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INTERVIEW : PETER HARPER

Mardi soir, nous avons pu rencontrer Peter Harper juste avant son concert aux Passagers du Zinc à Besançon. Retour sur l’entrevue avec le talentueux musicien soul folk californien, plus jeune frère de la fratrie Harper (Ben étant l’ainé).

Salut Peter, comment vas-tu ?

Super ! C’est la première fois que je viens à Besançon.

As-tu eu le temps de visiter un peu la ville ?

Non pas encore, on s’est garés et je suis de suite venu faire ma balance. Mais sûrement demain matin.

Peux-tu nous expliquer comment s’est passé la composition et l’enregistrement de ton opus ?

Je touche un peu à tout. Concernant la composition, j’écris parfois les paroles en premier et des fois c’est plutôt la musique qui me vient, d’autres fois encore, c’est les deux en même temps. Ça dépend vraiment des morceaux, certains sortent assez facilement tandis que je dois me faire violence pour d’autres.

Pour l’enregistrement de ces morceaux, mon parti pris est de laisser la place au technicien studio qui est réellement important. Il est engagé et doit être capable d’écouter, de comprendre tes morceaux et ainsi les transformer sur une bande. L’importance du technicien son est également de mise en live. Mais en studio, ça demande plus de flexibilité.
Le studio, je l’imagine comme un grand espace de liberté où je peux superposer mes voix, faire plein de choses incroyables, mais j’aime quand ça reste pur et sans artifice ou gadget.

Pour nos lecteurs qui ne peuvent pas se déplacer ce soir, peux-tu nous définir ton son ?

J’aime penser que mes influences naviguent entre la soul des années 60 et la folk moderne. Tu rassemble ces deux pans et ça donne ce que je joue.

J’avoue être assez intrigué par ta guitare, il s’agit d’une ténor (guitare à 4 cordes) ?

C’est ça ! C’est une guitare Ténor à 4 cordes. Cette guitare a été fabriqué en 1935 par une entreprise du nom de Bacon and Day. Ils en produisent à nouveau de nos jours mais pas comme celle-ci. Ces guitares étaient très populaires dans les années 30, jusqu’à 1945 où la guitare devenait de plus en plus populaire. Tout le monde se jetait sur ce nouvel instrument qui pouvait se brancher et projeter un son a travers des amplis. Les musiciens qui jouaient du banjo se sont alors inquiétés car les groupes recrutaient des guitaristes et de moins en moins de banjoïstes. Une entreprise de guitare a exploité le filon est a créé cette guitare Ténor. Tout ce que tu peux jouer au banjo peut se jouer sur cette guitare. Je voulais un son profond et je suis tombé amoureux de cette guitare et de ses sonorités quasi instantanément.

Tu utilises des pédales d’effets ?

Non, j’ai une DI avec quelques effets mais je ne les utilise pas. Je laisse le technicien son de la salle gérer. Tu sais, dans chaque salle où tu vas, je vois des artistes viennent avec leur propre technicien son, mais je préfère faire confiance aux résidents qui connaissent mieux la salle que moi. J’ai fais quelques concerts sur lesquels j’ai utilisé des effets, c’était marrant. Je ne suis pas contre les effets mais je préfère rester neutre en live et me concentrer sur l’essence même de ma musique.

C’est le cas en studio également ?

Exactement, j’aime que le studio reste de la musique live. Je préfère chercher l’instrument qui me prodiguera le son que je cherche retranscrire plutôt que de bidouiller avec des machines pour arriver a ce résultat. Je sais qu’aujourd’hui il y a tellement d’effets possibles et qu’ils sont de mieux en mieux, ça en devient même trop facile… Je suis peut-être un peu trop old school mais j’aime enregistrer mon instrument et avoir le véritable son de l’instrument.

Si tu avais carte blanche pour programmer un concert avec 5 artistes, qui choisirais-tu ?

Wow c’est trop (rires). À part ma famille, car un show détonnant serait de jouer avec ma mère et mes frères Ben et Joe. Si j’exclue cette possibilité, j’adore Ray LaMontagne en ce moment. First Aid Kid, leurs harmonies vocales sont incroyable. City and Colour, c’est un groupe canadien. C’est phénoménal, il faut que tu ailles écouter.
Ben Howard et surtout Damien Rice !

Quel est le côté le plus dur dans ta vie de musicien ?

Bonne question.. Je me sens tellement chanceux de pouvoir venir en Europe, jouer autant de concerts, 27 exactement. On voyage partout et je suis tellement heureux de pouvoir le faire. Je n’aime pas me plaindre car je pourrais être derrière un bureau à taper toute la journée, je pourrais avoir mal aux poignets, au dos….

Il y a des côtés qui peuvent être difficiles, mais le plaisir de jouer surpasse tout. Et chaque métier à ses côtés difficiles.

Tu préfères composer ou jouer en live ?

Les deux ! C’est tellement complémentaire, un peu comme si tu me demandais si je préfère telle ou telle face d’une pièce. Tu as besoin des deux.

Et préfères-tu jouer dans des lieux intimistes ou dans des grands espaces comme des festivals par exemple ?

Je n’ai pas réellement de préférences, ce que je préfère, c’est jouer devant un public qui est curieux et qui est là pour m’écouter. S’il n’y a que 10 personnes dans la salle qui  prennent du plaisir a écouter ma musique, c’est mille fois mieux que d’être sur scène devant 1 000 personnes qui ne font que passer sans vraiment porter attention a ton live.

Est-ce que ton procédé créatif est le même quand tu sculptes ou quand tu joues de la musique ?

Très bonne question ! Quand j’écris de la musique, je ressens la même chose que lorsque je suis en train de sculpter. Jouer un concert, c’est le même ressenti que faire une exposition. Tu vois le truc.

Le fait que tu sois le frère de Ben Harper doit revenir dans toutes les conversations. Comment vis-tu le fait d’être en quelque sorte dans son sillage ?

C’est drôle car quand les gens me voient, ils pensent que je vis dans son ombre mais je ne l’imagine pas du tout comme tel. C’est mon frère, quand il sort un album, je ne suis plus son frère mais avant tout un fan. J’adore sa musique, il est tellement bon. J’écoute ses albums avant tout le monde, c’est excitant ! Et quand c’est moi qui sort un album, il a la même réaction. Nous ne sommes pas en compétition. On a le même objectif, écrire ce qu’on ressent et le partager au plus grand nombre. Il ne pense pas « je vais donner plus d’amour aux gens que toi »(rires) et moi c’est pareil. On est ensemble pour rendre ce monde meilleur à travers la musique.

Comment on grandit dans la famille Harper ?

Lorsqu’on grandit dans un environnement où tout le monde joue de la musique, on prend du temps a réaliser que ce n’est pas le cas de tous. J’avais de la musique partout où j’allais, tout le temps.

D’où vient l’engagement de ta famille pour l’environnement ?

J’ai grandi avec mes grands-parents qui aidaient ceux qui en avait besoin. N’importe qui, n’importe quand, peu importait. Lorsqu’une personne arrivait dans le magasin de mon grand-père, ça lui arrivait de passer la journée à discuter avec car cette personne avait juste besoin de parler. J’ai appris a respecter, que ce soit les personnes ou le monde dans lequel je vis. Je trouve ça normal d’en faire autant et de m’investir à mon échelle. Je pense qu’on partage tous le monde dans lequel on vit. On ne le détient pas. Et il faut le respecter pour nos prochains. Surtout dans ce monde capitaliste ou l’objectif est de prendre le plus possible, constamment…

Je change de sujet maintenant, qu’est ce que tu penses des tes concerts en France ?

Oh, j’aime la France, j’adore votre pays. (en français).

Les gens sont tellement  touchants et gentils ici. Ils m’apportent un énorme soutient, bien plus que partout ailleurs où je suis allé.

Quelle est la suite pour toi ?

Je vais terminer la tournée avec un dernier concert a Bordeaux puis mon second album sortira en avril.  Je retournerai sur les routes cet été avec un groupe.

Est-ce que penses a la réaction de ton public lorsque tu écris ou sort des morceaux ?

Non, je n’y pense pas car on ne peut pas plaire a tout le monde. Si je suis fier du morceau que je viens de composer, je le sors. Sinon, je l’abandonne.
Et pour pouvoir faire une tournée avec autant de dates, de pays en pays, il faut aimer ses morceaux. Je n’imagine même pas la sensation que ça doit être de tourner en n’aimant pas ou plus son répertoire.

Merci beaucoup Peter !

Merci à toi d’être venu, merci a tes lecteurs qui liront cette interview.

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