Dimanche après-midi, le ciel est dégagé sur le Pays de Montbéliard. Nous gagnons Sochaux et son illustre stade créé en 1931. Nous pénétrons dans l’enceinte en direction des salons du FCSM et prenons connaissance du mode d’emploi de ce dernier jour du Festival Génériq. Pendant 45 minutes, les porteurs de bracelets bleus assisteront d’abord au show de The Amazons, tandis que ceux avec des parures jaunes auront droit à celui des Holy Two. Puis mi-temps, comprendre pause pour les artistes. « On remet ça » en inversant les publics pour trois nouveaux quarts d’heure et enfin, tout le monde sera réuni dans le salon principal pour le point d’orgue de la journée, en l’occurrence la prestation des Last Train. Force est de constater que l’événement est prisé, on y croise même M. Francis Zégut. Comme quoi, le FC Sochaux attire de nouveaux publics.
Détenteur d’un bracelet bleu, je progresse dans le salon en haut à gauche, au plus proche de la petite scène dressée pour l’occasion. Se frayant un chemin à travers la foule, les 4 Anglais s’installent. Le soleil déclinant baigne cette loge et illumine le quatuor de Reading qui démarre avec le décapant single Stay with me. Le son est puissant dans ce lieu étriqué et le refrain imparable de ce morceau donne le ton. Matt Thomson, le leader à la toison rousse a belle allure et une grande assurance malgré ses traits juvéniles. Dès les premières notes, on comprend mieux le choix d’avoir conviée cette formation dans un stade tant les titres s’apparentent à des hymnes. Avec son intro propulsée à vive allure, la survoltée Ultraviolet confirme le sentiment d’être face à un groupe qui compose des tubes à la chaîne. Une écharpe du club négligemment posée sur la grosse caisse de Joe Emmet danse et tend à glisser. Les têtes se secouent tandis que la voix du chanteur se fait plus chaleureuse sur le pont. But (atteint) pour les visiteurs !
Le groupe poursuit sur sa lancée avec leur dernier né, Black Magic, servi par un riff de guitare qui traînera longtemps dans ma tête le soir-même. Elliot Briggs paraît discret derrière sa 4-cordes et peu enclin à croiser le regard du public. Néanmoins il assure pleinement son rôle avec des lignes robustes de basse qui soutiennent un ultime solo imparable. Les claviers de la version studio sont absents, n’empêche le groupe joue toutes distorsions dehors ; non, rien ne manque finalement.
La pop vitaminée aux contours punk qu’est Night driving prolonge un peu plus cette sensation d’assister à l’essor d’un band remarquable. Rayée de la setlist, Raindrops ne sera pas jouée faute de temps. La formation enchaîne alors avec Little something, dont l’intro teigneuse semble annonciatrice de déluges sonores. Ce morceau aux allures de montagnes russes est le plus violent du set. Les riffs percutants et incisifs du guitariste lead Chris Alderton associés aux hurlements de Thomson font mouche. Ce dernier finit a capella en retenant longuement le dernier mot que l’assistance entonne pour lui… Sourire du chanteur qui conclut finalement son vers et remercie le public.
In my mind est annoncé comme l’avant dernier morceau. La pièce montée de ce spectacle selon mon humble avis. Le titre déborde de puissance et la mélodie est furieusement entêtante. L’absence des claviers est perceptible pour celui qui a écouté en boucle le titre ces derniers jours (!), mais le morceau gagne en rugosité avec des distorsions monstrueuses ce soir-là. Matt crie sa rage lors des refrains avant de faire voler à plusieurs reprises en arrière sa crinière flamboyante. Les chœurs sont léchés, notamment sur le final… Où est le bouton « repeat » ?! Dommage.
Avant de se retirer, le groupe nous assène une dernière offensive avec Junk food forever, son plus vieux titre (il date tout de même de 2015 !). Une fois de plus, la mélodie est immanquable et le pont démentiel assure un final prompt à être diffusé lors d’une victoire sportive.
Sacrée claque que celle administrée pendant ces 45 premières minutes par ces 4 jeunots de la grande banlieue londonienne. La puissance mélodique sur chaque titre et le charisme du volcanique Thomson ne sont pas sans rappeler un certain Kurt et son groupe de Seattle… Bref, comparaison n’est pas raison. On a hâte de les revoir et d’entendre leur premier vrai album.
Pendant une demi-heure, l’assistance échange sur les deux prestations et se rafraîchit le temps d’un verre autour du grand bar central. Fin de la pause, on repart dans l’autre salon mais les concerts suivants connaissent un certain retard. Motif ? À travers les immenses baies vitrées des salons du stade, les spectateurs découvrent le sourire aux lèvres les groupes tapant le ballon pendant de longues minutes sur la pelouse de Bonal. L’occasion était trop belle… 18h, fin de la récréation, tout le monde est en place et la soirée se poursuit.
Nous jouons notre seconde mi-temps en compagnie du groupe Lyonnais Holy Two. C’est dans une salle pleine, que les trois magiciens de notre soirée prennent place pour nous propulser dans un voyage dans l’au-delà, à coup de riffs pêchus, beats endiablés et de voix toujours plus ensorcelantes.
C’est avec un morceau tiré de leur Premier EP, La Tal, que les portes de leur monde s’ouvrent à nous. Les voix d’Elodie et d’Hadrien se mélangent entre espagnol et anglais, sur un rythme progressif et envoûtant.
Orchid, tiré de leur EP A Lover’s Complaint nous retient en apnée, entêtante et subtile, des paroles répétitives sur des sons d’une mélancolie douce. Et comme à leur habitude de confronter avec brio des émotions contraires, ils ne nous laissent aucun répit et enchaînent avec leur morceau Undercover Girl. Une version live encore plus dynamique, ou se contraste des teintes rock et hip hop, combo plus que réussi qui conquit définitivement tout le public.
D’une force incroyable, la justesse de la voix d’Elodie, empreinte de force et de fragilité à la fois (notamment sur leur dernier morceau, Face It), nous emporte, et nous laisse démunis en jouant avec nos émotions avec habilité. On retiendra également le jeu de maître du batteur (ndlr Rémi Ferbus, batteur pour Holy Two) qui, par une prestance inégalable pose un coup de grâce à chaque morceau.
Pour un détour dans un univers tout aussi magnifique que magique, Holy Two sera en concert le 1er avril à la Rodia de Besançon.
Cette journée riche en émotion se termine avec un concert secret dans le bar VIP du Stade Bonal de Sochaux. L’identité du groupe présent avait été dévoilé deux jours auparavant, lors du match confrontant le Football Club Sochaux-Montbéliard à Laval, même si le doute n’était plus permis : c’est bien évidemment le groupe local Last Train qui a assuré la troisième mi-temps de ce match musical au coeur du stade cher à leur coeur et qui a ainsi présenté son tout nouveau set en exclusivité.
Il est 19h pétantes lorsque les quatre musiciens entrent en scène sous de chaleureux applaudissements. Deux grandes écharpes à l’effigie du club de foot de Sochaux-Montbéliard sont accrochées aux amplis et c’est tout en douceur que le set débute, avec le titre éponyme de leur premier album, Weathering. Le ton monte très vite, le public est attentif et n’hésite pas à se déhancher aux rythmes effrénés du tempo. L’assemblée est extrêmement diverse, on repère même un petit garçon de 06 ans au premier rang, portant fièrement son t-shirt de Sochaux !
Les quatre garçons sont très heureux d’être là et nous le font savoir à de nombreuses reprises. Jean-Noël Scherrer intervient souvent lors du set, pour notamment rappeler que le premier album du groupe sortira le 07 avril prochain, qu’une tournée suivra et que ce soir, ils interpréteront le nouveau set composé de nouveaux titres (ils seront au nombre de cinq).
Cold Fever est le deuxième titre interprété et il est accueilli avec grand plaisir, suivi de près par une des petites dernières compositions dévoilées au public, Way Out, disponible sur le dernier EP en date, Fragile. Le public est ravi de la prestation à laquelle il assiste, on danse, chante et applaudit chaleureusement : tout se passe pour le mieux et le concert bat son plein !
Une petite pause bien méritée s’installe alors, durant laquelle Jean-Noël fait un monologue de remerciements aux organisateurs du festival, et remercie également toutes les personnes qui ont fait que ce concert au Stade Bonal, cet endroit qui leur est cher, ai pu être possible. Julien Peultier (guitare) a droit à son quart d’heure de gloire lorsque Jean-Noël mentionne qu’il est un gros fan de foot et que c’est un rêve pour lui de jouer ici. Le public lance ainsi une ovation collective et tout le monde se sourit mutuellement, nous assistons à un grand moment d’émotion.
Un instant plus calme vient ensuite apaiser les coeurs, avec le sublime titre aérien House on the Moon : on aperçoit certains yeux se fermer et l’on s’imagine voyager ailleurs. Le tout dernier extrait dévoilé à ce jour Between Wounds relance ensuite de plus belle l’ambiance rock’n’roll avec laquelle le set avait commencé, suivie de près par One Side Road.
Enfin, une parenthèse réservée au nouvel album s’ouvre, et ce ne sont pas moins de trois nouveaux titres qui sont interprétés dans ce nouveau set : Jane, Sunday Morning Son et Time. Je ne suis pas du genre à spoiler, donc je ne vous parlerai pas de ces nouveaux morceaux aujourd’hui mais lors de la sortie de Weathering, sachez juste que ce premier album semble prometteur…! Affaire à suivre, et rendez-vous le 07 avril prochain.
Le set se termine au bout d’une heure, avec les titres Leaving You Now et le désormais culte et légendaire Fire, que l’on ne présentent plus. Comme à leur habitude, les quatre garçons s’embrassent et se prennent dans leurs bras avant de quitter la scène sous les applaudissements chaleureux d’un public conquis !
- Benoît GILBERT // Eugénie BURNIER // Marion ARNAL
- Crédits photos : Eric