La Pias Nite du 26 Octobre marquait le premier passage en France du duo incandescent et touchant Fil Bo Riva (au chant) et Felix Remm (à la guitare). Nous avons eu l’occasion de les rencontrer juste avant leur premier bain parisien.
Sensation Rock : Peux-tu nous parler de ton projet musical ? Comment le définirais-tu ?
Fil – Comment peut-on décrire ce projet… En fait c’est la première fois que quelqu’un me pose la question, la plupart du temps on ne me demande pas comment je le définirais. Mais je m’attendais à devoir y répondre, donc je pense que la réponse est : tu peux le définir comme tu le veux !
Felix – C’est toujours la bonne réponse.
Fil – Il y a plusieurs années, j’avais déjà le nom et quelques chansons, puis nous nous sommes rencontré et on a développé ça ensemble. Ça a commencé comme un projet solo, puis ça s’est transformé en duo, en collaboration musicale. Parfois on travaille avec un producteur mais la plupart du temps c’est moi tout seul, ou Felix tout seul, donc je ne sais pas… Peut-être un projet solo mué en projet commun. C’est la manière la plus simple de le qualifier.
Felix – Ce n’est pas un groupe classique, parce que nous ne sommes que deux, et pour ce qu’il vient de dire aussi.
Fil – Et à propos du nom…
Felix – Le nom provient de morceaux de son vrai nom.
Fil – Des morceaux de Filippo Bonamicci mis ensemble, et c’est plus court.
Il y a quelque chose de très touchant, sensible dans ton travail. D’où cela vient-il ?
Fil – Probablement de mes expériences… ça provient des expériences que tu fais, mais aussi de la manière dont tu essaies de t’exprimer naturellement. A chaque fois que j’écris une chanson tout seul et que je viens en studio avec une idée, c’est toujours quelque chose de triste. Quand on écrit des choses tous les deux, la plupart du temps c’est triste aussi, donc on est peut-être juste des personnes tristes et déprimées. Et il pleut toujours à Berlin, alors c’est peut-être un mélange de tout ça : on est des gens moches et dépressifs vivant dans une ville moche, avec d’horribles ex-petites amies.
Pourquoi avoir choisi le titre If you’re right, it’s alright pour cet EP ?
Fil – If you’re right, it’s alright était aussi un titre que j’imaginais pour une chanson au début, ou pour les paroles d’une chanson. J’avais un cahier avec plein d’infos, de lettres, de chansons, et j’ai essayé d’en tirer ce que je voulais exprimer dans mes chansons, ce qu’on voulait en faire ressortir. C’est à propos de la manière dont quelqu’un te considère dans une relation, donc If you’re right, it’s alright (« Si tu vas bien, tout va bien ») peut vouloir dire plein de choses. La signification la plus directe pourrait être « Si tu as fait ce que tu as fait, je n’en ai rien à foutre, ça me va. » Très direct.
Felix – On l’a choisi parce que c’était lié aux chansons, on l’a tiré d’une chanson et on s’est dit que ce serait bien d’en faire le titre de l’EP.
La chanson Like Eye Did est comme une sorte de symphonie avec différentes émotions, différentes humeurs. Peut-on dire qu’écrire et interpréter tes propres chansons est une thérapie ?
Fil – Oui, c’est sûr. Toutes les chansons écrites pour cet EP ont été le point de départ d’une thérapie, c’était un passage obligé… Je ne sais pas si les nouvelles chansons le sont aussi. Sûrement, mais pas autant que les anciennes. Je pense que tous les musiciens peuvent dire ça… Surtout à propos des premiers titres à sortir, quelque chose te pousse à produire une chanson, c’est en général difficile ou triste, genre « Je vais faire ça maintenant, je me sentirai peut-être mieux après ».
On peut entendre de nombreuses influences dans tes chansons, parfois pop et parfois blues… quelles sont tes principales inspirations ?
Fil – Il y en a beaucoup…
Felix – De la Folk.
Fil – Ouais, pas mal de Folk. Aussi de la pop-rock musique des sixties, comme les Doors, les Beatles… Enfin ce qui était considéré comme Pop à l’époque, mais plutôt comme Rock maintenant. Un peu de Soul aussi. Je pense que quand tu écris des chansons, tu as tendance à écouter et engranger plein de différents types de musiques, parce que tu veux avoir de l’inspiration provenant de plein de choses. Donc on écoute plein de trucs, de la pop au RnB, en passant par le jazz, Serge Gainsbourg…
A propos de la chanson Killer Queen, tu fais les chœurs à la fin et c’est très impressionnant… Tu es un chanteur autodidacte ?
Fil – Oui, je suis autodidacte, mais lui (Felix) a aussi appris la guitare tout seul ou presque, je l’ai fait aussi, donc… C’est juste une forme d’expression, quelque chose que tu dois traverser quand tu commences à chanter. Au début j’avais une voix plus douce, et puis j’ai commencé à crier. Parce que j’avais envie de crier sur cette personne parce qu’elle était partie, donc je l’ai transposé dans les chansons.
Ce soir est votre premier live en France. Comment vous sentez-vous ?
Fil – Super ! On a beaucoup tourné en Allemagne bien entendu, c’est pour ça qu’on va essayer de jouer dans d’autres pays en Europe. On est Allemands mais on aime bien voyager dans d’autres endroits, on est heureux de jouer en France. J’aimerais aussi jouer en Italie un jour. Enfin on l’a déjà fait, mais pouvoir le faire plus ! On aimerait bien jouer dans le sud de la France aussi, à côté de la mer.
Felix – Sur la plage !
Fil – Avec un superbe temps.
Quel festival ou salle de concert rêvez-vous de faire ?
Fil – On pense à la même chose je crois.
Felix – Je dirai Le Red Rocks. C’est un ancien amphithéâtre, en plein air, et c’est magnifique… Ce lieu est l’un des meilleurs.
Fil – Je dirais la même chose, et la seconde serait un vieil opéra, avec tous les balcons. Là où Pavarotti chantait. L’acoustique est tellement bonne, et tu sens tout le monde te regarder, tu es tout seul, debout en plein milieu.
Avez-vous des festivals prévus pour cet été ?
Fil – Quelques-uns ont été confirmés, mais je ne sais pas vraiment lesquels… En fait on ne peut pas le dire avant Janvier je crois. On pourra le dire dans quelques temps !
La dernière question était à propos de toutes les langues que tu parles, parce que tu as beaucoup voyagé… Vous pouvez dire quelques mots en français ?
Fil – En Français… Juste un petit peu. Du français scolaire, pour nous deux. On peut dire des trucs simples comme…
Felix – « Je suis Arthur le Perroquet » : c’est tout ce dont je me souviens de l’école !
Fil – Ouais, des trucs simples comme « Je suis Monsieur Felix »
Felix – « Je m’appelle », pas « je suis ».
Fil – Ouais ok… Des trucs très basiques, pas plus. Je pense que c’est plus facile à comprendre ou à écouter qu’à parler. C’est beaucoup plus dur à parler…
Felix – C’est super rapide. Pour moi.
Fil – Ce n’est pas que c’est très rapide, c’est… tout collé. L’italien est similaire, mais le français est plus un mélange de mots. Je ne peux pas parler français, lui (Felix) non plus, donc c’est un échec.
Vous connaissez des chansons françaises ?
Fil – (Fredonne La Vie en Rose)… Zaz aussi (fredonnent l’air tous les deux)
Felix – Edith Piaf…
Fil – Serge Gainsbourg !
Felix – Daft Punk.
Fil – Ouais Daft Punk ! Phoenix, plein de bons groupes… Ils ne chantent pas en français, mais ils sont cool.
- Noémie
Crédits photos: Fiona Laughton
