Au programme du vendredi 05 mai à la Laiterie, une belle découverte qui mérite d’être suivie ainsi que le plaisir indéniable de revivre la fin du siècle dernier et – peut-être – une tranche d’adolescence.
En ce début de weekend, la soirée dans la Grande Salle démarre piano. Un jeune homme seul vêtu d’un lourd pardessus, d’une chaîne en sautoir et au visage poupin fait patienter un public déjà présent pour la tête d’affiche. Armé d’une guitare éprouvée et de sa voix androgyne, Jim Bauer ne se démonte pas pour autant et propose un court spectacle de grande facture, durant lequel il invite une assistance réceptive à faire les chœurs. Si entre les titres il se montre plutôt réservé, il se révèle avec sa puissance vocale considérable, notamment sur Marilyn in you. Sa malice se confirmera avec un titre conclusif jubilatoire, à savoir une reprise audacieuse mêlant Daft Punk et Justice, toujours seul avec sa 6-cordes. Le public est conquis. La sortie de scène est accompagnée de très larges applaudissements.
Un quart d’heure plus tard, K’s Choice entre sous la même clameur alors que le fond de la scène arbore un énorme et brillant « 25 ». Pantalon treillis, tatouage tribal courant sur tout le bras droit, 44 ans au compteur, Sarah Bettens débarque avec un large sourire qui ne la quittera pas de la soirée. La chanteuse belge aux pieds nus saute dans tous les sens et ne cache pas son bonheur de fêter le quart siècle de sa bande. Le show démarre avec Mister Freeze, introduit par une boucle de glockenspiel qui laisse rapidement la place aux guitares et à la solide basse de Bart Van Lierde. Retour garanti en 1995 !
Butterflies instead, Somewhere, Almost happy, If you’re not scared et son intro orientale, … Ces titres sont connus de tous et la Laiterie ne peut s’empêcher d’entonner les paroles à tue-tête, notamment Cocoon crash ou I smoke a lot. Le show des Anversois est une savante alternance de temps forts et de moments plus subtils. À l’issue de la turbulente Believe – introduite par un « vous avez envie ce soir ! » – le groupe s’éclipse laissant le temps d’un interlude acoustique la fratrie Bettens seule sur scène. Breakfast est alors l’occasion de profiter des remarquables harmonies vocales de Gert et Sarah. L’instant d’après, Reinout RJ Swinnen, le claviériste, les rejoint avec son mélodica pour la triste ballade qu’est Now is mine.
Rebelote après les titres pop rock que sont Surrender ou Virgin state of mind, K’s Choise se fend d’un nouveau break. G. Bettens est alors au chant et à la rythmique, tandis que Tom Lodewyckx, le second gratteux, joue une partition atmosphérique avec une pédale volume. Les sons tirés de son instrument sont déchirants. Shadowman est un moment magique ; un sommet selon moi.
Tous les standards du groupe y passent ce soir mais aussi des morceaux de la décennie actuelle, tels que Echo mountain, Resonate et sa marche entonnée à la batterie par Wim Van Der Westen ou Surrender. On semble être dans un voyage folk rock au cœur des Etats-Unis. De même, la tessiture de la frontwoman rappellent des interprètes du genre, telles Sheryl Crow, voire Emmylou Harris.
Lorsque Sarah Bettens entame les lamentations de Not an addict, je vois fleurir une myriade éblouissante de portables. On pleure même sur ma droite ! La voix éraillée de la chanteuse y est pour beaucoup. Sans tergiverser, cette dernière prend son élan et se jette dans la foule pour le final. « Je ne suis pas si vieille que ça ; vous non plus ! » dira-t-elle après son retour sur scène. Avant de quitter la salle une première fois sous un tonnerre d’applaudissements, le sextet conclut sur l’autre titre-phare qu’est Everything for free.
Le rappel comptera 3 morceaux, dont 20.000 seconds exécuté à la guitare et en solo par Sarah. Le reste de la formation revient pour Another year et We are glaciers, un titre résolument marginal au vu de sa discographie. Néanmoins cette longue instrumentale teigneuse est d’une puissance magistrale. K’s Choice s’éclipse à nouveau. Le public a encore soif de la musique belge. Ainsi soit-il ! La fratrie Bettens et le claviériste investissent le devant de la scène et, dépourvu de tout artifice et de tout micro, concluent a capella la soirée avec Killing dragons. La salle écoute religieusement ses harmonies vocales qui mettent un terme à ce spectacle au cours duquel le groupe a proposé plus d’une vingtaine de titres lors de ce passage strasbourgeois. Rien que ça !
Setlist de K’s Choice
Mr Freeze
My head
Cocoon crash
Butterflies instead
If you’re not scared
Somewhere
Almost happy
Believe
Breakfast
Now is mine
Surrender
Too many happy faces
Virgin state of mind
I smoke a lot
Echo mountain
Shadowman
Resonate
Not an addict
Everything for free
Rappel 1
20.000 seconds
Another year
We are glaciers
Rappel 2
Killing dragons (a capella)
- Benoît GILBERT
Crédits photos : Benoît GILBERT