Après le grand succès de Sun Structures en 2014, à la fois critique, public (tournée mondiale soldout) et commercial (cette année là, ils furent les plus gros vendeurs d’album vinyle produit par un label indépendant), le retour très attendu des jeunes anglais pour un album à nouveau produit dans le home-studio du chanteur James Bagshaw, aux sonorités très riches, arrangements complexes et au goût rétro délicieux.
Certainly, single sorti en septembre dernier, nous plonge dans l’univers des Temples. On retrouve ce son psychédélique à la croisée des sixties, parfois empruntant à l’univers de Walt Disney, une pure merveille sonore de la part de nos musiciens chevelus. « Le psychédélisme doit faire ressentir quelque chose qu’on ne peut expliquer. C’est plus un sentiment qu’un genre musical » analyse James Bagshaw dans une interview récente. C’est cette impression que l’on peut ressentir sur d’autres titres, comme All join in, titre qui aurait une bonne place dans une BO de film de science fiction, avec une batterie hypnotique puis des solos de synthé dans une ambiance à la Supertramp (période Crime of the century). A nouveau un voyage dans le temps avec (I want to be your) mirror, titre psyché-rock (voir glam par moments) dans la plus pure construction « templesienne » héritée de Sun Structures, prouvant que ces musiciens demeurent des mélodistes tout simplement doués. On révise nos classiques avec Oh the saviour, où rôde l’ombre de David Bowie rattrapé par des machines rétro, ou bien In My Pocket provoquant par instant de véritables éruptions musicales (ambiance aérienne, ruptures de ton jubilatoires) lorgnant en direction du groupe MGMT : le titre de l’album est on ne peut plus pertinent.
Born into the sunset est un single potentiellement tube de l’été et des prochains festivals, avec une mélodie tour à tour entêtante et enivrante au son des synthés ; un titre qui pourrait exprimer toute sa potentialité sur de grandes scènes l’été prochain. Une psych pop qui leur permet de se rapprocher de Tame Impala (la ressemblance de certains titres avec Currents saute aux oreilles). Ce psychédélisme crée une ambiance parfois religieuse comme sur la belle ballade How would you like to go, avec au passage l’utilisation du clavecin se glissant au cœur d’arrangements soignés. Une interrogation cependant : les introductions particulièrement soignées de titres comme Celebration ou Open air (et l’exécution de ces deux titres) seraient-elles aussi remarquables sans la voix particulière de James ? On pourrait penser que ce type de morceau sans ces arrangements et cette ambiance pourraient être de l’imposture rappelant plutôt l’Eurovision qu’un groupe rock indépendant et déjà essentiel.
Mais ce court questionnement ne résiste pas à l’écoute de la dernière partie de l’album, qui propose une joyeuse mosaïque musicale avec Mystery of pop, titre barré, hystérique et urgent, Roman God Like Man qui met quant à lui davantage la batterie en lumière sur un morceau évoquant bien l’univers du groupe, ou Strange or Be Forgotten, 2ème extrait de l’album mais qui le clôture par une mélodie imparable toujours aussi cosmique et flamboyante.
Dans cette période incertaine, où chaque jour l’offre de futur est peu réjouissante, une échappée aérienne et magique autour de guitares, de psychédélisme et d’audace est plus que jamais nécessaire. De cette joyeuse utopie musicale, nous avons trouvé les gardiens du temple.
- Julien Lagalice
Artiste : Temples
Album : Volcano
Label / Distribution : Fat Possum Records
Date de sortie : 03 mars 2017
Genre : Rock psychédélique
Catégorie : Album Rock