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GRAND BLANC + JESSICA 93, vendredi 14 octobre, Echo System, Scey-sur-Saône (70)

C’est sous une nuit brumeuse que nous parcourons les routes sinueuses menant à Echo System, salle de concert implantant les musiques actuelles en Haute-Saône, gérée par l’association Au Coin de l’Oreille.

Il y a bientôt un an, le 4 novembre 2015, nous avions assisté à une soirée balayant le spectre du post-punk avec le californien implanté à Berlin de The Soft Moon, ainsi que Jessica 93, une soirée qui avait été malmenée par des coupures de sons et nous avait laissé un goût amer de frustration.

On retrouve donc un an plus tard Geoffroy Laporte pour une de ses sessions solo qui prend des airs de prouesse (il gère tout dans un système auto-suffisant fondé sur boucles et effets) et dès les premières notes d’Asylum, toutes les limites qui ont pu lui être formulées par le passé sont envolées. Le son est parfait, justement équilibré. Certains ont pu lui reprocher le côté “statique” de ses performances mais la densité du son, mêlée à une atmosphère légèrement enfumée,  transforme le minimalisme en envolées psychées dont les riffs deviennent des assauts épiques.

C’est hypnotisant, les 45 minutes d’oscillation entre basse et guitare passent très vite et se terminent dans un tonnerre de larsens.

Place ensuite à ceux qui nous disaient circuit-bender leurs synthés lorsque nous les avions rencontrés aux Eurockéennes (édition 2015). Beaucoup de chemin a été parcouru depuis le festival : ils ont pris de l’assurance, de nouveaux virages, et surtout beaucoup d’expérience.
A l’époque, les quatre messins n’avaient pas encore sorti leur album Mémoires Vives ; leur présence était plutôt renfermée sur elle-même, non pas timide mais certainement craintive et peu disposée à communiquer avec le public. Cette fois, ils irradient de confiance et de maîtrise – un point que l’on constate notamment au niveau du chant et des dialogues aux transitions ciselées entre Camille et Benoît, respectivement au clavier et à la guitare.
Ils attaquent l’ouverture sur des compositions issues de leur premier Ep (en 2014), Degré Zéro, l’insidieux Homme-Serpent ; puis lancent les morceaux issus de leur album, montant à chaque fois d’un niveau en intensité.

Le changement a également creusé son sillon au coeur de l’identité sonore du groupe : maintenant, leur palette est plus percusive, plus déterminée, plus électronique, même si chacun conserve son instrument de prédilection (synthé, basse, guitare et batterie mi-électronique mi-accoustique). Pourtant, cette musique puissante n’écrase pas les textes mais les sert, les met en avant. Ils ont cette capacité à ré-intégrer le français, à l’investir via des dictions typées (distante et semblant presque absente pour Camille, grave et autoritaire pour Benoît). Leurs textes et leurs mélodies laissent une impression de persistance auditive (est-ce là l’application sensible de ce qu’ils appellent le “dance-floor de [notre] rétine” ?).
Les abonnés absents font transparaître un groove fixé par la basse, invitation rythmique qui s’ensuit par un appel à la techno ausculté sur Verticool et s’achèvera avec Samedi la nuit avant qu’un rappel ne les fasse revenir sur scène afin de grappiller encore quelques notes et que se termine définitivement cette soirée.

Un plateau qui nous aura permis de saisir, dans les meilleures conditions d’écoute,  deux projets au plus fort de leurs capacités, et dont nous avons hâte de voir la poursuite.

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