Voilà plusieurs mois que The National nous fait patienter en dévoilant au compte-goutte des extraits de leur dernier opus intitulé « Sleep Well Beast ». Ce 8ème album met en avant le désir profond de changement et de renouveau du groupe originaire de Cincinnati. Un résultat convaincant qui diffère de leur discographie.
Sorti le 8 septembre, quatre ans après le très remarqué Touble Will Find Me (4AD, 2013), la production de Sleep Will Beast fut longue comme le confiait Bryce Dessner (guitariste) lors d’une récente interview. Les cinq membres ont pris leur temps pour se consacrer des side project chacun dans leurs villes respectives. Une coupure nécessaire pour tous afin de mieux se retrouver.
« Sleep Well Beast » est un album sombre et mélancolique, rien de nouveau à l’horizon me direz-vous ! Justement oui, si l’on retrouve les textes torturés de Matt Berninger, sublimés par sa voix et son interprétation, on découvre surtout une nouvelle façon de composer, plus épurée où chaque instrument trouve sa juste place le au long des douze chansons de l’album. Les machines sont omniprésente par le biais des samples, des synthétiseurs et pour la création de rythmes.
Cela se ressent dès l’entame de l’album avec l’intimiste Nobody Else Will Be There. Une rythmique délicatement filtré, un piano en avant, une nappe de synthé et la voix de Matt Berninger, rien de plus. On a l’impression d’entrer dans cet album par une porte dérobée. Dans le même registre, on appréciera sans date limite d’écoute, Born To beg, les superbes Guilty Party et Carin At The Liquor Store ainsi que Dark Side Of The Gym.
Sur Day I Die (dernier morceau mis en ligne avant la sortie de l’album), on retrouve une composition plus rock et commune au groupe. Les guitares sont puissantes et stridentes le gimmick entêtant résonne un moment dans la tête. La batterie de Bryan Devendorf ajoute de la puissance à un morceau que l’on a hâte de voir en live. Dans la même veine, Empire Line, The System Only Dreams in Total Darkness avec là aussi un gimmick guitare efficace, le très survolté Turtleneck et I Still Destroy You avec un final batterie à couper le souffle.
Sleep Well Beast clos l’album comme il a commencé par un morceau intimiste, mais la comparaison s’arrête là. Les machines ont pris le pouvoir, hormis une guitare saturée et un piano en dissonances avec cette complainte qui résonne “I’ll still destroy you some day, sleep well beast, you as well beast”.
A travers ce 8ème album, The National a su se renouveler sans perdre son identité, une qualité rare pour un groupe qui compte vingt années de carrière. « Sleep Well Beast » est un album réussi, surement le plus abouti du groupe qui s’impose chaque jour un peu plus comme une référence incontestable.
The National se produira à Paris le 2 novembre 2017, Grande Halle de la Villette, dans le cadre de l’édition française du Pitchfork Music Festival.
-Rémy Poidevin
Artiste : The National
Album : Sleep Well Beast
Label/Distribution : 4AD
Date de sortie : 8 Septembre 2017
Genre : Rock Indépendant
Catégorie : Album Rock