Presqu’un an jour pour jour s’est écoulé depuis la sortie de l’EP « Repressed Semantics », déjà fortement acclamé par la presse à l’époque. Le trio britannique Tigercub revient cette année avec un album à facettes multiples : Abstract Figures in the Dark. Un titre plutôt sombre pour cet opus dynamique qui s’acharne à superposer les registres musicaux, rendant toujours aussi compliquée la tâche d’étiqueter le genre du groupe.
Ce qui plaît généralement chez Tigercub, c’est le côté gras et sans prétention de leur rock qui tâche. Avec leurs clips homemade déjantés, on a plus l’impression d’avoir à faire à une bande de potes qu’à un groupe qui se prendrait trop au sérieux. Et finalement, est-ce que ce n’est pas de cela qu’on parle lorsqu’on évoque « un groupe rock’n’roll » ?
On avait déjà été marqués par la présence de styles assez divers en écoutant Centrefold, Destroy ou encore Pictures of You. Abstract Figures in the Dark n’échappe pas du tout à cette règle qui semble aujourd’hui faire l’essence du groupe. Les différentes influences de James, Jamie et Jimi se confondent avec un certain équilibre : on passe aisément de moments grunge et bourrins à la sauce stoner à des moments plus doux et repentis.
L’album débute avec le morceau Burning Effigies, par une introduction qui rappelle énormément celles du groupe islandais Solstafîr. Puis, progressivement la voix grésillante du chanteur vient se calquer sur un fond rock plus lourd et impactant.
Memory Boy et Omen se succèdent, l’un rappelant le genre garage, l’autre s’affirmant par un chant plus clair et travaillé qui fait parfois presque écho à la voix de Trent Reznor (Nine Inch Nails).
Mais lorsqu’on arrive à Migraine, l’ambiance se fait volontairement plus bruyante et déséquilibrée. Le chant s’associe à des cris un peu moins maîtrisés qui dérèglent les rythmes au travers d’une atmosphère psychotisante.
Après un interlude de quelques secondes bien mérité, on repart sur des morceaux plus contrôlés, mélodiques et moins tonitruants. Mais toujours alimentés par un son bien trempé aboutissant à des solos efficaces (particulièrement celui de Control).
On arrive au titre Serial Killer – petit coup de cœur personnel- qui s’impose par un jeu plus fuzzy, distordu et sensualisé.
Je dois avouer que les trois derniers morceaux qui clôturent cet album m’ont malheureusement laissé un peu plus perplexe. By Design suit un rythme plutôt mou sur lequel s’enfonce un peu trop la voix de Jamie, bien que l’instrumental soit plaisant. De son côté, Black Tides, dernier morceau, se base majoritairement sur trois minutes de claquements de mains rythmés, un peu à la manière de We will rock you, ce qui peut avoir un aspect redondant et fait traîner la progression du morceau, qui aurait pu être plus intéressant s’il était composé de plusieurs variations.
Néanmoins avec les douze morceaux qui composent les figures abstraites de cet opus, Tigercub persévère à nous faire headbanguer et à satisfaire les amateurs de guitares au son gras. En abordant des thèmes extrêmement divers et en jouant sur des registres diversifiés, les britanniques s’affirment toujours plus dans un genre diffus qui est finalement le leur. Au-delà d’une compilation d’influences musicales, cet opus marque bel et bien la personnalité du groupe qu’on arrivera jamais vraiment à ranger dans une case.
- Mickaël
Artiste : Tigercub
Album : Abstract Figures in the Dark
Label / Distribution : Alcopop!
Date de sortie : 11 novembre 2016
Genre : rock
Catégorie : album rock