Ce mercredi 23 Novembre dernier avait lieu au Marché Gare de Lyon un concert des plus exaltants. Les québécois déjantés de Duchess Says se produisaient en compagnie de l’excellent groupe synthpunk Le Prince Harry venu tout droit de Liège. Les amateurs de post punk ont été conquis par ce show à l’énergie purgative où Annie-Claude Deschênes s’affirme une fois de plus comme une performeuse à part entière bien que cette dernière s’en défende humblement.
Le Prince Harry et Duchess Says. Deux groupes qu’on a découverts au Passagers du Zinc à Besançon à deux ans d’intervalle. Deux concerts électriques et captivants qui ont marqué un grand nombre des spectateurs présents. C’était donc avec une grande excitation que nous nous sommes déplacés pour les revoir ainsi que pour découvrir le Marché Gare de Lyon dont les capacités d’accueil sont trois fois plus grandes (300 personnes) que celles du café concert bisontin. A noter que cette salle minimale et conviviale nous offre une programmation inspirée et éclectique (Electric Electric, Melt Banana ou encore Anton Serra rien qu’au mois de Novembre).
Adepte du sur place stoïque s’abstenir. Le Prince Harry arrive sur scène pour la première partie. Le duo liégeois offre une coldwave énergique qui prend aux tripes et aux jambes et transforme le public à peine arrivé en foule survitaminée. Les morceaux cathartiques aux paroles répétitives provoquent l’euphorie générale chez les spectateurs déjà très présents dès le début de soirée. Mention spéciale pour le morceau Chemistry aux guitares dissonantes et aux paroles décalées. Un set efficace mais un peu court mentionnent certains spectateurs qui auraient souhaité continuer à se défouler au son du synthé.
Suite de la soirée avec Duchess Says. Adepte du chemisier blanc s’abstenir. Le quatuor québécois entre en scène devant une salle bondée pour un concert qui s’annonce sportif. Au programme, l’interprétation du dernier excellent album Sciences Nouvelles ponctuée de titres hallucinants qui ont marqué la carrière du groupe. On pense tout d’abord au déjanté Tenen non neu qui suit les très belles introductions Inertia et Inertia II de leur dernier opus. Claque énorme pour le très attendu I Repeat Myself, morceau pop et synthpunk au potentiel tubesque. Conclusion grinçante et nébuleuse avec La Friche et Gainsbourg après un rappel de l’auditoire.
On ne peut réduire un set de Duchess Says à la simple interprétation de morceaux tant Annie-Claude Deschênes, proche de son public, transmet une énergie azimutée. Ce qu’elle définit elle-même comme « niaiseries » crée de véritables phénomènes de foules qui entrent en transe et participent au show. On a donc fait l’expérience d’une petite douche à la bière qui requinque après une danse frénétique du public invité sur scène. On a aussi partagé nos salives autour de la même boisson à l’aloé verra tout en portant la chanteuse, fervente pratiquante du slam. On notera en évènement marquant l’adoubement sur scène d’un de leur fidèle admirateur devenu membre de l’église de la perruche (The Church of the Budgerigars) revêtant une toge en hommage à la perruche et agité de gestes religieux pour nous convertir à ce grand délire joyeux et généralisé.
Il est évident que si vous étiez venu tout beau, tout propre, vous y avez laissé quelques plumes vestimentairement parlant. Rien d’étonnant non plus si vos cheveux dégoulinent de sueur (et de bière au passage !). On sort du Marché Gare à la fois vidé et rempli d’une euphorie communicative, content d’avoir accepté cette invitation à la fête et de s’être laissé aller à une absence de rationalisation. Une soirée marquante, l’un des meilleurs concerts vu en 2016.
-Solène Barbier
Crédits photos : Gilles Garigos
