Après plusieurs années de pure réflexion, le projet Me And That Man voit enfin le jour en ce début d’année avec la parution de l’album Songs of Love and Death, véritable hymne d’amour au blues et au monde de la country. Mais qui se cache derrière cet énigmatique groupe, me direz-vous ? Eh bien, il s’agit d’Adam Darski -Nergal, pour les intimes-, musicien polonais bien connu du public pour son activité dans le groupe de black metal BEHEMOTH, aux côtés du rockeur britannique/polonais John Porter.
Si l’alliance de ces deux artistes peut au premier abord surprendre, l’écoute de l’album Songs of Love and Death nous pousse dans nos retranchements et nous démontre que ce n’est pas parce qu’on est catégorisé comme un artiste de musiques extrêmes qu’on ne peut pas revenir aux sources! Et pour cause, c’est bien dans un retour aux sources de la musique blues et folk que nous emmène le duo Me And That Man dans cet opus aux multiples facettes.
Lorsque Nergal a été interrogé sur le changement de rythme d’un projet à l’autre, il a répondu “With all the best art, once you have it in you, you have to release it. Otherwise, it becomes toxic and dangerous to your own system.” Comprenez que lorsque l’on possède en nous un certain art, il faut le sortir et le développer, au risque de le voir devenir toxique et dangereux pour soi-même.
Cet audacieux projet débute sur le titre My Church is Black, qui nous emmène immédiatement dans l’esprit que les deux musiciens ont voulu nous faire découvrir : il suffit de fermer les yeux pour se retrouver au coeur du Far West et d’un Western, mais avec une ambiance quelque peu sombre et lourde. Le rythme est lourd, les riffs de guitares sont grattés en harmonie avec les mélodies de l’harmonica et les lyrics sont graves.
Les influences sont variées, allant parfois d’un Nick Cave à un Johnny Cash, en passant par Leonard Cohen ou Tom Waits. La voix de Nergal est plus intime que lorsqu’il officie au coeur de Behemoth mais les lyrics restent aussi macabre, les principaux thèmes abordés sont liés à l’Enfer, Satan, la Mort et l’Amour. L’aspect anti-religieux déjà apporté au sein de Behemoth est toujours plus présent dans les titres de Me And That Man.
Des titres comme Nightride et On The Road sont entraînants, bluesy et quelque peu chargés en émotion, en témoigne la voix éraillée de Nergal. Tandis que des morceaux tels Better The Devil I Know et Cross My Heart and Hope to Die sont plus axés sur la sentimentalité des choses de la vie, avec des choeurs effectués tour à tour par des enfants puis par une jeune femme à la voix puissante !
Cependant, une parenthèse de douceur au milieu d’un monde de brutes vient nous endormir et ennuyer quelques instants notre écoute, à l’instar de l’enchaînement Of Sirens, Vampires and Lovers et Magdalene qui est plutôt fatal. Heureusement le rythme soutenu de Love & Death réveille les quelques personnes qui auraient pu s’endormir et One Day à sa suite apporte de forts accents country qui font vraiment du bien.
Songs of Love and Death est un album constitué de 13 histoires d’amour, de mort et de désespoir. L’esprit que l’on ressent à son écoute est plutôt chargé en émotion, on peut penser à une épopée de western au niveau des instrumentales, tandis que les lyrics sont plutôt sombres et lourdes. Cet opus est lourd de sens, la composition semble avoir été naturelle et sans prise de tête, la part belle ayant été faite aux instruments traditionnels du monde de la country (à savoir deux guitares sèches et quelques percussions). Tout est clair et limpide, et l’on souhaite énormément de bonheur à ce duo qui nous a fait du bien avec cet album d’une simplicité déconcertante et pleine de bonnes intentions.
- Marion ARNAL
Artiste : Me And That Man
Album : Songs of Love and Death
Label / Distribution : Cooking Vinyl
Date de sortie : 24 Mars 2017
Genre : Blues rock, indie rock
Catégorie : Album rock