apparence, elles entrainent irrémédiablement des impressions de ressentis personnels. Sorti en single locomotive, Crack appears sera ce morceau dont la poésie s’accrochera à vos neurones indéfiniment. Il vous donnera des souvenirs que vous ferez vôtres : C’est précieux !

Voix et piano pour Word to the wise. L’attente de l’arrivée d’un orchestre à cordes ou au moins d’un violoncelle qui propulsera l’émotion est vaine. Magistralement contenu, le morceau n’explose jamais. Fink préférant la retenue quitte à frustrer que le pathos grandiloquent. Forts les Fink !

Même construction côté guitare pour Not everything was better in the past qui donne l’occasion d’entendre de magnifiques, mais toujours parcimonieux arrangements. A base d’effet larsen/chorus de guitares en nappes ils se posent magnifiquement sur le pont.

Toujours en voyage pour The determine cut ou Coveting your tracks. Un son clavier, 2 notes répétées tout au long du morceau, comme un mantra que la conscience apprivoise et chevauche pour aller encore plus loin.

Gimmick africanisant et rythme sautillant pour la guitare de Gohead. C’est le soliloque d’un personnage, une sorte de récitation pour ne pas sombrer dans la déprime alors qu’il se lève seul, encore. Il doit se lever malgré la solitude, regarder le ciel bleu derrière les nuages. Avancer quand même. Se donner du courage. Il parle seul et se demande s’il est fou. Le morceau est presque lourd mais l’arrivée des chœurs et d’une rythmique sont salvateurs.

This isn’t a mistake pose  encore des questions sur le temps, thème cher à Fink sur cet album. Le passé n’est pas, le futur non plus. Le présent n’est pas une erreur dit-il. Vous avez 4 heures ! La résolution très enlevée façon jazz de ce morceau permet d’apprécier la virtuosité des musiciens.

L’album se finira sur un hymne vintage bien aussi puissant qu’un imagine de Lennon lui empruntant même quelques notes sur la fin du couplet. Espérant qu’il aura autant de succès que son prédécesseur, car évidemment, il parle d’amour.

Fin Greenall raconte qu’il se dit parfois en écoutant cet album qu’il aimerait bien avoir écrit tel ou tel morceau, puis il se rappelle que c’est le cas et il est heureux… Nous aussi !

Pour prolonger l’expérience immersive dans l’univers de Fink, il n’y a rien de mieux que de voir se dérouler les morceaux sur une scène. Fink défendra cet album et bien d’autres titres pour 2 dates françaises seulement : Au radiant à Caluire (69) le 31/10/2017 et à la Cigale à Paris (75) le 10 novembre… Plongez-y !

-Bérénice

 

 

 

Artiste : Fink

Album : Resurgam

Label/Distribution: R’COUP’D

Date de sortie : 15/09/2017

Genre : Rock/Blues

Catégorie : Album Rock

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