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PARAMORE, After Laughter

Après un break bien trop long au goût des fans et de trop nombreux changements dans le line-up du groupe, Paramore nous revient en ce 12 mai plus en forme que jamais, et avec trois membres initiaux s’il vous plaît ! Un retour extrêmement attendu depuis son annonce il y a quelques semaines à peine et la publication de deux premiers extraits, annonçant la couleur : le Paramore énervé n’est plus, place au Paramore heureux version 2017.

Quelle déception nous avions ressenti à l’annonce des départs des frères Farro puis du bassiste Jeremy Davis il y a quelques années… C’est donc avec une immense joie que nous avons accueilli le retour de Zac Farro aux côtés de la belle Hayley Williams et son acolyte de (presque) toujours Taylor York il y a quelques semaines, en même temps que l’annonce de la sortie de ce nouvel opus. 4 ans après Paramore, le cinquième opus éponyme du combo américain, le désormais trio revient avec la petite galette After Laughter, composée de 12 morceaux audacieux.

 

L’écoute débute sur le titre Hard Times, qui avait été présenté au mois de mars au grand public. Avec une production très axée pop des années 80, ce premier morceau nous emmène dans un nouvel univers plutôt synthétique et électro-pop, mais d’une grande énergie. Mention toute particulière pour le riff final qui est excellent, ainsi que les choeurs effectués par les garçons sur les “Hard Times” du refrain. Rose-Colored Boy, à sa suite, est dans la même veine : très disco-pop, axée années 80 avec une ligne de chant puissante et une production de grande qualité. On se retrouve presque dans un univers façon Blondie, avec une instrumentale très synthpop, très new wave.

Told You So est le deuxième extrait qui avait été révélé au grand public quelques jours avant la sortie de l’album, et le moins qu’on puisse en dire est que c’est un morceau très disco pop aux paroles inattendues et pas vraiment en adéquation avec les joyeuses rythmiques : “For all I know, the best is over and the worst is yet to come. Is it enough to keep on hoping when the rest have given up?” Peu d’espoir laisse transparaître au coeur de ce morceau, et ce n’est pas le Forgiveness qui suit qui va arranger les choses.

On pourrait presque croire à ce stade de l’écoute que les émotions au coeur de cet album sont crescendo. Enfait, non. Paramore a désormais le don d’écrire des paroles extrêmement tristes et pessimistes sur des rythmes qui respirent la joie et l’allégresse. C’est plutôt intéressant comme concept.

Pool et Grudges ont un point commun : l’instrumentale toute simple, laissant s’installer une ligne de basse qui ressort énormément. Les samples utilisés en arrière-plan disposent de rythmiques presques enfantines, contrastant avec les paroles rédigées par Hayley Williams qui sont d’une maturité sans faille. On s’aperçoit qu’elle tente de ressasser le passé, mais d’une façon qui fait en sorte qu’elle puisse avancer. Elle ne se lamente pas sur son sort, elle extériorise et ça lui fait du bien. “Why did it take so long to just let go?”  Caught in the Middle aborde relativement les mêmes thèmes, et les choeurs ajoutés dans ce titre apportent une plu-value, renforcée par le break basse-batterie qui est absolument excellent.

Fake Happy est de ces titres dont on ne sait que penser à la première écoute. Le titre débute en acoustique, avec la voix de Hayley Williams, chuchotant “I love making you believe what you get is what you see, but I’m so fake happy, I feel so fake happy. And I bet everybody here is just as insincere, we’re all so fake happy and I know fake happy.” Tout semble morose et triste, et puis arrive le petit pont au synthé, et Fake Happy devient alors un hymne funky et ambitieux, sur lequel la chanteuse parle de toutes ces personnes qui cachent leurs sentiments, et particulièrement se cachent derrière un masque heureux.

Idle Worship est un des derniers titres sur cet album et il apporte une vague de déjà-vu. En effet, toutes les sonorités de ce morceau ramène à un ou plusieurs morceaux de l’album précédent du combo américain, avec cependant l’apport de lyrics plus matures qu’auparavant. La partie instrumentale comporte des samples dansant, on entend vraiment bien l’effet new wave dans ce titre, notamment au niveau du break et des choeurs qui sont funs. Les arrangements sont très bons, et la partie batterie est cool : on est ravis du retour du Zac Farro qui nous avait manqué !

 

Mais Paramore nous avait habitué à présenter au moins une ballade par album, et After Laughter ne fait pas exception à la règle. Avec les titres 26 et Tell Me How, Paramore revient à la douceur et au calme, apportant une pause douceur dans ce monde de brute. Ces titres nous rappellent à des morceaux plus anciens, 26 étant par exemple une amélioration de The Only Exception, un morceau de la première heure de Paramore, lorsqu’à contrario, Tell Me How nous fait penser à un Future ou un Hate To See Your Heartbreak de l’album éponyme. Tell Me How est un titre écrit au piano, une ballade un peu sombre, triste et violente. 26 est quant à elle une chanson apportant une vision de l’amour qui assume une morosité éventuelle. Alors autant l’instrumentale est douce, autant les paroles sont sombres et torturées.

Et ce n’est pas le titre No Friend qui va arranger les choses. A la première écoute, les premières secondes nous paraissent annoncer un morceau instrumental. Cependant, une voix masculine se fait entendre, mais est à peine audible et semble assez éloignée durant tout le titre : il s’agit d’Aaron Weiss, le leader de MeWithoutYou, un des groupes préférés de la chanteuse Hayley Williams. Cette dernière n’apparaît pas sur ce titre : c’est une instrumentale basse/batterie sur laquelle Aaron Weiss “slamme”. Ce titre un peu particulier est considéré comme une cacophonie, à coup de basse rugissante liée à une ligne de guitare effrénée, sur lesquels Aaron Weiss parle d’une légèreté tenace, avec des métaphores pessimistes. Il dicte un poème post-apocalyptique fou sur une instrumentale rock et groovy. Ce titre apporte de la nouveauté chez Paramore et c’est malgré tout plutôt agréable.

 

After Laughter est globalement l’album de la maturité pour Paramore. Avec des rythmes dansants et colorés, on se retrouve dans un univers très axé new wave qui nous rappelle aux années 1980. C’est un album expérimental, où les lignes de basses sont rapides et les rythmes effrénés. On retrouve quelques influences venant de Tame Impala ou des groupes plus “synthpop”, comme Blondie. Les paroles sont plus matures, même s’il n’y a pas moins de cinq chansons sur lesquelles Hayley Williams parle de pleurer : cependant, les instrumentales sont optimistes et joyeuses. Tout n’est pas forcément beau et “poptimiste”, mais le groupe va s’en sortir. On ressent que les épreuves du passé leur ont fait preuve de la graine, de l’audace et de la maturité. Grâce à cet album, le trio laisse ces difficultés de côté et s’apprête à prendre un nouveau départ, une nouvelle ligne directrice et la fraîcheur que l’on ressent à l’écoute de cet opus nous fait du bien. C’est sans hésitation la bande son de notre été.

 

  • Marion ARNAL

Artiste : Paramore
Album : After Laughter
Label / Distribution : Fueled By Ramen
Date de sortie : 12 Mai 2017
Genre : pop rock
Catégorie : Album rock

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