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MICHAEL NAU, Mowing

Moins excentrique qu’un Devendra Banhart, moins sexy que Justin Vernon de Bon Iver, voici un artiste qui ne fait pas de bruit mais qui mérite amplement que l’on en fasse pour lui : Michael Nau. Ce barbu est d’abord le chanteur et gratteux de Cotton Jones, formation folk du Maryland. Après 4 EP et 4 albums, le natif des Appalaches se lance en solo en parcourant son immense pays. Si vous êtes peu enclin(s) à apprécier l’indie folk, Mowing est une excellente thérapie. Voyage en utopie contemplative avec ces 12 titres au pouvoir de séduction sans pareil.

 

Un album qui avance à petits pas …

Initialement sorti en février 2016, ce disque est passé inaperçu. Distribué par un petit label, Suicide Squeeze, et avec un total de seulement 100 copies (selon les manifestants…), difficile d’être visible ; les potes et les fans de Cotton Jones sont au courant. Allez, ne soyons pas vache, tout le Maryland. Tâche d’autant plus dure que d’exister dans un univers musical dominé par des artistes mastodontes. En septembre, deux pointures ont effectué leur livraison : Bon Iver avec son redoutable 22, A million et bien sûr Devendra Banhart avec son loufoque Ape in Pink Marble. C’est en Europe, sur un label indépendant distribué par PIAS, que l’homme est réapparu durant l’automne. Encore une fois, les critiques demeurent confidentielles.

 

…  grâce à des mélodies redoutables …

Alors pourquoi s’extasier devant un LP qui présente ici et là du souffle, des bruits parasites, des craquements (So, so long) et même des sonorités cradingues et saturées (Mow, Unwound, In There) ? Tout simplement parce que l’album est génial! En bons communicants, soyons directifs : commencez par Love survive et Smooth aisles et vous aurez tout compris. Après quoi, remettez la piste 1… Love survive, est un titre pop génial, gorgé de groove, avec en tête ce piano réverbéré et son riff très 70’s. La seconde, Smooth aisles, est le bijou de l’album. Voix mélodieuses, claviers cotonneux, … Bon voyage au cœur des 60’s et du mouvement hippie. Avec ses percussions boisées, on flirte avec Devendra Banhart. Légèreté, décontraction et oisiveté de rigueur dans un décor de plage à la tombée de la nuit. Épaulé par sa claviériste de femme, Whitney Mac Graw, qui mêle élégamment sa voix à celle de M. en guise de chœurs imparables (Love survive), Michael distille une folk simple mais magique, teintée de pop aux saveurs beatlesiennes et country (Your jewel, So, so long, Maralou, Unwound).

 

… et invitant à rêverie.

Mowing est un album semblable à une excellente soirée entre amis, à un moment en famille au coin du feu. (Que dire de plus au regard une pochette de disque immortalisant la complicité entre un père et son fils autour d’une guitare ?) Véritable lâcher-prise, cet effort est une résurgence hippie. Entre sonorités aquatiques (Your jewel, Good moon, The Glass) et ambiance bucolique (While you stand), on est spectateur du voyage effectué pendant la réalisation de ce LP au fil des Etats-Unis. Les imperfections citées plus haut trahissent des enregistrements dans une chambre de motel. Nau est un hippie à l’ancienne qui prend son temps, qui effleure sa guitare, qui la caresse même. Cette communion entre l’artiste et l’instrument est gage de fluidité et de feeling. Ces mélodies typées 60’s et 70’s, composées sur des grattes cheaps du même millésime, auxquelles s’agrège un clavier dispersant des sons brillants, voire kitschs (on pense à La Croisière s’amuse sur The Glass) génèrent un bien-être non feint et des souvenirs de dessins animés enfantins avec des torrents d’étoiles (Maralou). On finit même par observer avec détachement le naufrage du Titanic avec l’hawaïenne In There, qui oppose au début une ligne de basse joueuse à un triste ensemble de cordes interprétant une mélodie du XIXe siècle devenue illustre et religieuse, Nearer, My God, to Thee… Malgré les quelques mots d’un haut-parleur, on demeure passif, conscient que c’est bientôt la fin. Tristesse et nostalgie sont parfois des sentiments qui tombent à point nommé.

 

Dans un ailleurs familier et vintage, Michael Nau nous balade en compagnie de Madame. On est sur la banquette arrière d’une voiture passée d’âge, piquée par endroits, mais que personne n’oserait abandonner. Mowing est une parenthèse enchantée de trois quarts d’heure, une fenêtre ouverte sur un monde fantasmé, sans stress, rayonnant et contemplatif (on pense aussi à Ray Lamontagne ou à l’ex-Pulp Richard Hawley). Un éphémère vagabondage en territoires hippies où la langueur est reine. Un album qui devrait être librement distribué par la Sécu.

  • Benoît GILBERT

Artiste : MICHAEL NAU
Album : Mowing
Label/distribution : Full Time Hobby / PIAS
Date de sortie : 18/11/2016
Genre : indie folk / pop
Catégorie : Album rock

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