« Look son, a legend »… Les Rolling Stones, Black Sabbath ou Metallica, il y a des grands noms de l’histoire du rock qu’on se doit de voir au moins une fois dans sa vie. Cela tombe bien, Suicidal Tendencies en fait également partie et le Moloco à Audincourt nous propose une soirée avec le mythique groupe californien en before du festival Impetus. Accompagné des groupes Wendy’s Surrender et 22Below en première partie, la date affiche complet pour ce concert exceptionnel du printemps 2017.
Wendy’s Surrender se présente sur scène pour introduire la soirée avec les musiciens seuls, assénant leurs riffs dans la plus pure tradition hardcore, avant que ne surgisse Cyril, le frontman du combo bisontin. Cheveux longs et carrure de quarterback, c’est avec ses faux airs de Freddy Cricien de Madball que le leader chauffe durant une demi-heure une salle déjà bien garnie pour cette ouverture de soirée. Habitués des premières parties prestigieuses (Knuckledust, Agnostic Front, Vitamin X ou Rise of the Northstar), les cinq gaillards nous offrent un paradoxal mélange de hardcore old school et new school en étant autant influencé par Gorilla Biscuit que par Turnstile, dont on a l’exemple sur Tight Bomb. Bien qu’en étant très mobiles et généreux sur scène, il est souvent compliqué de mobiliser la foule en première partie malgré des premiers rangs plutôt réceptifs. Les plus déchaînés ne s’y seront pas trompés puisque les prestations live du groupe se bonifient avec l’expérience. Gagnant toujours plus en maturité, Wendy’s Surrender s’impose comme la valeur sûre du hardcore franc-comtois et légitime sa place au sein de la programmation du pointilleux festival Impetus. Un set court mais appréciable en préambule de cette soirée d’anthologie.
Après le petit break de changement de plateau, la scène audincourtoise fait place à 22Below, une jeune formation originaire des Pays-Bas qui suit la tournée française de la tête d’affiche. On ne va pas se mentir, le groupe formé en 2015 débarque en inconnu du public mais surtout en OVNI de cette soirée. Leur prestation confirme les échos des précédentes dates : un choix audacieux au risque de se couper d’une partie de l’auditoire, ce qui fut d’ailleurs le cas (un tiers dans la salle, un tiers à la buvette, un tiers au fumoir). En effet, leur rock alternatif sauce 90’s tranche clairement avec le reste de la soirée. Des mélodies tantôt calmes, tantôt rentre dedans qu’on aurait préféré écouter en ouverture de Pearl Jam ou d’Alice in Chains… Pas de Suicidal Tendencies. Cela n’enlève en rien la prestation agréable du groupe, porté par la voix envoûtante de leur chanteuse. Attendons le premier album à venir pour se faire une opinion.
Il est déjà passé l’heure du coucher pour les enfants les plus sages lorsque la salle devient réellement comble pour la première fois de la soirée. Une impatience palpable pour un public prêt à en découdre avec les pionniers du crossover thrash dont le dernier passage dans la région, à la Rodia, remonte en août 2011. Soudain, tout ce petit monde exulte et s’enthousiasme pour l’arrivée en scène des américains avec You cant’ bring me down en ouverture. Mike Muir est revenu à son poids de forme et cela se ressent sur scène. Le frontman traverse la scène de part en part, exécute son légendaire mouvement de bras saccadé, nous sommes donc quitte pour une prestation des plus dynamiques. Avec notamment un enchaînement War is on my head/Subliminal, si je ne m’abuse, la bande son des années 80 et 90 défile dans nos oreilles. On aurait presque une envie de regarder Retour vers le futur en rentrant chez soi, posé dans son canapé en lisant Trasher. Trêve de songe, la réalité de la soirée laisse peu de place à la rêverie, et à la vue du pit destructeur tout au long de la soirée, la nostalgie et la fureur aura envahi petits et grands. Je le confesse, j’attends particulièrement un morceau. Remémorez-vous (pour certains), vous êtes jeune, adolescent pré-pubère au début des années 2000 lorsque vous achetez le jeu Tony Hawk Pro Skater pour votre désormais antique PS1. Pour la première fois de votre vie, vous entendez quelques un des plus merveilleux morceaux punk, rock et metal US. Cyco Vision de Suicidal Tendencies en fait partie. Partie intégrante de l’éducation musicale pour quiconque baigna dans la culture skate sur fond de MTV, l’incontournable combo californien enchaîne ses morceaux cultes mêlés à certains plus récents comme l’efficace Clap like Ozzy. Avec Dave Lombardo, l’ancien batteur de Slayer derrière les fûts, le groupe agit comme un rouleau compresseur attendu et empli de souvenir la tête des nombreux spectateurs présents au Moloco.
Cette date restera sans doute gravée dans la pierre de la salle audincourtoise, toujours soucieuse d’offrir à son public des concerts d’exception, asseyant leur réputation de trimestre en trimestre avec une programmation soignée. Et puisque l’on parle de qualité, et que les hostilités viennent d’être lancées, le festival des cultures divergentes Impetus pourra s’ouvrir dans de bonnes conditions à partir du 5 mai jusqu’au 8 mai. Avant cela, rendez-vous pour les fans du genre à la Rodia de Besançon avec la venue de Dying Fetus et Hatebreed le 25 avril.
- Lucile VOLPEI
- Crédits photos : Lucile VOLPEI pour Lucile Volpei – Photographie