À la recherche de fraîcheur, d’audace et d’esprit West Coast, prêtez l’oreille à Bulls and roosters, le dernier né de Together PANGEA. Encore assez méconnu en France, ce trio présente pourtant un CV honorable: plus de dix ans d’existence, 4 EPs, désormais 4 albums et des concerts aux côtés de Ty Segall (gourou incontournable depuis quelques années, … ), Wavves ou The Black Lips. Bref, les gars ont de la bouteille comme beaucoup d’ailleurs, mais les bonnes places au soleil sont comptées. Face à une route longue et sinueuse, la formation sème de petites pépites afin de ne pas être perdue (pire, oubliée !) dans l’univers infini du rock. La dernière date du mois d’août. En rien révolutionnaire, bien au contraire, elle vous ramène aux bons souvenirs des autres et du temps d’avant.
Lancer la lecture des 13-titres réunis sur Bulls and roosters, c’est comme se mettre en face d’une playlist taillée comme un cadavre exquis : une succession de morceaux imparables grâce à des copier-coller-juxtaposer de couplets, refrains et autres ponts compilés sur plus de 50 ans de rock. Rien que ça ! Avec Sippy cup et sa batterie jouée à la Charlie Watts, les inconditionnels des Stones auront tout simplement l’impression d’être à la maison d’entrée de jeu. L’illusion revient même à la charge sur Gold moon, notamment lors des chœurs et grâce à des intonations à la Jagger/Young. Et puis, il y a aussi cette petite touche magique, bluesy qui rode sur Money on it, le petit bijou mi-stonien mi-dylanien de l’album. En un mot, du velours au sortir des amplis qui va également ponctuer ses 37 minutes avec la très chaloupée Alison. Alors doit-on réduire Together PANGEA à des fils illégitimes, donc putatifs de Keith et consorts ? Ce serait facile et grossier, comme lire un livre (ou cette chronique ?!) en diagonal. Les grandes lignes ne disent pas tout.
Coincée dans un entrelac de surf music et de punk parfois édulcoré par la pop (Stare at the sun), l’ambiance globale est davantage tournée vers la rayonnante côte ouest étatsunienne, qu’en direction de la pluvieuse Albion. Les guitares cheap swinguent avec légèreté ; ça fleure bon le soleil de Californie, l’insouciance (Friend of nothing) et l’alcool (Southern comfort). Un temps, on pourrait s’imaginer à Venice Beach avec David Duchovny, aka Hank Moody, dans la jubilatoire et désordonnée série Californication. Beach Baby, The Growlers ou encore Jaws ne sont pas très loin (Friend of nothing reprend à peu de choses près le thème de l’excellent Just a boy sorti il y a un an !), pour ne citer que trois artistes/albums qui m’ont marqué l’année dernière. Quasiment à la même période. Le constat s’impose : Pet sounds a 51 ans, la surf music a le vent en poupe, la vague revival aussi…
Et soudain, sans crier garde, la joyeuse bande de Santa Clarita se mue en formation nerveuse, enragée sur Better find out, un titre saturé et haletant en forme de coup de poing, en comparaison avec la délicate Peach mirror. Plus lente mais dégoulinant de morgue, la bande emmenée par William Keegan poursuit ses pérégrinations sonores en marge d’un grunge revisité sur le titre éponyme. Retour d’expérience après s’être frotté à Ty Segall ? No comment, si ce n’est que Bulls and roosters pourrait figurer en bonne place dans la discographie pléthorique du blondin survolté. L’idée se confirme avec Is it real ?. Cette fois-ci, on croirait un tube à la The Vines, lorsque les refrains crades et éructés résonnent. Schizophrènes les Californiens ? Non, un brin Opportuniste(s).
Sautant du coq à l’âne, ce disque hétéroclite déversant un agglomérat de musiques revival, tantôt insouciantes tantôt rebelles, est une Pangée sonore. Fort comme des bœufs, fiers comme des coqs de basse-cour, Together PANGEA est finalement une association de roublards, de goupils aguerris et désireux de se tailler une part du gâteau. Toujours encline à se réfugier dans la nostalgie, le trio a de quoi séduire l’Europe. Cette nouvelle livraison pleine d’atouts ne fera qu’une bouchée de vous !
-Benoît GILBERT
Artiste : TOGETHER PANGEA
Album : Bulls and roosters
Label/distribution : Nettwerk Records
Date de sortie : 25/08/2017
Genre : rock indé
Catégorie : Album rock